Le Ministre des finances français se fait rentrer dedans par la communauté crypto

David Nathan
| 6 min read

Le ministre français de l’Économie, des Finances et de la Relance Bruno Lemaire provoque depuis quelques jours de nombreuses réactions négatives au sein de la communauté crypto.

Photo: capture d’écran / YouTube

À l’origine de ce courroux collectif, une interview le 18 octobre 2020 dans l’émission de la chaîne française France 3 Dimanche en politique.

Interrogé sur l’attentat de Conflans-Sainte-Honorine, l’homme politique fait un lien entre cryptomonnaies et terrorisme.

“Nous devons renforcer nos dispositifs de surveillance face au financement du terrorisme. Par exemple, les cryptomonnaies doivent être plus encadrées”, lâche-t-il comme une évidence.

Il indique au présentateur qu’il va faire des propositions au Ministre de l’intérieur et au Président de la République “pour renforcer le contrôle des flux financiers”.

Il justifie ensuite son raisonnement et accuse ouvertement les méchantes cryptomonnaies:

“Il y a aujourd’hui un problème de financement d’un certain nombre d’associations islamistes ou de réseaux islamistes sur lequel je pense que nous pouvons et nous devons mieux faire. Soyons très concrets, les cryptomonnaies, c’est-à-dire des monnaies qui n’ont pas d’existence physique… vous pouvez aller demander 150 euros dans un bar-tabac, puis 150 euros dans un autre tabac. Au bout du compte récolter une somme importante, 1 500 euros qu’une association islamiste, ou un combatant situé à l’étranger pourra retirer en liquide, à l’étranger, sans aucune trace. Les cryptomonnaies posent un vrai problème de financement du terrorisme, je le dis depuis des années, il faut que nous renforcions nos dispositifs, ce sera dans la loi.”

Malheureusement, les dires du Ministre sont incorrects. Contrairement à ce qu’il prétend, n’importe qui n’achète pas du Bitcoin dans un bureau de tabac aussi facilement qu’il achète un paquet de gentilles cigarettes. Il faut en effet au préalable se faire vérifier par la plateforme (KYC) qui vend ce genre de coupon comme Digycode ou Keplerk.

D’ailleurs, il suffit d’aller faire un tour sur le site de Keplerk par exemple pour le vérifier.

“L’identité doit être vérifiée dans le cadre du respect de la réglementation en vigueur, notamment la directive européenne relative à la lutte contre le blanchiment d’argent et le financement du terrorisme”.

Photo: capture d’écran / Keplerk

Suite à ce passage télé rempli d’approximations sur les cryptomonnaies, le Ministre a twitté lui-même l’extrait en vidéo, ce qui n’a pas manqué de déclencher une avalanche de réponses de la part de la communauté crypto (267 au moment de la rédaction) qui ne pouvait évidemment pas laisser passer ces contre-vérités et ces vieux clichés qui collent aux basques des cryptos depuis des années.

La plupart des utilisateurs qui lui ont répondu ont évoqué le fait que le blanchiment d’argent se faisait avant tout avec des moyens de paiement classiques et en complicité avec les banques. Nombreux furent les twittos à lui parler des fichiers FinCEN, ces documents qui ont fuité du Financial Crimes Enforcement Network (FinCEN) le 20 septembre 2020.

“Ces rapports portent sur plus de deux cent mille transactions financières suspectes, pour un montant de plus de deux mille milliards de dollars américains, qui ont eu lieu de 1999 à 2017 dans plusieurs établissements financiers internationaux. Les documents semblent montrer que, si les banques et le gouvernement fédéral des États-Unis disposaient de ces renseignements financiers, ils n’ont pas fait grand-chose pour mettre fin à des activités illégales, telles que le blanchiment d’argent”.

BBC News résume parfaitement la situation que cette affaire FinCEN met en lumière:

« Les plus grandes banques du monde ont permis à des criminels de déplacer de l’argent sale à travers le monde ».

Le scandale de la Banske Bank a aussi été mentionné.

“En 2018, la succursale estonienne de Danske Bank est accusée d’avoir permis à des ressortissants moldaves, russes et azéris de blanchir de l’argent sale pour un montant d’abord estimé à 8 milliards de dollars, puis réévalué à 200 milliards d’euros”.

Parmi les utilisateurs de Twitter qui ont le mieux réussi dans l’exercice de “correction du mensonge”, on peut citer Adli TAKKAL ₿ATAILLE, Président du Cercle du Coin, auteur et entrepreneur.(@AdliTB). Il s’est fendu d’un thread dont nous espérons sincèrement que Bruno Lemaire en fera la lecture.

“La majorité (plus de 99%) des traffics autour de la planète se fait en cash (les traffics en tout genre) et en monnaie électronique. (Les cols blancs, grande entreprises et banques, et le pouvoir plus généralement). TRACFIN et EUROPOL ont démontré que le traffic au sein des cryptomonnaies était minoritaires. D’autres organismes privées sont également arrivés aux mêmes conclusions.”

L’entrepreneur Cyril Paglino l’également interpelé sur le réseau de l’oiseau bleu:

Ce qui lui a valu une réponse du Ministre des Finances:

“Cher @cyrilpaglino, nous ne remettons pas en cause la fiabilité et la traçabilité de toutes les technologies de la blockchain. Mais certaines cryptomonnaies ont pu être utilisées pour faciliter des transactions frauduleuses (drogue, armes, blanchiment) de manière anonyme. Nuance.”

Décidément, il va falloir encore beaucoup de temps avant que la perception “frauduleuse” liée aux cryptomonnaies ne s’améliore, le même temps sans doute pour que le grand public se rende compte que finalement les “gentille banques” ne le sont pas tant que ça…

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