#21 Millions: le podcast francophone pour comprendre la cryptosphère

David Nathan
| 7 min read

Crédit photo: Adé Adjou

C’est très symboliquement le 15 septembre 2008, le jour de la faillite de la banque d’affaires américaine Lehman Brothers, que Grégory Raymond a eu une révélation et décide de devenir journaliste économique. “Ne comprenant pas ce qui s’apparentait à un cataclysme et n’en mesurant pas les conséquences, je me suis juré de ne plus subir cette incompréhension”, peut-on lire sur son profil LinkedIn.

Journaliste-vulgarisateur de talent, Grégory se passionne désormais pour l’actualité de la blockchain et des crypto-actifs qu’il couvre pour le magazine Capital depuis 2017, “un des phénomènes économiques, politiques et philosophiques les plus passionnants de ces dernières années”, selon lui. Depuis quelques mois, il anime #21 Millions, un podcast francophone qui raconte l’histoire du Bitcoin et de la décentralisation au grand public à travers des entretiens avec des personnalités influentes de la cryptosphère. ICO, cypherpunks, minage, applications concrètes de la blockchain, autant de thèmes qui sont abordés et expliqués simplement. Grégory Raymond a accepté d’en dire plus à Cryptonews.

Cryptonews:Comment est née l’idée de ce podcast?
Grégory Raymond: La rédaction de Capital cherchait à se développer dans les contenus audiovisuels, c’est donc assez naturellement que j’ai proposé de créer une émission de vulgarisation à propos du Bitcoin, de la blockchain et plus largement de la décentralisation numérique. Cela permet d’apporter de la profondeur à mon suivi quasi-quotidien du secteur. Dans 21 Millions, on se pose autour d’une table et on prend du temps avec un spécialiste qui nous explique un point en particulier. Je vois deux types de formats : l’un plus universitaire qui ressemblerait plus à un cours d’histoire (l’épisode sur les cypherpunks par exemple), puis un autre, un peu plus business (celui sur l’ICO par exemple).

Qui a eu l’idée de le faire?
C’est très modestement ma petite création, j’espère qu’on pourra la développer encore. J’ai plein d’idées pour la suite.

Est-ce que vous pouvez nous expliquer le titre de votre podcast, 21 Millions?
“21 millions” fait référence au nombre maximum de bitcoins qui pourront être créés. J’ai choisi ce nom pour souligner mon approche agnostique : il y a beaucoup d’idéologie dans ce secteur et j’ai comme objectif d’offrir une vision la plus neutre possible. Quoi de mieux, donc, qu’une référence au white paper de Satoshi Nakamoto, le document d’où tout est parti.

À qui s’adresse-t-il en priorité?
J’accorde beaucoup d’importance à sensibiliser le grand public. Mon but n’est pas que ces technologies s’imposent, mais je pense que la décentralisation sera l’une des prochaines grandes évolutions d’Internet. Autant que le plus grand nombre soit en mesure de le comprendre. Le problème, c’est que c’est assez complexe à appréhender. C’est donc là que le journaliste intervient : je trouve du sens à résumer de façon simple des choses compliquées. J’imagine que je n’y arrive pas à tous les coups, mais c’est à cela que j’aspire.

Comment sont choisis les thèmes et les intervenants de vos épisodes?
Au départ j’ai décortiqué des thèmes fondamentaux pour poser un cadre (la préhistoire du Bitcoin, le minage, l’ICO, etc.), mais j’essaye désormais de me rapprocher à un peu plus de l’actualité. L’épisode sur le rôle géopolitique du Bitcoin a été réalisé lors du rétablissement de l’embargo américain en Iran. Celui sur les exchanges a été publié au moment de la levée de fonds de Coinbase et de l’ICO de Blockchain.io.

Les lecteurs de Capital, leurs questions vous influencent-ils pour choisir les thèmes ?
Bien sûr, notamment via le Club du Bitcoin, le groupe de discussion que j’anime sur Facebook (environ 9000 membres). Les internautes qui me suivent sur Twitter et LinkedIn ont également pris l’habitude de me suggérer des éléments. Si des questions reviennent plusieurs fois ça m’aide à repérer une préoccupation du moment et m’indique que cela nécessite un éclairage.

Le podcast a pour ambition de raconter “l’histoire du Bitcoin et des systèmes décentralisés”. Est-ce que vous allez uniquement évoquer cette cryptomonnaie-là dans vos épisodes?
Naturellement non, mais je ne veux pas aller trop vite. Je n’ai pas envie de perdre les néophytes. Et au risque de déplaire à beaucoup, je considère qu’il y a très peu d’autres protocoles qui ont un intérêt pour le moment. En revanche, je peux vous dire qu’un épisode focalisé sur Ethereum est en préparation. Il sera abordé sous le prisme historique, mais aussi sur les évolutions de son protocole. Il devrait ainsi intéresser les débutants et les spécialistes.

Que recouvrent les “systèmes décentralisés” dont vous allez parler?
Comme je le disais précédemment, l’évolution d’Internet impliquera une part de décentralisation. C’est-à-dire que certains services fonctionneront sans autorité centrale. Il y aura certainement un jour un Uber…. sans Uber pour prendre des commissions. L’éventualité que des protocoles pourraient éliminer les intermédiaires n’agissant que pour leur propre intérêt me paraît intéressante. Cela rejoint les thèmes liés à la protection des données, à l’intelligence artificielle.

Les sujets que vous avez choisis jusque-là sont plutôt intemporels. Allez-vous traiter des sujets plus d’actualité dans les prochains épisodes?
On se rapproche un peu plus de l’actualité désormais, mais c’est vrai qu’on pourrait faire un peu plus “chaud”. C’est une des possibilités d’évolution.

Peut-on avoir un avant-goût des prochains sujets/invités de la programmation ?
J’ai bon espoir d’accueillir le directeur du programme blockchain du groupe Carrefour. L’entreprise communique beaucoup sur la blockchain, mais j’aimerais qu’on sorte un peu de la dimension marketing et qu’on donne la parole à celui qui porte vraiment le projet de traçabilité alimentaire.

Outre Soundcloud, y a-t-il d’autres façons d’écouter #21 Millions?
Le podcast est aussi disponible sur Spotify, Apple Podcast et Deezer. Une chaîne YouTube va bientôt arriver, ce qui laisse la possibilité d’imaginer des concepts en vidéo.

Si vous aviez un jour Satoshi Nakamoto comme invité, quelle serait LA question que vous lui poseriez?
Pour être franc, j’espère que ça n’arrivera jamais. L’intérêt du Bitcoin vient aussi du fait qu’il n’a pas de visage outre celui de sa communauté. Si Satoshi Nakamoto refaisait irruption, il risquerait de considérablement perturber son fonctionnement. Je suis tellement curieux de voir à quoi ressemblera Bitcoin dans 10 ou 20 ans que je préfère me tourner vers l’avenir.

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Épisode 7 – Du néant à Coinbase : la folle histoire des bourses de bitcoins (avec Pierre Noizat)