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James Zhong, l’homme qui a hacké le dark web

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Matthieu Dumas
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Matthieu Dumas est un journaliste crypto et iGaming pour Cryptonews, passionné par l'univers de la crypto-monnaie, de la technologie Web 3.0 et de l'iGaming. Son parcours académique et professionnel...

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En 2012, James Zhong, un jeune prodige de l’informatique, découvre une faille dans le code de Silk Road, le marché du dark web spécialisé dans la vente de drogues. Cette découverte lui rapporte la somme astronomique de 51 680 BTC. Pendant plus de dix ans, Jimmy mène une vie de luxe et parvient à cacher ces bitcoins, mais à force de trop dépenser, se fait attraper par le FBI qui retrouve ses BTC… dans une boite de Cheetos… Retour sur l’histoire folle de James Zhong, l’homme qui a hacké Silk Road.

Des débuts difficiles

Émigré de Chine aux États-Unis, Jimmy et sa famille ont vécu une vie difficile. À son arrestation, il expliquera qu’il était victime de harcèlement toute sa scolarité, ce qui l’a poussé vers l’informatique.

Étudiant brillant, il finit son diplôme avec les honneurs et décroche même une bourse pour aller étudier à l’université.

En 2009, alors qu’il navigue sur un forum de programmation, Jimmy tombe sur un post parlant d’une nouvelle monnaie numérique : le Bitcoin.

Grâce à ses compétences en programmation, il comprend rapidement le potentiel de cette technologie et devient l’un des premiers à miner des BTC sur son ordinateur portable.

Pourtant, il ne parvient pas tout de suite à en tirer un profit, et oublie même ses bitcoins jusqu’en 2011. À ce moment-là, leur valeur a grimpé à 30 dollars par BTC, mais Jimmy a perdu son wallet.

Passionné par la crypto, il décide de devenir un membre actif de la communauté Bitcoin. Il crée un compte sur Bitcoin Talk, sous le pseudonyme “mb300sd”, inspiré par sa voiture de rêve, la Mercedes-Benz 300 SD.

Parallèlement, Jimmy développe un intérêt pour le jeu d’argent en ligne et crée même son propre site, gagnant de l’argent grâce aux utilisateurs payants.

Mais plus important encore, il réussit à récupérer la plupart des Bitcoins qu’il avait minés en 2009. Il commence alors à organiser des fêtes chaque semaine, se « saoulant jusqu’à l’évanouissement », et cela pendant six ans.

Exploitation du code de Silk Road

En 2012, Jimmy entend parler de Silk Road, le site notoire pour le commerce de drogues dont la monnaie d’échange principale est le Bitcoin. Après avoir utilisé les services du site pendant un certain temps, il décide de retirer ses bitcoins restants de la plateforme.

Page de Silk Road

Par accident, il confirme le retrait deux fois et, à sa grande surprise, les deux transactions sont validées, lui permettant de doubler le montant de BTC reçu : il vient de découvrir une faille dans le code de Silk Road qui lui permet de retirer de l’argent un nombre illimité de fois.

Et c’est là que son histoire prend une autre tournure : le 19 septembre 2012, il dépose 500 BTC sur son compte et, après plusieurs transactions, gagne 3 000 BTC. Il comprend qu’en surveillant la blockchain, il peut saisir les Bitcoins dès que Silk Road les transfère dans le pool de retraits.

Le 24 septembre, en utilisant neuf comptes différents, il effectue plus de 140 transactions. À ce moment-là, il génère plus de 40 000 BTC.

Un utilisateur remarque les énormes transactions de Jimmy, “un des plus gros wallet BTC” sans se douter de la faille.

Quelques jours plus tard, le créateur de Silk Road, Ross Ulbricht, le contacte. Et au lieu d’exiger le retour des Bitcoin ou de le menacer, ce dernier souhaite simplement savoir comment Jimmy a fait. En guise de remerciement pour l’explication, il lui envoie même encore plus de BTC.

