Qu’est-ce que DeSo, la blockchain qui promet de décentraliser les réseaux sociaux ?

Paul Guillot
| 10 min de lecture

Le token natif de la blockchain DeSo, le $DESO, ayant été listé sur BitMart en ce début de semaine et sur Gate.io aujourd’hui même, prenons le temps de regarder de plus près les spécificités de cette blockchain de première couche. Conçue dès le départ pour résoudre un problème particulier sur lequel la majorité des développeurs – accaparés par la résolution du sujet d’échelle (scaling) de réseau tel que Ethereum – ne se sont pas vraiment penchés. Partant, Nader Al Naji, l’homme à la genèse du projet, a construit la blockchain qui, non pas au service de la DeFi, permettra plutôt à un écosystème de réseaux sociaux décentralisés d’éclore. Un secteur qui naît sous nos yeux et qui pourrait générer autant de valeur que la DeFi, si ce n’est plus. 

DeSo : le réseau social décentralisé

DeSo est un projet visant à créer une plateforme décentralisée où peuvent être développé des réseaux sociaux, qui donne aux utilisateurs de ces derniers un contrôle complet sur leurs données et leur contenu, tout en leur permettant d’être rémunéré en créant et en partageant du contenu. L’architecture de la plateforme utilise une blockchain privée pour sécuriser les données des utilisateurs et un système de consensus basé sur la preuve d’enjeu (POS) pour permettre aux utilisateurs de prendre des décisions sur la direction de la plateforme. Concrètement, les utilisateurs qui détiennent du $DESO peuvent de prendre des décisions sur les modifications de la plateforme, les nouvelles fonctionnalités et les règles de la communauté. 

Les réseaux sociaux actuels, comme Facebook ou Twitter, basés sur un modèle centralisé, permettent à une seule entreprise de contrôler toutes les données et les interactions de ses utilisateurs ; soit des centaines de millions de personnes. 

Cela peut entraîner des problèmes de confidentialité et de censure, les entreprises pouvant utiliser les données de leurs utilisateurs à des fins commerciales ou politiques, sans leur consentement bien sûr, ce qu’avait déjà révélé le scandale impliquant Facebook et Cambridge Analytica. Plus récemment, c’est Elon Musk, aux manettes de Twitter, qui se trouve accusé de suspendre de façon arbitraire les comptes de certains journalistes

DeSo vise  donc à résoudre ces problèmes en utilisant la technologie de la blockchain pour créer une plateforme décentralisée, n’appartenant en propre à personne, mais bel et bien à la communauté qui se mobilise pour maintenir le réseau en activité. Cela signifie que toutes les données sur DeSo sont stockées sur un réseau de nœuds, c’est à dire d’ordinateurs disséminés à travers le monde – dont chacun possède une copie du fichier blockchain – plutôt que sur des serveurs centralisés dont le contrôle échoit à l’entreprise qui les possède.

En utilisant la blockchain, DeSo permet également une gestion sécurisée des données des utilisateurs, car ces dernières sont cryptées et stockées sur plusieurs nœuds, ce qui empêche toute modification ou suppression. De quoi garantir que les utilisateurs ont un contrôle complet sur leurs données et peuvent choisir de les partager, ou pas, avec d’autres utilisateurs.

La rémunération sur DeSo

En utilisant DeSo, les utilisateurs peuvent créer des publications, des blogs, des vidéos, des images et des commentaires, tout en étant récompensés pour leur activité. 

Cela est rendu possible – à titre d’exemple – par l’application décentralisée Diamond. Sorte de Twitter du Web3, cette application est une des principales dapps développées sur la blockchain DeSo. 

Comme vous pouvez le voir sur la capture d’écran ci-dessous, les fonctionnalités de commentaire, de partage et de j’aime, cette sainte trinité de nos réseaux sociaux, est bien présente. Mais à droite de l’icone qui figure un cœur, c’est un diamant que l’on voit. Ce diamant est un “j’aime” qui possède une valeur monétaire de 0.00005 $DESO – soit, à l’heure d’écrire ces mots, un équivalent de 0.0004565 dollars. Avec cette publication donc, Nader Al Naji, le fondateur de DeSo, avait récolté, au moment de la capture d’écran, 99 x 0.0004565 ; soit un peu plus de quatre centimes. 

