Le Kenya est de plus en plus partagé à l’idée d’introduire une CBDC dans son économie

Antoine Palloteau
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La banque centrale du Kenya (CBK) n’est pas encore prête pour l’implémentation d’une CBDC dans le pays. En effet, si une CBDC pourrait faciliter certains aspects de l’économie kényane, elle présente tout de même certains défis et challenges aux yeux de la banque centrale du pays. 

Le Kenya était plutôt enthousiaste à l’idée de la création de sa propre CBDC 

CBDC, acronyme de “Central Bank Digital Currency“, en français “Monnaie Numérique de Banque Centrale” est une forme de monnaie électronique émise et contrôlée par une banque centrale. Elle est conçue pour être utilisée comme une alternative numérique aux formes traditionnelles de monnaie.

Dans un “discussion paper”, ou document de travail publié en février 2022, la banque centrale du Kenya ouvrait la porte à des discussions autour de l’implémentation d’une CBDC dans le pays. Plusieurs arguments en faveur d’une CBDC ont été donnés dans ce rapport. 

Premièrement, une CBDC semblerait convenir au pays et ses habitants. Étant la première nation africaine ou se sont démocratisés les paiements mobiles, l’implémentation d’une CBDC ne changerait pas radicalement la forme des transactions dans le pays. Dans cette logique de praticité, de sécurité et d’efficacité qu’a apporté le paiement mobile, une CBDC pourrait même amplifier ces caractéristiques. Selon la Banque Centrale kényane, une CBDC pourrait faire décroître les coûts associés aux transactions quotidiennes

Deuxième argument de taille, l’utilisation d’une CBDC faciliterait les transactions transfrontalières. On peut lire dans le rapport de la CBK : 

“Les transactions internationales en devises sont coûteuses et les particuliers doivent payer des frais élevés pour transférer des fonds d’un pays à l’autre, en particulier lorsqu’il s’agit de conversions de devises.”

Selon la CBK, l’introduction d’une monnaie numérique de banque centrale dans l’économie kényane pourrait perturber positivement le marché transfrontalier en le rendant plus efficace et moins coûteux.

La CBK émet pourtant des réserves 

La réédition, commentée, du document de travail mentionné plus haut, publiée fin mai 2023, met en perspective quelques points concernant l’implémentation d’une CBDC au Kenya. 

Les auditeurs de cette version mettent en évidence certains risques liés à l’utilisation d’une CBDC. On rapporte notamment la fin des banques commerciales en tant qu’intermédiaire entre les particuliers et la banque centrale, des coûts d’implémentation extrêmement élevés, des risques de sécurité et des risques cybers ou encore l’exclusion financière des populations les plus recluses

Dans son nouveau rapport, la CBK rappelle que si la recherche mondiale sur le sujet des CBDC progresse, notamment grâce à des actions menées par la Banque des règlements internationaux (BRI), le Fond Monétaire International (FMI) ou encore le reste des banques centrales, les CBDC ne semblent tout de même pas faire partie d’un futur imminent

L’instabilité du marché crypto et les défis auxquels font face les premières CBDC déjà déployées sont des raisons pour lesquelles le Kenya veut freiner l’implémentation d’un tel système sur son territoire. 

La banque centrale kényane a annoncé qu’elle continuerait ses recherches et continuerait de surveiller les avancées technologiques réalisées par les monnaies numériques de banque centrale dans le monde, ainsi que l’impact de celles-ci sur les sociétés concernées. En clair, si le Kenya ne renonce pas totalement à sa CBDC, l’implémentation de celle-ci “n’est une priorité, ni à court, ni à moyen terme”

Source : Central Bank of Kenya