L’extravagance

En novembre 2012, Jimmy crée un nouveau compte sur le forum sous le pseudonyme “Loaded”. Dans son profil, il écrit : « Millionnaire en bitcoins, courtier et gestionnaire d’actifs ». Il utilise son adresse avec 40 000 BTC comme preuve.

En octobre 2013, le FBI ferme Silk Road et saisit au passage 170 000 BTC de son fondateur.

Cela ne représente qu’une petite partie des revenus de Silk Road, estimé à plus de 9 millions de Bitcoins.

Les autorités sont déterminées à retrouver les BTC restants. Commence alors un jeu de chat et de souris entre le FBI et Jimmy : si Jimmy tente de vendre ses Bitcoins sur un exchange, il y a une chance que le FBI demande à l’exchange de révéler son identité.

Il commence alors à les vendre en Peer 2 Peer avec des outils pour masquer l’origine des BTC.

En 2014, la fortune de Jimmy atteint 30 millions de dollars et il vient de terminer ses études.

Il achète alors la fameuse Mercedes-Benz de ses rêves et une maison à Athens, en Géorgie, et commence à mener une vie luxueuse : voyages à Miami, financement de vacances pour ses amis et dons à sa famille… Jimmy finance son style de vie en vendant des BTC.

En 2016, Jimmy est arrêté dans une pizzeria pour possession de cocaïne. Il reçoit une probation, mais les charges sont ensuite abandonnées.

On pourrait penser que tout cela attire l’attention de la police, mais non, Jimmy est prudent. Pendant trois ans, il ne vend pas un seul BTC venant de Silk Road.

L’investissement de trop

En 2019, Jimmy se lie d’amitié avec quelqu’un qui le convainc d’investir dans une société immobilière.

Jimmy doit financer le projet en contribuant 9,5 millions de dollars et obtenir un prêt de 32 millions de dollars pour ensuite emprunter 60 millions de dollars… Ce style de vie attire trop d’attention.

En mars 2019, Jimmy signale à la police que sa maison a été cambriolée. Le voleur aurait pris une mallette contenant environ 400 000 dollars en liquide.

L’argent n’a jamais été retrouvé, mais une telle somme en liquide suscite des soupçons auprès de l’IRS, l’agence fédérale américaine chargée de collecter les impôts.

À partir de ce moment, le gouvernement surveille de près Jimmy. Le FBI suit toutes ses transactions en Bitcoin, ce qui n’est pas difficile, car Jimmy n’a jamais utilisé de VPN.

Cependant, il est encore impossible de lier Jimmy à un des wallets de Silk Road.

La dernière erreur

Le 24 novembre 2020, Jimmy décide de réorganiser les Bitcoins pris sur Silk Road en divisant son butin en 9 wallet.

Et c’est là qu’il commet une erreur critique : il dépose une partie de son butin sur un des wallets qu’il utilisait sur Silk Road à l’époque, le liant directement avec le site.

Transactions du wallet lié a Silk Road

Moins d’un an après cette erreur, la police perquisitionne ses maisons. Lors d’une fouille dans son manoir au bord du lac, ils trouvent 700 000 dollars en liquide et 25 pièces Cassius valant 174 BTC.

Mais la découverte la plus surprenante est une boîte de popcorn Cheetos, qui contient le disque dur hébergeant tous les bitcoins de Jimmy.

Et c’est là que se termine notre histoire, Jimmy est arrêté et condamné en 2022 pour avoir « volé » 51.680 bitcoins, valant à peu près 3.4 milliards d’euros, qui provenaient de commerces illicites.

À la rédaction de cet article, ça reste le plus gros « vol » de Bitcoin de l’histoire américaine. Jimmy Zhong est condamné en avril 2023 pour 1 an et un jour de prison.

Léger certes, mais lors de son procès, son avocat a réussi à prouver qu’il avait seulement volé les bitcoins de Silk Road, jamais vendu ou acheté des produits : il était donc jugé uniquement pour fraude.

L’incroyable saga de James Zhong se termine donc dans une boîte de Cheetos. Comme quoi, même les génies du dark web peuvent se faire avoir. Moralité : gardez vos bitcoins précieusement et n’oubliez jamais votre VPN.


Sources : USA justice gov, Business Insider


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