La Blockchain, une révolution pour les fonds immobiliers

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Photo: iStock/tampatra

Nombre d’entreprises qui jouissent aujourd’hui d’une notoriété mondiale ont d’abord été ignorées, voire mal comprises, la plupart des investisseurs n’ayant pas estimé à leur juste valeur tout leur potentiel. Quel hôtelier aurait ainsi pu prédire l’impact sur le marché d’un Airbnb ou d’un Booking.com ?

De toutes les innovations technologiques émergentes, la blockchain est sans aucun doute l’une des plus mal comprises. Pourtant, en raison notamment de sa transparence et de son niveau de sécurité élevé, cette technologie représente une formidable opportunité pour transformer la plus grande classe d’actifs immobiliers au monde (estimée à plus de 200 milliards en 2018(1)) et tout particulièrement les fonds immobiliers non cotés.

Minimiser les coûts

Les fonds immobiliers non cotés permettent aux investisseurs de détenir indirectement des actifs immobiliers en mutualisant les risques et en se déchargeant de la gestion immobilière auprès d’une société tierce. Les sociétés de gestion d’actifs perçoivent des commissions au moment de la souscription, de l’échange ou de la vente d’un titre de leur fonds immobilier.

La blockchain permet une exécution accélérée et automatisée des émissions et des échanges de titres. Ce procédé augmente considérablement la bande passante des transactions et réduit au passage le coût minimum de la souscription, actuellement fixé à environ 1 000 euros(2) De quoi favoriser de nouvelles opportunités commerciales.

Maximiser l’utilité

Prenons un cas concret, une fois l’immobilier « tokénisé », les tokens (actifs émis et échangeables sur la blockchain aux possibilités d’usage nombreuses et variées) peuvent être liés à des contrats intelligents.

Un contrat intelligent peut par exemple être utilisé pour conditionner un token au remboursement d’un prêt contracté auprès d’une banque ou d’un particulier (en pair-a-pair). Les dividendes reçus peuvent ainsi rembourser directement les mensualités du prêt. Le solde peut ensuite être automatiquement réinvesti dans le fonds ou versé à l’investisseur.

Dans le cas où un investisseur n’honorerait pas son prêt, le prêteur serait en droit de récupérer les tokens selon les modalités prédéfinies dans le « contrat intelligent ». Cette garantie technologique présente certains avantages : elle réduit les risques pour le prêteur en même temps qu’elle réduit les taux d’intérêt pour l’emprunteur.

Enfin, en cas de retournement du marché, la mise en place d’un consortium de fonds immobiliers non cotés sur Ethereum permettrait la création d’un système de négociation multilatéral et améliorerait ainsi la fluidité du marché secondaire. Cette plateforme permettrait en effet aux sociétés de gestion d’actifs de continuer à contrôler leurs passifs dans des conditions de marché favorables, tout en renforçant leur résistance dans un contexte défavorable.

En améliorant l’efficacité des opérations et en libérant des sources de valeur cachées à de nombreux investisseurs, Ethereum possède de nombreux atouts capables de révolutionner le secteur de l’immobilier. Le savoir-faire des professionnels de l’immobilier sera toujours essentiel. Personne n’en doute. Personne ne remet cela en cause. Mais le traitement des transactions et la gestion des actifs seront sans aucun doute remaniés. D’ailleurs, la transformation est déjà en cours.

(1) Savills Research
(2) ASPIM

Ce texte est signé par Matthieu Bouchaud, Digital Asset Lead chez ConsenSys et ne reflète pas nécessairement l’opinion de la rédaction de Cryptonews.