Non, les ICO ne sont pas mortes!

| 4 min read

Photo: iStock/Andrey Tolkachev

Les ICO sont des opérations visant à émettre des jetons numériques. Elles peuvent notamment permettre le financement participatif de projets contre l’accès futur de services créés. Après avoir été encensées, ces opérations sont désormais dénigrées. L’effet de mode est-il passé et les ICO sont-elles donc mortes ?

Des typologies toujours plus diversifiées

Les opérations d’émissions de jetons digitaux prennent des formes toujours plus diverses. Originellement, elles visaient uniquement le financement participatif de projets contre l’accès futur aux services créés. C’est d’ailleurs généralement ce qui est entendu par ICO. Mais les « Initial Coin Offering » ne sont littéralement que des opérations d’émissions de jetons numériques. Les IEO (Initial Exchange Offering) sont ainsi ni plus ni moins des ICO dont la gestion est seulement garantie par un acteur tiers.

De même, selon la nature du jeton numérique émis, d’autres « brandings » sont généralement utilisés. C’est le cas des « Security Token Offering » lorsque le jeton représente une part d’actif financier. Ou des « Initial Token Offerings » lorsque le jeton émis n’est ni un droit d’usage futur, ni un actif financier.

Parmi ce dernier type d’opérations : l’émission de nouvelles cryptomonnaies. L’une des ICO ayant eu le plus de succès fut d’ailleurs celle d’Ethereum qui visait à créer une nouvelle monnaie appuyée sur un nouveau protocole blockchain. Et ainsi, le projet blockchain qui fait actuellement le plus parler de lui (Libra) n’est ni plus ni moins qu’une ICO aux formes à peine renouvelées.

Mais où sont les corporates ?

Pendant plusieurs années, de nombreux corporates français et étrangers ont travaillé sur des modèles de tokénisation de services et d’actifs. En particulier en France, la plupart de ces projets (mais pas tous !) sont désormais au point mort en raison de la peur panique des Directions financières et générales d’adresser la notion de valeurs digitales non-strictement (ou du moins comptablement) monétaires.

La conséquence ? Là où la France avait plusieurs années d’avance grâce à un cadre règlementaire plus innovant que la moyenne et une concentration d’experts et de projets remarquables…ce ne sont pas les CAC40 qui sont en bout de course, mais les GAFA qui ont rattrapé leur retard en moins de 20 mois !

Demain sera-t-il tokenisé ?

Si les ICO ne sont pas mortes, c’est parce qu’elles constituent un modèle protéiforme reposant lui-même sur un objet variable: un jeton numérique. Hier les levées de fonds en de tels actifs étaient à la mode, aujourd’hui c’est l’émission de jetons stables servant de nouvelles monnaies. Et demain ?

Le succès des ICO est dans la simplicité relative de la digitalisation de valeurs monétaires et non monétaires. Mais la facilité d’usage n’existe aujourd’hui pas. Et l’arrivée des porte-monnaie d’entreprise (comme Calibra développé par Facebook) ne changera la donne qu’en partie. La clef est assurément dans le stockage et donc la bancarisation future des jetons numériques.

Bien sûr, à date, les banques sont encore frileuses à se saisir d’un sujet pour des raisons idéologiques. Mais la multiplication des usages et des valeurs sur lesquelles des ICO pourraient être structurées ne fait aucun doute : le dernier frein est sur le point de céder d’autant que les banques pourront par-là renouveler leurs approches et leurs expertises. Une aubaine pour les acteurs de l’économie traditionnelle comme pour celle de l’économie tokenisée lorsque chacun d’entre eux se découvriront largement complémentaires. Non, les ICO sont loin d’être mortes…

Ce texte est signé par Fabien Aufrechter, Head of Havas Blockchain et ne reflète pas nécessairement l’opinion de Cryptonews.