L’approche de la Chine pour le métavers diffère de celle de l’Europe et des Etats-Unis

Ruholamin Haqshanas
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Alors que Meta et d’autres géants technologiques occidentaux cherchent à créer des mondes virtuels pour les consommateurs dans le métaverse, la Chine a opté pour une approche différente.

Le gouvernement chinois soutient les technologies qu’il considère comme stratégiques et établit des règles pour régir ce qui peut se passer dans le cyber-espace.

A cet effet, l’objectifs de la Chine est d’exploiter cette technologie au travail pour soutenir l’économie, plutôt que de créer de nouveaux espaces sociaux.

Un des exemples de cette approche est HiAR, une société de réalité augmentée qui aide les autorités locales à identifier les lieux de reproduction des moustiques via des images de drones.

HiAR a été fondée en 2012 avant que le terme “métaverse” ne soit popularisé par le PDG de Meta, Mark Zuckerberg.

En 2021, après le rebranding de Facebook en Meta dans le but de recentrer les activités du géant des réseaux sociaux autours du métaverse, les startups et les investisseurs technologiques chinois ont emboîté le pas à Meta, essayant de développer leurs propres technologies de métaverse ou d’intégrer des éléments de réalité augmentée dans les produits grand public.

Le gouvernement chinois porte également un vif intérêt au métaverse, soutenant les technologies émergentes qu’il juge critiques en mettant en place des cadres réglementaires.

“Le métaverse est un concept vague et chaque [entreprise] l’interprète à sa manière”, a déclaré Brady Wang, directeur associé de la société d’études de marché sur les technologies Counterpoint, à Wired dans une interview.

“En Chine, le gouvernement dirigera les travaux autour de ce concept.”

En décembre 2021, la Commission centrale chinoise de contrôle de la discipline a défini le métaverse comme composé de trois éléments : le jumelage numérique, la réalité mixte et la blockchain.

Cependant, les autorités ont effectivement interdit les cryptomonnaies en septembre 2021, ce qui a contribué à découpler les espaces virtuels des actifs numériques.

Alors que le gaming, un pilier clé du métaverse en Occident, a fait l’objet de représailles par le gouvernement chinois suite aux préoccupations concernant l’addiction des jeunes, le gouvernement est prêt à soutenir les éléments qui pourraient profiter à l’économie.

Le 14e plan quinquennal, le document de stratégie économique de Pékin de 2021 à 2025, inclut le jumelage numérique comme une priorité.

De plus, un plan d’action publié par cinq ministères, dont le ministère de l’Industrie et des Technologies de l’information, vise à faire passer l’industrie de la réalité virtuelle à 51 milliards de dollars et a procédéer à l’identification des domaines-clés tels que les dispositifs d’affichage proche de l’œil et le traitement des rendus.

Alors que le buzz dans le secteur privé s’est déplacé vers l’IA générative, la vision du gouvernement n’a pas changé.

Jingshu Chen, cofondateur de la société de réalité virtuelle VeeR, a déclaré :

“Le récent battage médiatique sur l’IA n’a pas affecté la ligne de conduite des autres niveaux de gouvernement qui poursuivent la mise en oeuvre de la politique autour du métaverse.”

De même, Meta a récemment réitéré son engagement envers le métaverse, réfutant les affirmations selon lesquelles le géant de la technologie favoriserait l’IA à la place des mondes virtuels.

“Des rumeurs circulent sur le fait que nous pourrions abandonner nos activités autour du métaverse, je veux être très clair, c’est inexact”, a déclaré Zuckerberg.

La déclaration intervient alors que le département métaverse de l’entreprise a perdu près de 4 milliards de dollars ce trimestre et 13,7 milliards de dollars au total l’année dernière, et pourrait enregistrer de nouvelles pertes en 2023.

“Construire le métaverse est un projet à long terme, mais sa raison d’être reste la même et nous y restons attachés”, a conclu Zuckerberg.