L’économie décentralisée à la rescousse de l’hyperinflation locale

| 5 min read

Photo: www.armstrongeconomics.com

La situation économique au Venezuela s’aggrave. Depuis maintenant plusieurs années, le pays est plongé dans une crise financière historique, avec une inflation qui croît de manière exponentielle.

L’inflation démesurée

Alejandro Werner du Fond Monétaire International anticipe une inflation de 1 000 000% d’ici la fin de l’année, un chiffre difficile à contextualiser, qui nous rappelle fortement l’hyperinflation que le Zimbabwe avait connu dans les années 2000, accentuée par la crise financière des subprimes. Warner craint notamment que la situation catastrophique au Vénézuela ait des impacts négatifs sur l’économie de ses voisins, et soit l’étincelle d’un exil massif des populations.

source: tradingeconomics.com

Dans un plan de relance de dernière minute, Maduro a annoncé ce lundi une augmentation du salaire minimum de 3500%, qui sera soutenue par l’Etat si les entreprises ne détiennent pas les ressources nécessaires. Un plan qui semble bancal et insoutenable pour un Etat aux caisses vides.

Bolivar souverain et Petro

Cette augmentation du salaire minimum est cependant contrebalancée par une dévaluation de la valeur du Bolivar de 96%, ce qui en annule immédiatement les effets. La dévaluation du Bolivar instaure la création d’un nouveau Bolivar “souverain”, indexé au prix du Petro.

Le Petro est la première cryptomonnaie étatique. Le gouvernement vénézuélien avait conduit une ICO très controversée en début d’année afin de financer le projet. L’objectif visé était de lever 5 milliards de dollars, mais seulement 750 millions de dollars avaient été atteints d’après cryptocompare. Le prix de chaque PTR serait indexé sur le prix du baril de pétrole, et échangeable sur une place de marché dédiée contre l’équivalent en Bolivars.
Depuis lundi dernier, le Petro est devenu une unité de compte officielle et obligatoire au sein de la compagnie pétrolière appartenant à l’Etat. Il cohabitera avec le bolivar souverain.

5 bolivars deviennent l’équivalent de 5000 bolivars. Source: www.reddit.com

Malgré ces efforts, la confiance des Vénézuéliens envers le gouvernement est à son plus bas, à l’heure où même l’approvisionnement en eau potable à Caracas pose problème, entraînant une perte de confiance totale en la devise, et une cryptomonnaie créée et gérée par le gouvernement ne semble pas être un gage de sécurité suffisant pour les habitants.

Et effet, l’état détient une très importante quantité des PTR en circulation.

Distribution des PTR tel qu’annoncé dans le White Paper.

Pour le moment, les importateurs de pétrole refusent aussi de toucher au Petro. La question de savoir si une une cryptomonnaie centralisée peut remplir le rôle d’une cryptomonnaie décentralisée, notamment en tant que réserve de valeur, est ici posée. La confiance que les investisseurs pourront donner à une telle monnaie dépend à la fois du sous-jacent basé sur les réserves pétrolières du pays, mais aussi sur la confiance qui peut être accordée au gouvernement du Venezuela.

Le choix des réseaux de valeurs décentralisés

Malgré les efforts du gouvernement de Nicolás Maduro pour essayer de regagner la confiance de son peuple avec l’instauration du Bolivar souverain et l’utilisation de la cryptomonnaie étatique Petro, beaucoup de Vénézuéliens se tournent vers les réseaux de valeur décentralisés.

Une bon exemple est le site https://www.bitcoinvenezuela.com, créé par Randy Brito en 2011, après être tombé sur Bitcoin en navigant les forums sur internet et avoir compris en quoi la cryptomonnaie avait le pouvoir le protéger ainsi que ses proches des crises économiques et de l’inflation monétaire. Actuellement au Venezuela les actifs les plus utilisés sont Bitcoin, Ethereum, Dash et Monero.
Ces évolutions sont mal vues par le gouvernement, qui souhaite conserver le contrôle total des moyens d’échange au sein du pays. Une interdiction sur l’importation des équipements de mining a été mise en place fin mai 2018, et plusieurs arrestations de mineurs de cryptoactifs ont eu lieu.

Conlusion

En conclusion, les réseaux sociaux nous permettent d’être informés sur des situations qui nous semblent lointaines mais qui au final nous concernent tous. Un système d’échange monétaire à l’inflation programmée dans le code et résistante à toute censure comme l’a proposé Satoshi Nakamoto doit être considéré, même dans des pays et zones économiques dont la monnaie est supposée forte comme l’euro.

De même que pour des pays comme l’Iran et le Zimbabwe, l’utilisation des cryptomonnaies se développe souvent dans des pays où la stabilité de la monnaie est menacée, quelle qu’en soit la raison. Les effets de réseau peuvent aller très vite lorsque les citoyens sentent que leur pouvoir d’achat est menacé. Malgré les répressions gouvernementales fréquentes, le développement de ces usages chez des populations loin d’être technophiles est finalement la meilleure preuve des opportunités que peuvent apporter les cryptomonnaies décentralisées.

Sharing is caring!

Cet article vous est présenté par l’équipe de Coinhouse.

Avertissement : Cette chronique ne reflète pas nécessairement l’opinion de CryptonewsFR et ne constitue en aucun cas des conseils à l’investissement ni des consignes de trading.