Si Satoshi Nakamoto est en train d’écrire un livre, vous pouvez commencer à le lire ici

Sead Fadilpašić
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Vendredi dernier, quelqu’un prétendant être Satoshi Nakamoto a publié 21 pages dont il prétend que c’est « un extrait venant d’un livre sur les origines du Bitcoin ». Le site où cela a été publié précise qu’il s’agit du « premier extrait d’une œuvre littéraire composée de deux parties, une histoire courte si vous voulez, avec quelques-unes des questions les plus fréquentes et leurs réponses. Je voulais que les gens et les faits soient connus ».

Source: iStock/turk_stock_photographer

Le site sur lequel l’extrait est apparu s’appelle NakamotoFamilyFoundation.org et a été acheté anonymement il y a trois jours via le gestionnaire de noms de domaines d’Amazon. Bien sûr, le Satoshi autoproclamé (ou, comme la communauté l’appelle, Faketoshi) Craig Wright a immédiatement tweeté que les « nouveaux » écrits de Nakamoto étaient une fraude: « Nakamotofamilyfoundation ne peut pas obtenir les dates ni les détails techniques corrects ».

Dans un style à la Nakamoto, l’extrait inclut même un cryptogramme, qui prétend révéler des noms liés au titre du livre. La réponse semble être honne et tatamae (ou tatemae), expression japonaise qui décrit « le contraste entre les vrais sentiments et les désirs d’une personne » et « le comportement et les opinions que l’on affiche en public ». L’extrait est intitulé « dualité » dans le même esprit.

L’extrait indique également que Satoshi Nakamoto a pu être, à un certain moment du moins, un groupe de personnes. « La vérité est une vérité à laquelle les gens ne s’attendent pas », poursuit Nakamoto dans l’extrait, « parce que la vérité est trop complexe pour être donnée, elle exige une longue réponse, qui sera dans le livre ».

Parmi les parties étranges du texte il y en a une qui semble impliquer qu’il y avait plus d’un bloc seul genesis block (premier bloc de la blockchain Bitcoin). Est-ce que c’est vrai? Personne ne le sait vraiment pour l’instant. Les personnes mentionnées dans l’extrait ont été contactées par WIRED. Certaines refusent de commenter ou disent que rien n’est vérifiable. Ce qui reste, cependant, c’est l’espoir que nous découvrirons la vérité assez vite, et peut-être que le mystère de la dernière décennie sera résolu.

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Quelques passages de l’extrait:

  • Les principes du Bitcoin viennent des cypherpunks, une communauté à laquelle je m’intéressais naturellement à l’âge de quatorze ans, un lieu où l’anonymat était aussi fondamental que la respiration, et où, pour que la véritable liberté d’expression puisse exister, il fallait pouvoir s’exprimer sans contrainte et anonymement. (Je vais prendre un moment pour expliquer quelque chose.) Je sais que certains d’entre vous liront ou entendront parler de tout ça pour la première fois, alors je vais le dire publiquement et rendre tout ça officiel. Satoshi Nakamoto n’est pas un vrai nom. Plus précisément, pas un nom officiel. C’est avant tout le fruit d’une réflexion et d’un raisonnement.
  • Bitcoin est capable de supplanter les réseaux centralisés de diverses manières. C’est pourquoi certains dirigeants craignaient le Bitcoin. Non pas pour son côté « wow », mais bien en raison de ses avantages concernant le réseau. En termes de rapidité et de sécurité, le Bitcoin était supérieur. Il existait pour la première fois, un réseau distribué de nœuds qui validaient un enregistrement immutable (la blockchain), qui, en l’occurrence, se trouvait être une forme d’argent. Même si l’un de ces nœuds venait à ne plus fonctionner, la chaîne continuerait comme avant.
  • En me fiant à la loi de Moore, je croyais vraiment que les ordinateurs seraient, au moment où j’écrirais ces lignes, 100 fois plus rapides qu’il y a dix ans. J’avais tort. En réalité, le matériel n’a pas évolué aussi vite que je l’avais prévu, ce qui a joué en ma défaveur. J’ai alors appris à ne pas spéculer sur l’avenir. Parce qu’on se trompe souvent.
  • Les gens ne le savent peut-être pas aujourd’hui, mais pendant la première année, c’était surtout moi qui étais la seule personne active sur le réseau. J’en faisais la maintenance, je l’utilisais, j’en modifiais le code, je corrigeais les bugs, j’en faisais la promotion. En fait, la plupart des gens installaient Bitcoin une fois et ne l’utilisais ensuite plus jamais, l’inverse de ce qui était prévu. La seule personne qui n’a pas abandonné et qui a continué à l’utiliser, c’est Hal Finney.
  • Il y a toujours des questions qui surgissent, que ce soit à propos de moi ou de la façon dont le Bitcoin a été conçu. Des questions sur le choix de l’encryptage, la taille des blocs, le nombre limité de Bitcoin, le choix du langage de programmation. Je vais commencer par la question la plus évidente, puis essayer de répondre aux autres tout au long de ces pages. Pour commencer, beaucoup peuvent se demander quel est le raisonnement derrière le fait d’avoir un nombre limité de Bitcoins. Pourquoi 21 millions? La vérité est que c’était tout simplement une approximation valable. Les calculs mathématiques fonctionnaient, du moins se rapprochaient assez de ce que je voulais. Avant de choisir 21 millions cependant, j’avais envisagé fixer à 100 BTC les récompenses, ou 42 – comme une réponse à la vie, à l’univers, et tout. Mais craignant que certains considèrent ma référence au livre Le guide du voyageur galactique, comme une blague et un risque de ne pas être pris au sérieux, j’ai finalement choisi 21 millions.
  • La célèbre citation d’Hal Finney qui est souvent évoquée où il explique comment il s’est intéressé à la cryptographie met bien l’accent sur ces croyances que nous partagions tous. C’est ça qui nous a tous unis. « Cela me semblait si évident. Nous sommes confrontés aux problèmes de la perte de la vie privée, de l’informatisation systématique, des bases de données massives, de la centralisation – et Chaum propose une direction complètement différente, qui met le pouvoir entre les mains des individus plutôt qu’entre celles des gouvernements et des entreprises. L’ordinateur peut être utilisé comme un outil pour libérer et protéger les gens, plutôt que pour les contrôler»- Finney, Mailing List de Cypherpunks en 1992.