#Bitcoin10ans: Conversations avec Satoshi

Isabelle Mercier
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Le bitcoin célèbre cette semaine ses 10 ans!

On ne lui connait qu’un parent, un certain Satoshi Nakamoto, un papa plutôt discret, pour ne pas dire mystérieux, dont on ne connait que le nom (qui n’est d’ailleurs peut-être qu’un pseudonyme). S’agit-il d’un seul informaticien? D’une informaticienne? D’un groupe d’informaticiens ou, pourquoi pas, d’une entité extraterrestre? Va savoir!

Satoshi a disparu en restant anonyme, et Cryptonews a interviewé certaines des personnalités les plus influentes de la cryptosphère pour savoir ce qu’elles diraient ou demanderaient à Satoshi, si elles le pouvaient.

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Pour William Bourget, Fondateur du mouvement Cryptonomic, «Je lui dirais merci, t’es un génie!. Non seulement, il a créé une technologie qui va bouleverser notre économie mondiale d’ici quelques années. Mais il m’a aussi permis de me découvrir une véritable passion pour cet écosystème et ça je lui dois entièrement. Je crois que Satoshi Nakamoto est un des plus grands innovateurs que le monde ait connu et nous en sommes encore aux premiers balbutiements d’une innovation monstre. Nous n’avons encore rien vu des capacités du Bitcoin. Il a créé quelque chose que personne ne peut arrêter».

Sajida Zouarhi, architecte blockchain et conférencière, propose une excellente réponse: “Si j’avais Satoshi devant moi je lui dirai de retourner se cacher avant que quelqu’un le retrouve! L’art est de cacher l’art.”

Guillaume Déziel, Stratège en culture numérique, modèles d’affaires & blockchain userait d’un peu d’humour en lui demandant “Est-ce qu’il a un trouble de personnalités multiples? Comme il paraît qu’ils sont plusieurs!”.

Martin Lalonde, président-fondateur de la firme d’investissement Rivemont Crypto : “Selon moi, Satoshi est mort. Je pense que c’est Hal Finney. Mais cela dit, à l’heure actuelle, c’est une force pour le réseau de ne pas savoir qui est le créateur du Bitcoin”.

Pour Séverine Glock, architecte logiciel chez Software Labs Groupe Renault, “Certains, je suis sûre, lui demanderaient son sexe. Personnellement, je le féliciterais pour avoir amorcé l’utilisation de la blockchain à l’échelle mondiale. La technologie BC a été conçue en 1991 mais n’a été utilisée réellement que depuis Satoshi en 2008, soit 17 ans plus tard. Satoshi représente pour moi l’impact qu’a eu l’ordinateur pour l’IA ».

Owen « Hasheur » Simonin, le YouTuber français le plus influent de la cryptosphère lui poserait une question toute simple: “Êtes-vous satisfait de ce que le Bitcoin et la blockchain sont devenus?”. Très clairement, j’aimerais bien avoir son retour sur ce qu’est devenu la blockchain aujourd’hui et quelles seraient ses solutions au sujet des problèmes du moment : scalabilité, surconsommations énergétiques, etc..

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Pour Élisabeth Préfontaine, fondatrice de Octonomics, “Je ne souhaite pas savoir qui est Satoshi Nakamoto. Il y a des raisons évidentes pour lesquelles cela doit rester ainsi. Mais si cela arrivait, je lui témoignerais une profonde gratitude d’avoir créé la politique monétaire la plus prévisible et transparente à ce jour. Une politique monétaire qui, après dix ans, opère exactement comme prévu et ce, sans pouvoir être manipulée par des individus et des politiciens corrompus. Finalement, je serais bien curieuse de savoir: à la résolution de quel(s) problème(s) son cerveau est-il passionné à présent?”.

Alexandre Delaroche, le cofondateur de Cointips lui dirait que “Parti d’une simple idée tu as créé une véritable technologie révolutionnaire qui sera utilisée par tout le monde'”.

Francis Pouliot, personnalité bien connue de la communauté crypto et PDG de Bull Bitcoin, irait avec son conseil personnel, “Je pense que Satoshi a donné trop de subventions sous forme d’inflation au tout début. Si j’avais été lui j’aurais peut-être commencé à 25 BTC par bloc, ou à 50 BTC, mais avec une décroissance moins agressive, parce qu’au cours des dix premières années, 75% des bitcoins ont déjà été minés, voir plus. J’aurais peut-être fait cela sur vingt ans, pour donner une chance à ceux qui ont découvert le bitcoin plus tard, mais qui sont quand même des early adopters, de pouvoir obtenir aussi des gros blocs de bitcoins pour moins cher”.

Nicholas Merten, plus connu sous le pseudonyme de DataDash, serait bref avec des remerciements et une question: “Merci de m’avoir donné l’espoir que la souveraineté financière du XXIe siècle puisse devenir une réalité. Êtes-vous satisfait de la direction que prend le Bitcoin?”.

Philippe Jetté, consultant principal pour le Fonds Rivemont Crypto, resterait de son côté silencieux: «Je ne dirais rien, j’écouterais! Ses écrits passés laissent croire qu’il ne défendait pas une idée à tout prix, mais au contraire qu’il avait déjà prévu des méthodes de règlement d’absence de consensus dans le développement du bitcoin. J’aimerais donc l’entendre sur les différentes évolutions passées et celles proposées, non pas pour qu’il donne raison ou tort à un groupe plutôt qu’un autre – je ne crois pas qu’il penserait en ses termes – mais plutôt pour profiter de la sagesse de celui qui a eu cette grandiose idée au départ et pour mieux porter ces différents projets dans leur direction propre pour le futur».

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Jonathan Hamel, fondateur de l’Académie Bitcoin, lui demanderait: “Je poserais la question de savoir d’où vient le 21 millions de coins, pourquoi il est arrivé à un chiffre de 21 millions?”

Sébastien Gouspillou, fondateur de Bigblock Datacenter, use pour sa part d’une note d’humour, «Satoshi, tu es un sage. La sagesse bannit l’avidité et le goût du lucre: si tu retrouves tes clés, ne dépense pas tout d’un coup… ah, j’oubliais : chapeau mec».

Françoise Gadot, alias Mamie Crypto, resterait fidèle à ses convictions et lui dirait que “Le code fait loi! Et tu as oublié de préciser que la parité chez les codeurs et dans la communauté est indispensable pour coder et avoir des consensus sans biais!”.

Grégory Raymond, journaliste du magazine Capital et animateur du podcast 21 millions, avoue que “Pour être franc, j’espère que ça n’arrivera jamais. L’intérêt du Bitcoin vient aussi du fait qu’il n’a pas de visage outre celui de sa communauté. Si Satoshi Nakamoto refaisait irruption, il risquerait de considérablement perturber son fonctionnement. Je suis tellement curieux de voir à quoi ressemblera Bitcoin dans 10 ou 20 ans que je préfère me tourner vers l’avenir”.

Enfin, pour Michael Amar, co-organisateur des CryptoMondays Paris, de la Paris Blockchain Week, et membre du conseil d’administration de Chain Accelerator, ce serait tout simplement “Qui es-tu?”

Et vous, que lui diriez-vous?