Les fintechs de demain seront créatives ou ne seront pas

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Photo: iStock / metamorworks

S’il existe bien un domaine où la jeunesse n’est pas un désavantage c’est bien le domaine des nouvelles technologies. On explique généralement le fait que les jeunes ont une facilité à développer des compétences techniques dans des domaines comme la programmation informatique ou la robotique en raison de leur grande capacité d’adaptation et leurs facultés cognitives leur permettant d’apprendre de grande quantités de données en un temps limité. Cet article sera l’occasion de défendre l’idée selon laquelle l’avantage de la jeunesse en matière de nouvelles technologies est aussi, et principalement, un état d’esprit qui permet d’appréhender un problème sans préconceptions et en considérant sans discriminations le champs des possibles- et donc des opportunités.

Le domaine de la blockchain et des crypto-actifs est l’exemple même de ce phénomène où des jeunes passionnés développent une expertise profonde et gardent un sens de la créativité et de l’ouverture. L’efficacité en ingénierie et surtout l’innovation n’est pas du domaine de la ligne droite mais de la parallèle et de l’adjacente.

En France, la « communauté crypto » se développe autour de plusieurs pôles avec des niveaux d’expertise et de technicité différentes : on peut aller ainsi des sympathisants aux experts en passant notamment par les communicants et les commerciaux. Chaque catégorie a ses avantages et ses inconvénients, ses critères de légitimités et ses métiers. Le passage d’une catégorie à une autre est certes complexe mais elle n’est pas impossible. Certains ont réussi l’exploit de se positionner sur plusieurs domaines, cette position passionnante n’est pas toujours confortable. Mais le confort n’est pas gage de réussite et encore moins de capacité à faire évoluer la communauté de manière dynamique.

Développer une compétence dans plusieurs domaines est loin d’être aisé et pourtant certains y mettent une énergie impressionnante. Au sein de cette communauté française de plus en plus normée, j’ai eu la chance de croiser trois jeunes profils qui investissent une fantastique énergie pour faire avancer les choses. Ayant développé plusieurs compétences très complémentaires, ils ne se reposent pourtant pas sur leurs acquis et nous donnent des clefs pour penser les défis qui s’ouvrent à la communauté…

Dr. Xavier Zaoui : Le spécialiste en biotechnologies qui défend l’Open Science

A tous juste 30 ans, Xavier est docteur en biologie et biotechnologie de l’Université d’Edimbourg. Il a toujours adoré l’informatique qu’il a étudiée auprès des plus grands. Il se rappelle d’ailleurs avec émotion son stage dans le laboratoire d’informatique de Vincent Danos à l’Ecole Normale Supérieure de Paris. En parallèle de sa thèse, Dr. Zaoui a beaucoup réfléchi à l’utilité de la blockchain pour la biologie cellulaire : « Il faut considérer que la blockchain permet à la fois le stockage mais également la maintenance et la sécurisation des informations que l’on trouve dans des cellules utilisées dans les thérapies cellulaires comme les cellules CAR-T des patients donneurs. C’est fondamental de pouvoir suivre la façon dont ces cellules sont modifiées en laboratoire et les impacts du stockage, or ces informations doivent transiter tout le long d’une chaine d’entités différentes avec les patients, les médecins, les services de logistiques, les sociétés d’approvisionnement et les scientifiques dans les laboratoires. Ce qui est prodigieux avec l’architecture de la blockchain, c’est que l’on peut stocker et manager les données avec une attention accrue sur la mise à jour. La traçabilité et la sélectivité possible des informations disponibles en fonction des acteurs, c’est vraiment extrêmement important… »

Vers la fin de sa thèse, Xavier a développé un attachement particulier pour l’Open Science. Cette conception qui défend la nécessité du libre accès des recherches scientifiques à tout un chacun est plus qu’une démarche pour lui, c’est un combat. D’ailleurs ses interlocuteurs dans ce combat ne sont pas n’importe qui puisqu’il s’agit notamment de la Division des Politiques Scientifiques et de l’Innovation de l’UNESCO. Au cœur de sa démarche, il a évidemment cet intérêt pour faire connaître au plus grand monde comment la blockchain peut aider les personnels de santé et de recherche.

Maël Rolland : L’économiste et le passeur de connaissances

Chercheur en économie et remarqué enseignant du séminaire de l’Ecole des Hautes Etudes en Sciences Sociales sur la Blockchain et les crypto-actifs, Maël Rolland est pourtant une personne d’une grande modestie. Tandis que des pseudos experts de tous bords se sont littéralement jeté sur le sujet des nouvelles technologies financières, Maël Rolland a pris le temps de développer année après année une approche extrêmement transdisciplinaire des enjeux des crypto-actifs. Alors que se multiplient les micro-domaines, il est l’un des rares à présenter –sans fioritures- les grandes problématiques actuelles en associant une connaissance pointue des enjeux économiques et financiers, techniques, sociologiques et politiques. Sans jamais avoir le ton du docte professeur, il joue pourtant le rôle de passeur et que ce soit physiquement dans son séminaire ou par la rediffusion qu’il y en a sur Bitcoin.fr, il a formé des générations de personnes qui changent actuellement l’industrie des nouvelles technologies financières. Souvent cité dans des réunions de travail de personnes particulièrement influentes dans le domaine, il a su rendre accessible et appréhensible ce qui semblait a priori complexe.

Cet article aura été l’occasion de présenter des jeunes personnes qui changent les choses et font avancer notre communauté. Souvent modestes car passionnés et emplis de l’envie d’apprendre encore et encore, ils sont néanmoins au cœur d’une démarche qui n’a rien de passive, ils se battent pour faire avancer la connaissance…