Les prédictions d’Andy Bryant de BitFlyer pour 2020

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Voici les prédictions d’Andy Bryant, de BitFlyer, pour 2020

1. La Chine lancera la première CBDC

La Banque populaire de Chine entrera dans l’histoire en devenant la première banque centrale nationale à émettre une monnaie dite CBDC (Central Bank Digital Currency) en 2020. Même si elle sera limitée en ce qui concerne sa portée dans un premier temps (elle ne remplacera que la monnaie centrale (M0), semblable à de l’argent liquide, et non la monnaie M1 ou M2 qui comprend les dépôts bancaires) et sera aussi limitée dans son champ d’action (elle se concentrera sur les paiements nationaux et non internationaux), cette émission constituera néanmoins un jalon important dans l’histoire monétaire et un tournant pour le système financier mondial.

Dans le même temps, de nombreux autres pays dans le monde annonceront officiellement qu’ils développent leur propre CBDC, faisant grossir ainsi la liste qui comprend à l’heure actuelle les États-Unis, la Russie, le Canada, Singapour, la Turquie, la Suède, l’Uruguay, l’Afrique du Sud, la Thaïlande, les Bahamas et d’autres encore.

Une fois que les gouvernements seront en mesure de lancer leur propre CBDC pour le commerce de détail, il est très probable que le secteur privé sera tenté de faire de même afin de pallier à ce que les banques centrales ne peuvent pas faire et n’ont pas le désir de faire. Les grandes entreprises privées seront en mesure de fournir d’importants services intermédiaires, y compris des fonctions d’accès au système de distribution, des services liés à la sécurité et au service à la clientèle. L’émergence de telles entreprises publiques-privées dans la sphère des monnaies souveraines constituera également un changement de cap.

La façon dont sera conçue une CBDC sans juger de son utilité propre (a-t-elle un réel intérêt ou non) aura de profondes répercussions sur son efficacité en tant qu’instrument de politique monétaire. Cette question, de même que les difficiles questions d’interopérabilité, de l’utilisation transfrontalière et des exigences règlementaires, deviendront des sujets de discussion brûlants.

2. Libra ne sera pas lancée en 2020

Contrairement aux cryptomonnaies comme Bitcoin dont la vitesse d’adoption est faible, la monnaie Libra a le potentiel d’être instantanément accessible à près de 2,5 milliards d’utilisateurs de Facebook dans plus de 190 pays. Cela a eu comme conséquence de faire de la question de “l’argent mondial” un sujet de première importance pour les gouvernements du monde entier et a suscité des discussions éminemment nécessaires sur la façon de répondre à l’initiative Libra. L’émission de cette cryptomonnaie constituerait la première fois dans l’histoire de l’humanité qu’une forme d’argent mondial serait créée par le secteur privé, et avec une portée et un savoir-faire permettant de l’utiliser à travers la planète, il n’est ainsi pas étonnant que les gouvernements s’y intéressent!

C’est pourquoi, bien que cela soit sujet à débat, je ne suis pas convaincu que la monnaie Libra sera lancée en 2020. Cela s’explique par le fait que les institutions gouvernementales ont remarqué que a) Libra présente des risques pour la stabilité financière et b) qu’elle n’est actuellement pas viable d’un point de vue règlementaire. Cela ne veut pas dire que la monnaie Libra n’existera pas, mais qu’avant qu’elle soit lancée, il y aura de nombreuses questions auxquelles il faudra trouver des réponses, comme:

  • Comment peut-on mettre en œuvre des contrôles anti-fraude et blanchiment d’argent et des procédures KYC dans un si grand nombre de juridictions ?
  • L’adoption massive dans les pays dont la monnaie est plus faible ne va-t-elle pas diminuer l’efficacité des opérations de leur banque centrale nationale ?
  • Pendant la période d’achat initiale de la monnaie Libra, les détenteurs de monnaies nationales volatiles ne vont-ils pas être confrontés à un affaiblissement continu de leur monnaie nationale par rapport à Libra ?
  • Si les utilisateurs n’ont pas un accès direct aux réserves de la Fondation Libra afin de pouvoir faire des réclamations, ne seront-ils pas perdants si la réserve devait être liquidée ?
  • Si l’ensemble du système perdait sa stabilité, qui le renflouerait (et pourrait le faire) ?
  • Tant que ces questions (et d’autres) n’auront pas trouvé de réponses, je ne vois pas de lancement complet de la monnaie Libra en 2020, du moins pas dans sa forme actuelle.

3. La DeFi va prendre de l’importance et gagner en rapidité

La DeFi – ou Finance Décentralisée – est une évolution naturelle de l’écosystème blockchain et est à la finance ce que les cryptomonnaies sont à l’argent. Avec un éventail d’applications déjà utilisables, il est facile de mesurer l’ampleur de l’industrie de la DeFi grâce au montant de la valeur qui a été “verrouillé” dans les contrats intelligents. Celui-ci a augmenté rapidement de moins de 2 millions de dollars en novembre 2017 à plus de 650 millions de dollars en novembre de cette année.

Je crois que cette tendance ne fait que commencer. De la même façon que le courrier électronique n’était que le premier élément de base d’Internet, la cryptomonnaie n’est que le premier élément de base de la technologie blockchain.Là où la plupart des regards se concentrent trop sur le cours des cryptomonnaies pour prendre du recul, de mon point de vue c’est la blockchain qui est importante! Des modèles financiers complètement nouveaux et décentralisés, incluant les prêts, les produits dérivés, les paiements, la gestion d’actifs et d’autres services, c’est ça la DeFi, et elle va devenir beaucoup plus importante et beaucoup plus rapide en 2020.

4. Le statut de valeur refuge de Bitcoin sera mis à l’épreuve

En général, lorsque les investisseurs veulent protéger leurs portfolios contre les risques de volatilité, ils achètent des actifs dits “refuges” pour traverser les périodes de turbulences économiques, comme l’or, les bons du Trésor américain ou le yen japonais.
Mais qu’en est-il de Bitcoin en tant qu’actif refuge? C’est une question qui sera de plus en plus discutée (voire mise à l’épreuve) en 2020.

D’une part, le Bitcoin est encore un actif extrêmement volatil, avec des fluctuations de prix quotidiennes de 5 à 10 % et à ce titre, il est naturellement considéré comme un investissement à haut risque dans des conditions normales. En tant que tel, nous nous attendons à ce qu’il soit soumis au même sentiment des investisseurs que les autres actifs à haut risque tels que les actions ou les options / produits dérivés.

D’autre part, le Bitcoin a constamment montré qu’il n’est en fait pas corrélé avec la plupart des classes d’actifs financiers traditionnelles. Il s’agit d’une propriété assez intéressante, ce qui signifie que le prix du Bitcoin ne suit pas nécessairement celui des autres classes d’actifs en cas de forte baisse du marché. Ainsi, les actifs non corrélés sont des outils populaires auprès des investisseurs pour protéger leurs portfolios.

Étant un actif non corrélé et résistant à la censure, il est fort possible que le Bitcoin devienne de plus en plus un “havre de sécurité”, un canot de sauvetage pour les capitaux lorsque les marchés plus gros s’effondrent. Mais il est également possible qu’en cas de crise, il soit abandonné au même titre que d’autres actifs à haut risque au profit de valeurs refuges traditionnelles. Je pencherai vers cette dernière option, mais cela dépendra vraiment de Bitcoin et de sa capacité à acquérir la confiance des investisseurs et de se forger une identité de valeur refuge avant qu’il ne soit mis à l’épreuve.

Quoi qu’il en soit, je pense que nous devrions le savoir en 2020.

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