Un euro numérique d’ici quatre ans? C’est le pari de la BCE

Paul Guillot
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La Banque centrale européenne (BCE) a vingt-cinq ans. Et, à l’occasion de cet anniversaire quart de siècle, Fabio Panetta, qui siège depuis 2020 au Comité exécutif de la Banque centrale européenne, a accordé un entretien aux Echos, dans lequel il revient sur le pourquoi du comment d’un euro numérique, et entrevoit le lancement de ce dernier d’ici trois à quatre ans. 

Mais qu’est-ce que c’est, une monnaie numérique de banque centrale (MNBC)? Eh bien, c ‘est une forme de monnaie électronique émise et garantie par une banque centrale, telle que la Banque centrale européenne. Elle est conçue pour être utilisée comme moyen de paiement électronique sûr et stable, complétant ou remplaçant l’argent liquide traditionnel. En d’autres termes, c’est du “cash électronique”.

Mais revenons à notre euro numérique. Fabio Panetta, en charge du projet, attaque l’entretien par ces mots : 

Nous étudions la conception de l’euro numérique, sa distribution et son incidence sur le secteur financier. L’équipe qui travaille sur ce projet compte une cinquantaine de personnes. La Commission européenne (…) doit présenter en juin une proposition législative qui posera le cadre réglementaire de l’euro numérique. En octobre prochain, le Conseil des Gouverneurs décidera s’il veut passer à une phase de préparation pour développer et tester l’euro numérique. Cette phase pourrait durer deux ou trois ans. 

Si le Conseil des gouverneurs et les législateurs européens – États membres et eurodéputés – l’approuvent, nous pourrions lancer l’euro numérique dans trois ou quatre ans.

Ainsi, le paysage financier pourrait bien changer de fond en comble en l’espace de quelques années. Déjà mise à mal par l’arrivée de Bitcoin et Ethereum et le développement subséquent de la finance décentralisée, la mainmise des banques centrales sur les monnaies en circulation s’étiole petit à petit.

Ce qu’il faut retenir de l’entretien de Panetta

La BCE étudie actuellement la conception, la distribution et l’impact d’un euro numérique sur les mondes économique et financier. Une proposition législative doit être présentée par la Commission européenne en juin, et une décision finale sur le lancement de l’euro numérique sera prise en octobre par le Conseil des gouverneurs. 

L’objectif est de fournir aux citoyens un moyen de paiement numérique européen sans risque, gratuit et utilisable dans toute la zone euro, tout en renforçant la stabilité financière et en offrant une plateforme pour les services de paiement innovants

En outre, la BCE insiste sur le fait qu’elle n’aura pas accès aux données personnelles des utilisateurs. Une inquiétude très présente chez les adeptes de la crypto, du Web3 et de leur valeur de décentralisation. Il faudra donc trouver un équilibre entre la confidentialité des données et la lutte contre le blanchiment d’argent et le financement du terrorisme, ce qui sera déterminé par le législateur européen. 

La MNBC conçue par la BCE offrira aux utilisateurs des fonctionnalités de base pour effectuer des paiements entre particuliers, commerçants et autorités publiques, avec des possibilités d’extensions de services offertes par les banques commerciales. D’ailleurs, la BCE ne sera pas en charge de distribuée cette monnaie, mais seulement d’en garantir la valeur. La distribution, c’est le volet des banques commerciales.

Autre peur des communautés crypto: que les MNBC ne remplace le cash. La voilà éloigner, car selon Panetta, l’euro numérique ne vise pas à remplacer l’argent liquide, mais plutôt à le compléter en réponse à la numérisation croissante de l’économie. Preuve en serait que la BCE souhaite également lancer une nouvelle série de billets de banque plus technologiques, tout en permettant aux citoyens d’utiliser des billets de banque aussi longtemps qu’il y aura une demande.