Françoise Gadot, alias Mamie Crypto

Isabelle Mercier
| 6 min read

Photo: Françoise Gadot

Françoise Gadot, consultante et formatrice certifiée RP-CFI, offre des ateliers d’initiation aux blockchains et cryptos en France, et est fondatrice du mouvement et du groupe Telegram @LesHackeuses. Ambassadrice de la cause féminine, elle a accepté de se livrer au jeu des questions / réponses avec Cryptonews.

Quand et comment êtes-vous rentrée dans le monde des cryptos?
J’avais entendu parler des blockchains il y a quelques années et en 2017, j’ai découvert le Bitcoin puis les altcoins. J’ai cherché des tutos sur internet et j’ai rapidement trouvé la chaine Youtube de Hasheur. Il a fait des vidéos d’explication pour les débutants qui sont excellentes. Ensuite, je me suis mise à suivre des comptes twitter qui donnent surtout accès à l’actualité de l’écosystème des blockchains et cryptos en continue, et je suis devenue membre de communautés sur Telegram et Discord. Selon moi, cela permet une montée en compétence réelle et une sécurité par rapport aux risques et aux escroqueries, car il y a une mise en commun des informations et des débats.

Qu’est-ce qui vous a attiré dans cet univers?
C’est qu’il ouvre sur un immense champ de possibles. Tant en ce qui concerne les projets, qu’en ce qui concerne l’apprentissage. En un ou deux mois, je me suis retrouvée à miner sur un ordinateur gamer avec une bonne GPU et à staker des coins avec des Z83. La phrase, et ce que j’ai fait, peut sembler compliqué, mais ce n’est vraiment pas grand chose pour des geeks. Je n’aurais jamais pensé que je pouvais fabriquer moi-même des coins.

Vous faites partie du mouvement @LesHackeuses, pouvez-vous nous parler de l’origine de tout cela?
L’écosystème des blockchains et cryptos est “très masculin”. Dans les communautés de cryptos généralistes sur Telegram, je me suis retrouvée à intervenir car il y avait fréquemment des atteintes à la dignité de la femme. En privé, j’ai reçu quelques messages de femmes qui m’écrivaient pour me faire part de leur admiration, me remercier et me demander de continuer. Il n’y a quasiment pas de femmes dans ces communautés, j’ai fait une estimation très rapide, et j’en ai déduit qu’il y avait environ 1 pseudo de femme pour 1000 pseudos dans ces communautés. J’ai découvert des articles sur le machisme dans les cryptos au printemps dernier, et le fait que la situation soit reconnue publiquement a été l’élément déclencheur pour moi. Je me suis dit OK, agissons !

Pouvez-vous nous en dire plus sur la communauté et à qui elle s’adresse ?
Aux femmes qui ne sont pas à l’aise avec cette culture masculine, aux battantes qui veulent se frayer un chemin dans cet écosystème, à celles qui veulent partager leur expertise, à celles qui veulent bouger les lignes en tant qu’éclaireuses pour les autres femmes quel que soit leur âge et leur condition. La stratégie du mouvement est que les femmes hackent l’écosystème des blockchains et des cryptos, qu’elles y rentrent progressivement afin de le changer de l’intérieur pour que les femmes puissent prendre leur place et ce faisant, faire évoluer les mentalités en douceur. Nous sommes un groupe féminin, par contre, la question de la présence des hommes ou non n’est pas tranchée. C’est une question récurrente pour différentes raisons, et je pense que nous n’en avons pas fini avec cette question.

Vous êtes l’initiatrice des ateliers féminins “Initiation à la Blockchain”, comment cette idée vous est-elle venue?
Les femmes sont exclues, ou s’excluent, des espaces d’apprentissage de l’écosystème pour plusieurs raisons. L’idée a donc été de commencer, à titre expérimental, par proposer aux femmes un atelier d’initiation à la blockchain. Étant consultante formatrice GADOT-Formations dans les entreprises depuis 20 ans, je suis dans mon élément pour créer des situations favorables au développement des compétences tant techniques que comportementales.

Comment est venu le sponsoring avec Orange pour ces ateliers?
C’est Carole Malbrancq qui m’a mise en contact avec Emmanuelle Jardat chez Orange. Et quand on parle de l’ancien monde et du nouveau monde, j’ai l’impression que la Direction Innovation et Responsabilité Sociétale d’Entreprise d’Orange est déjà dans le nouveau monde. Il y a cette fluidité, cette intelligence du coeur et cette ouverture d’esprit indispensables pour être acteur dans ce nouveau monde et ne pas le subir. C’est magique !

Êtes-vous satisfaite du déroulement des ateliers et du retour des femmes?
Le constat global pour les premiers ateliers est un franc succès. Les participantes ont exprimé leur surprise et leur enthousiasme par rapport à ce qu’elles avaient vécu et découvert. Manifestement, les ateliers proposés correspondent à un besoin et un espoir très forts chez les femmes. J’ai observé une montée en puissance de l’attractivité de ces ateliers à travers les témoignages des participantes et les échos enthousiastes sur les réseaux sociaux. Les ateliers ont été des moments très intéressants car c’était le début d’une nouvelle aventure pour les participantes où les femmes ont découvert un espace où elles se sentent davantage à l’aise. Les ateliers reposent principalement sur un dispositif de découverte et d’expérimentation nécessité, entre autres, par l’acculturation indispensable pour acquérir les compétences liées au numérique.

Comment voyez-vous la suite des choses après la fin des ateliers?
Me concernant, je souhaite continuer la réalisation des ateliers d’initiation proposées aux femmes et j’espère que le partenariat sera renouvelé avec Orange. Dès l’automne, à titre professionnel, je proposerai une formation de deux jours en entreprises qui permettra d’aller jusqu’au téléchargement d’une blockchain, sa sécurisation et l’utilisation de cryptomonnaie pour des transactions par les salariés. Parallèlement, je vais chercher d’autres partenaires pour disposer des moyens, locaux, matériel informatique et pédagogique, permettant de proposer gratuitement aux femmes ces formations.

Quels sont les objectifs à moyen et long terme?
Mon rêve est de créer La Maison des Hackeuses à Paris, dont je vous parlerai lors d’une prochaine occasion.

Avec plaisir ! Merci Françoise.

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