La BCE envisage créer une application de paiement pour l’Euro numérique

Pauline Eyebe
| 7 min read
 

L’Euro numérique est la future monnaie électronique soutenue par la Banque centrale européenne (BCE). Pour faciliter son échange, la BCE envisage de créer une application de paiement. Cette plateforme qui pourrait favoriser l’adoption de l’Euro numérique n’est pas très bien accueilli par les banques.

Afin de rapidement mettre en place l’euro numérique, la BCE a pensé à la création d’une application de paiement. Mais cette plateforme est en concurrence avec un autre projet de paiement paneuropéen, à savoir l’EPI ou European Payment Initiative. 

Du fait de cette concurrence entre les deux projets européens, les banques n’ont pas manqué d’exprimer leur mécontentement.

L’application de paiement pour l’euro numérique, que cache ce projet ?

L’annonce de la création de cette application de paiement a été faite par Fabio Panetta, membre du directoire de la BCE, en charge du développement de l’euro numérique. S’exprimant devant la Commission des affaires économiques et monétaires du Parlement européen, ce dernier a évoqué cette application. 

D’après lui, cette application de paiement permettra de payer en euro numérique de la même façon que l’on paie en liquide. Il a notamment ajouté que : 

“L’Eurosystème pourrait créer une nouvelle application propre à l’euro numérique, qui comprendrait uniquement des fonctionnalités de paiement de base opérées par des intermédiaires. L’euro numérique serait ainsi reconnu et mis à votre disposition quel que soit l’endroit où vous vous trouvez en Europe.”.

Grâce à cette application, les usagers européens de régler leurs transactions en euro numérique. Pour ce faire, Fabio Panetta envisage doter cette application de paiement de nombreuses caractéristiques intéressantes pour simplifier les transactions en euro numériques. C’est le cas particulièrement du paiement sans contact et QR code.

De même, les utilisateurs pourront utiliser l’euro numérique à partir d’une carte de paiement dédiée. Ils pourront également le faire à partir de l’application présente sur leurs smartphones et montres connectées.

Pour Fabio Panetta, l’application permettra de se concentrer sur les besoins des utilisateurs. En effet, d’après lui : 

“Une coopération étroite est nécessaire avec tous les acteurs du marché, qu’il s’agisse des associations de consommateurs (qui sont les mieux informées des besoins des consommateurs), des intermédiaires qui fourniraient des services à leur clientèle, ou des commerçants qui désireraient proposer une solution de paiement plus pratique. ”

Un projet qui ne plaît pas beaucoup aux banques commerciales

À la suite de cette annonce, les banques n’ont pas hésité à exprimer leur mécontentement, car elles se sentent laissées de côté. En effet, le projet de Fabio Panetta ne mentionne pas la collaboration avec les banques. Par conséquent, elles se montrent méfiantes à l’égard d’un énième projet de monnaie numérique. 

De plus, le fait que ce projet ne soit pas issu d’une initiative des banques n’est pas vu d’un bon œil. Le fait qu’elles restent les institutions chargées de gérer les comptes de dépôt de l’euro numérique n’a pas suffit à apaiser la méfiance des banques.

À cela, il faut ajouter le fait que l’euro numérique vient concurrencer l’EPI qui est soutenu par plus d’une dizaine de banques commerciales. Mais force est de constater que ce dernier projet de paiement européen rencontre des difficultés, ce qui freine son envol.

À son origine, EPI était pensé pour devenir une alternative institutionnelle à Visa et MasterCard. Les auteurs du projet EPI cherchaient à réduire l’influence de ces deux moyens de paiement. Mais par la suite, les ambitions d’EPI ont été considérablement réduits. Aujourd’hui, le projet se cantonne à un simple portefeuille de paiement.

La concurrence entre le futur euro numérique et l’EPI est donc un fait et les banques n’ont pas hésité à s’exprimer là-dessus. S’exprimant à ce propos, Laurent Mignon, la présidente de la Fédération française bancaire, a remis en question le bien fondé de créer un euro numérique. Pour certains, l’euro numérique est décrit comme un “hold-up institutionnel de la BCE”, notamment dans la manière dont il est mené.

L’euro numérique, un projet porteur 

Malgré les réticences des banques traditionnelles, le projet de l’euro numérique est une véritable révolution. L’application envisagée par la BCE permettra aux utilisateurs, à la fois, de payer et d’échanger l’euro numérique

Selon Panetta, l’accès à l’euro numérique sera d’abord ouvert aux particuliers, aux entreprises et aux gouvernements de la zone euro, puis à ceux de l’Espace économique européen et enfin à des “pays tiers choisis”.

Toujours selon Panetta, l’idéal serait de mettre en œuvre un plan qui fixe des normes, des standards et des processus universels pour permettre la création de biens et de services supplémentaires basés sur l’euro. L’euro numérique devrait permettre des transactions libres, avec des services supplémentaires et optionnels de la part des intermédiaires.

Enfin, il faut noter que la BCE a prévu un développement progressif de l’euro numérique qui devrait prendre quatre ans pour réellement voir le jour.

Selon un rapport de la BCE datant de janvier : “Un système de paiement en euro numérique semble être la meilleure option pour faire en sorte que chacun dans la zone euro puisse payer et être payé en euro numérique. En outre, ce système permet d’atteindre les objectifs d’un euro numérique en tant que référence monétaire, en garantissant son autonomie stratégique et son efficacité économique.

Pour Panetta, l’accessibilité et la facilité d’utilisation ont été deux “fondements essentiels” lorsqu’il a informé des derniers développements concernant l’euro numérique. Il a également précisé que sur ce point, les instances de l’UE seront à l’écoute des réactions des citoyens.

S’appuyant sur ces principes, Panetta a présenté les plans pour que l’euro numérique contienne des fonctionnalités en ligne et hors ligne afin de répondre à différents cas d’utilisation. Parmi ceux-ci, citons la protection de la vie privée et l’amélioration de la résilience hors ligne.

Mais il faut aussi noter que ce projet est controversé et vu comme une atteinte à la vie privée des utilisateurs

En effet, si de nombreux acteurs approuvent la création de l’euro numérique, les banques traditionnelles et de nombreux autres acteurs y sont contre.

Avertissement : la section Industry Talk contient des points de vue exprimés par les experts du secteur de la crypto-monnaie et ne reflète pas le contenu éditorial de Cryptonews.com.