Beaxy, la plateforme d’échange de crypto-monnaies, contraint par la SEC à fermer ses portes

Pauline Eyebe
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Source : Adobe, By daniel0

Beaxy, une plateforme de trading de crypto-monnaies, vient officiellement de mettre la clé sous la porte. La Securities and Exchange Commission américaine (SEC) a en effet poursuivi la société et son fondateur, Artak Hamazaspyan. D’après un communiqué de la SEC, Beaxy est accusé d’avoir opéré une plateforme d’échange et de courtage sans enregistrement.

En outre, la SEC a aussi accusé Beaxy Digital Ltd. pour la mobilisation illégale de 8 millions de dollars en proposant un titre non enregistré avec son jeton BXY. De plus, la SEC a noté que Hamazaspyan “a détourné au moins 900 000 dollars pour un usage personnel, notamment pour s’adonner à des jeux d’argent”.

Des accusations de fraude et une absence d’enregistrement à l’origine de la chute de Beaxy

Selon la SEC, Windy Inc. avait repris la plateforme en 2019 à la suite du détournement d’argent effectué par le fondateur. De leur côté, les dirigeants Nicholas Murphy et Randolph Bay Abbott continuaient l’exploitation de Beaxy pour le trading de crypto-actifs. D’après la Commission, ces actifs ” étaient proposés et vendus en tant que valeurs mobilières “.

Ainsi, le gendarme de la bourse américaine, dans son enquête, reproche également à ces dirigeants d’avoir violé la loi sur les valeurs mobilières à travers l’exploitation d’une plateforme, d’un courtier et d’une agence de compensation non enregistrés. Pourtant, ces accusations interviennent alors que la plateforme a été décrite, l’année dernière, comme défunte dans une autre affaire de la SEC.

Comme le souligne Gurbir Grewal, le responsable de l’application de la loi à la SEC, dans un communiqué : 

” Quand une entreprise intermédiaire de crypto-monnaie concentre toutes ces prestations sous une même enseigne, comme c’est le cas de Beaxy, le risque est grand pour les investisseurs “. 

De plus, la Commission ajoute :

” En raison de la confusion des rôles et du manque d’enregistrement, Beaxy ne s’est pas conformé à la réglementation visant la protection des investisseurs, et ne l’a même pas prise en compte “.

De son côté, sur son site Internet, la plateforme a publié un communiqué indiquant la suspension de ses activités en raison de “l’environnement réglementaire incertain autour de notre activité.”

En effet, Beaxy a déclaré :

” Pendant plus de deux ans, notre engagement dans la coopération avec la Securities and Exchange Commission a été sans faille. Nous avons continuellement fourni des informations, des données et des entretiens dans le but d’aider les régulateurs dans la mesure de nos possibilités “.

Dans sa déclaration, la SEC ne fait pas mention d’un accord conclu devant un tribunal fédéral entre Beaxy et Windy et les personnes associées à cette société. 

Mais selon cet accord, les clients devaient récupérer tous leurs actifs et les jetons BXY en possession de Windy devaient être “détruits”. Toujours selon la SEC, Beaxy Digital et Hamazaspyan font l’objet de poursuites judiciaires.

Quant aux clients de la plateforme, ils pourront procéder au retrait de leurs actifs dans les 24 heures suivant l’annulation de tous les ordres des utilisateurs et la vérification des soldes. La SEC les encourage à retirer leurs actifs dans les 30 jours suivant l’opération.

Quelle sera la prochaine plateforme de crypto-monnaie à fermer ses portes ?

Si le plan d’action de la SEC est clair et consiste à restreindre les activités des plateformes de crypto, les spéculations vont bon train quant à la prochaine plateforme qui sera frappée. En effet, le gendarme de la bourse américaine ne cesse de multiplier les actions en justice contre les acteurs majeurs du secteur des cryptos.

Depuis l’effondrement de FTX, plusieurs plateformes de crypto reçoivent régulièrement, soit des “Wells notice”, soit des amendes des régulateurs américains. C’est le cas de Binance pour l’émission du stablecoin BUSD, c’est aussi le cas pour Kraken pour son programme de staking.

C’est également le cas de Coinbase qui plaide actuellement auprès de la SEC afin que celle-ci reconsidère sa position quant au staking de crypto. 

En effet, Coinbase a déposé une pétition auprès de la Commission dans laquelle elle explique à la SEC que considérer le staking comme une valeur mobilière est une erreur de jugement.

La plateforme de crypto explique par ailleurs dans sa pétition que considérer le staking comme un investissement est une erreur. Pour soutenir son argumentaire, la plateforme s’en réfère à précédents historiques qui prouvent que le staking n’est pas un investissement.

Quelques raisons justifiant l’acharnement de la SEC envers les plateformes de crypto-monnaies

La SEC souhaite à tout prix réglementer le secteur des crypto-monnaies. Au-delà de cette raison, la Commission souhaite aussi éviter un nouvel effondrement comme celui de FTX qui a entraîné une grave crise financière.

Par ailleurs, en plus de ne pas vouloir la diffusion à grande échelle des cryptos, les régulateurs américains ont à cœur de protéger les investisseurs qui sont généralement à la merci des entreprises de crypto.

Ainsi, pour les autorités américaines, la crypto-monnaie est un secteur risqué, voire dangereux, car il échappe encore à leur contrôle. De plus, ses incidences sur la finance traditionnelle sont à craindre et cela peut s’observer avec la crise bancaire mondiale actuelle. 

Si celle-ci n’est pas forcément le fait des cryptos, plusieurs voix s’élèvent pour accuser ce secteur et appellent à plus de réglementation. Les prochains mois seront donc cruciaux pour les plateformes de crypto-monnaie et pour ce secteur en général.