Le Nigéria va développer sa propre blockchain, le “Nigerium”

C’est officiel, le Nigéria se lance dans la course à la souveraineté numérique avec l’annonce de son projet de blockchain baptisée “Nigerium”. Derrière cette initiative ambitieuse se trouve le comité technologique du pay, la National Information Technology Development Agency (NITDA), qui voit en ce projet un moyen de protéger les données du pays tout en renforçant la sécurité nationale.

Pourquoi une blockchain locale ?

Tout part d’un constat : les cryptos sont de plus en plus populaires en Afrique et les technologies blockchain les plus populaires, comme Ethereum, sont développées et contrôlées par des entités étrangères. Et cela pose problème.

Pour reprendre les rênes de leur propre sécurité numérique, la NITDA, par la voix de son directeur général, Kashifu Abdullahi, a décidé de prendre les choses en main :

“Les intérêts de ces développeurs étrangers ne sont pas toujours alignés avec ceux du Nigéria”

Lors d’une rencontre avec des délégués de l’École de droit de l’Université de Hertfordshire à Abuja, Abdullahi a expliqué que ce projet verrait le jour grâce à une collaboration étroite entre le secteur privé et le secteur public nigérian.

Le but ? Créer une blockchain qui répond aux besoins spécifiques du Nigéria, tout en assurant que les données des citoyens soient en sécurité et sous contrôle national.

Le Nigeria développe sa propre blockchain appelée "Nigerium" pour garantir la souveraineté des données. L'Agence nationale pour le développement des technologies de l'information (NITDA) déclare que cela aidera à protéger les données nationales et à renforcer la sécurité.

Il… pic.twitter.com/64zA62q2b6

— Kik Market (@KikMarket) July 8, 2024

Les avantages de Nigerium

Le projet Nigerium ne se contente pas de jouer la carte de la sécurité. Il est également question d’améliorer la résilience et l’autonomie technologique du pays. En développant une blockchain locale, le Nigéria pourra adapter cette technologie à ses propres lois et règlements, assurant ainsi une meilleure conformité et une plus grande flexibilité.

Chanu Kuppuswamy, leader de la délégation de l’Université de Hertfordshire, a rappelé les risques inhérents à la dépendance envers des technologies étrangères, citant l’exemple récent d’Ethereum qui a procédé à des changements majeurs sans consulter ses utilisateurs. Un tel scénario serait impensable avec une blockchain nationale, où le Nigéria aurait son mot à dire sur toutes les décisions cruciales.

Mais le projet Nigerium ne s’arrête pas là. Les experts ont également proposé la création d’une “Data Embassy”. Cette ambassade numérique, hébergée dans un pays tiers, garantirait la continuité des informations en cas de catastrophes naturelles, de cyberattaques ou d’autres menaces. Un coup de génie pour protéger les données sensibles du pays, même en situation de crise ?

Enfin, pour maximiser l’efficacité de cette nouvelle infrastructure, il est suggéré d’harmoniser la technologie blockchain à travers les différentes agences gouvernementales :

“Une telle harmonisation favoriserait l’interopérabilité et la coopération entre les diverses entités publiques, rendant le système plus cohérent et plus robuste.” Kuppuswamy.

En route vers l’autonomie numérique ?

Avec le projet Nigerium, le Nigéria fait un pas décisif vers une autonomie numérique . Il ne s’agit pas seulement de suivre une tendance technologique, mais de construire un avenir où les données du pays sont sécurisées et où la technologie sert les intérêts nationaux.

Dans un monde de plus en plus dépendant des technologies numériques, cette initiative pourrait bien devenir un modèle pour d’autres nations désireuses de reprendre le contrôle de leur destinée numérique. Alors que le projet se met en place, le Nigéria montre au monde entier que la souveraineté numérique est à portée de main – il suffit de la saisir avec détermination et vision.

Source : Vanguard