Ethereum : quels sont les enjeux de l’arrivée de la PoS pour cette blockchain ?

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Le Parlement Européen vient tout juste de voter sur MiCA, une loi qui prévoit à terme la régulation du marché des crypto-actifs à l’échelle de l’Union Européenne. Et si le contenu de la proposition de loi n’a pas causé de surprises particulières, une disposition a été débattue âprement : certains parlementaires ont proposé l’interdiction de la preuve de travail sur le territoire de l’UE, ce qui aurait entraîné non seulement l’interdiction du minage, mais également l’interdiction des actifs eux-mêmes. Avec, au premier rang, Bitcoin (BTC) et Ethereum (ETH)

Si cette disposition a été finalement rejetée, elle est révélatrice d’un état d’esprit global dans nos sociétés selon lequel les crypto-actifs sont nocifs pour l’environnement, principalement à cause de la quantité d’électricité nécessaire à leur fonctionnement, par le biais du minage. Des appels ont également eu lieu depuis quelques mois pour ne pas utiliser les NFTs qui fonctionnent sur la blockchain Ethereum, puisqu’on encourage ainsi le développement de son usage, et donc la consommation électrique correspondante.

S’il est vrai que les estimations sont souvent très imprécises, voire exagérées, et qu’une part croissante de l’énergie utilisée par le minage est non carbonée, il ne faut pas oublier à quoi sert cette activité sur une blockchain en preuve de travail: à valider des transactions et à les rendre immuables sur le registre correspondant. Si on peut faire le même travail, avec le même niveau de sécurité, en utilisant d’autres processus qui consomment beaucoup moins d’électricité, nous ne devrions pas hésiter à réaliser la bascule. 

Et c’est justement ce à quoi s’apprête la blockchain Ethereum. Au mois de juin 2022, il est prévu de basculer en preuve d’enjeu sur ce réseau, ce qui revient à diminuer de plus de 99% la consommation électrique. La question qui se pose est bien entendu ce qu’on y perd en échange. 

La décision d’Ethereum est à mettre en exergue face à sa concurrence actuelle: Solana, Avalanche, Fantom et autres Tezos fonctionnent tous aujourd’hui déjà en preuve d’enjeu. Et certains acteurs du monde de la finance traditionnelle ont d’ores et déjà décidé d’utiliser ces réseaux alternatifs pour leurs projets blockchain au lieu d’Ethereum, en justifiant leur décision principalement par la consommation énergétique induite: outre le problème de relations publiques que cela entraîne, ces entreprises pourraient à terme se voir contraintes de payer la facture par le biais de crédits carbone correspondant à leur utilisation du réseau. 

Ethereum ne fait donc ici que suivre la tendance. Aucune blockchain importante n’a d’ailleurs pu émerger au cours des trois dernières années fonctionnant via la preuve de travail. Il est donc probable que l’ensemble du marché bascule progressivement vers ce nouveau processus de validation des transactions. 

Pour autant, il faut signaler que la preuve d’enjeu pose également un certain nombre de problèmes. Dans un modèle en preuve de travail, les mineurs qui ont le matériel le plus performant sont ceux qui ont le plus de chances de valider des transactions, et donc de toucher les récompenses correspondantes. En preuve d’enjeu, ceux qui disposent du plus grand nombre de jetons de la blockchain considérée sont ceux qui ont le plus de chances de valider des transactions. 

Or, on le sait, dans beaucoup de réseaux blockchain les jetons sont extrêmement concentrés dans les mains des créateurs du projet et des investisseurs de la première heure. Il y a donc un danger évident de concentration de la décision entre des mains très réduites, qui menace le principe même de décentralisation qui fait fonctionner les blockchains publiques.

Les gestionnaires d’Ethereum ont évalué ce risque et décidé que l’alternative, rester en preuve de travail, posait davantage de problèmes. Un certain nombre de garde-fous techniques ont déjà été mis en place pour empêcher qu’un petit nombre de validateurs puisse prendre le contrôle de l’ensemble du réseau. 

Il y a une autre implication de la décision de basculer : dans un réseau en preuve de travail, une inflation monétaire constante est nécessaire pour garantir la sécurité du réseau. En effet, les mineurs doivent avoir une rémunération pour pouvoir continuer à faire fonctionner leurs machines. Cette rémunération provient de la création monétaire, comme sur Bitcoin

En preuve d’enjeu, ce mécanisme n’est plus nécessaire. Le marché s’attend donc à ce qu’une forte baisse de la création monétaire d’ethers ait lieu au moment de la bascule vers ce processus de vérification des transactions. Ethereum pourrait alors devenir nettement déflationniste, ce qui entraînerait mécaniquement une pression des cours à la hausse sur le long terme. 

La décision de basculer le fonctionnement d’Ethereum a été mûrement réfléchie, en tenant compte des avantages et des inconvénients qu’elle présente. Pour les raisons que nous avons énoncées, l’ensemble du marché s’attend à une forte hausse d’Ethereum une fois que cette modification aura eu lieu. Ethereum pourrait alors plus que jamais affirmer sa dominance sur ses concurrents gestionnaires de smart-contracts, voire même sur l’ensemble de l’écosystème des crypto-actifs.

Ce texte est écrit par Manuel Valente, directeur de la recherche chez Coinhouse et ne constitue pas un conseil en investissement. Faites vos propre recherches avant d’investir.

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