 

Une forme donc de micro rémunération pour les créateurs de contenus, qui peuvent ainsi compter directement sur leur communauté et s’émanciper des revenus publicitaires et par extension des annonceurs qui, soit dit en passant, sont au coeur de tous les modèles économiques d’entreprises Web2, comme les GAFAM. En outre, DeSo offre une expérience d’utilisateur plus transparente, car toutes les transactions et les interactions sont enregistrées sur la blockchain et peuvent être consultées par n’importe quel utilisateur. Cela permet aux utilisateurs de voir comment leur contenu est utilisé et rémunéré. 

 

Et c’est là précisément un des arguments des adeptes de DeSo, qui poussent les créateurs présents sur Twitter à rejoindre Diamond, ceux d’Instagram, Pearl (qui est son équivalent décentralisé) ou encore ceux de TikTok, Stori, une dapp très semblable au géant chinois, à cela près qu’elle est décentralisée, résistante à la censure et sécurisée par le technologie blockchain. Quand on sait que TikTok ne lésine pas lorsqu’il s’agit de censurer tel ou tel contenu, tel ou tel utilisateur, il est rassurant de savoir que des alternatives existent et qu’elles ne sont sous le contrôle d’aucune autorité centrale. 

Mais l’innovation sans doute la plus géniale des développeurs de DeSo, c’est ce qu’on nomme les “Creator Coins”. Ils constituent une nouvelle classe d’actifs liée à la réputation d’un individu, plutôt qu’à une entreprise ou à une marchandise.  

Ces jetons créateur sont véritablement le premier outil dont notre société dispose pour échanger l'”influence sociale” comme un actif. Une nouvelle qui ne ravirait pas le sociologue Pierre Bourdieu, dont le travail a notamment porté sur le capital social que possède ou non un individu. 

La valeur de la pièce de quelqu’un est donc corrélée à la popularité de ce dernier, comme le montre la capture d’écran ci-dessus. 

Par exemple, si Elon Musk réussit à faire atterrir la première personne sur Mars, le prix de sa pièce devrait théoriquement augmenter. Et si, au contraire, il tient des propos racistes lors d’une conférence de presse, le prix de sa pièce devrait théoriquement baisser. Ainsi, les personnes qui croient au potentiel d’une personne peuvent acheter ses pièces et en tirer un profit financier lorsque cette personne réalise son potentiel. Et les traders peuvent gagner de l’argent en achetant et en vendant les hauts et les bas.
Ceci étant dit, il existe de nombreuses autres possibilités intéressantes pour les pièces de créateurs qui, d’après l’équipe de DeSo, sont en cours de développement.

Quels objectifs pour la suite ? 

La blockchain de première couche DeSo, créée en janvier 2019 par Nader Al Naji, avec l’intention première et bien déclarée de devenir au secteur de la décentralisation des réseaux sociaux ce que sont Ethereum ou Cardano à la finance décentralisée, fait parler d’elle. Et les personnes à la tête de son développement sont optimistes.

 Au premier jour de cette nouvelle année, le fondateur de DeSo publiait un blog post intitulé Nouveautés de DeSo : un avant-goût de 2023, dans lequel on apprenait notamment que DeSo possède 70 millions de dollars de trésorerie, répartie en 2500 bitcoins et 30 millions de jetons stables USDC ; qu’avec désormais 8 ingénieurs le nombre de personnes associées était de 13 ; que le lancement de son propre stablecoin, le DeSoDollar, est sur la bonne voie. 

Et Nader Al Naji de préciser, à propos de ce DeSoDollar : 

Du fait que les portefeuilles numériques générés sur DeSo sont généralement liés au réseau social, vous pouvez voir qui sont les détenteurs de DesoDollar juste ici, ce qui est plutôt cool! 

Cela, en plus du ravalement de façade de deso.com et de la refonte du hub dédié aux développeurs, sans oublié l’excitant DeSo Vault – présenté comme un Dropbox “killer”- qui rendra possible un stockage et un échange de données sécurisés, abordable et résistant à la censure, prouve que DeSo compte bien faire de 2023 son année. 

La jeune blockchain mise sur son architecture unique qui, comme le montre les chiffres de la capture d’écran ci-dessous, lui donne un avantage concurrentiel énorme vis à vis les autres blockchain. En effet, concentrée sur le stockage de données que produisent les applications telles que les réseaux sociaux, elle peut aujourd’hui être fière de ses efforts : un dix millième de centime pour 200 caractères ; plutôt négligeable comme frais. 

Mentionnons aussi l’intégration à MetaMask, qui rendra DeSo compatible avec n’importe quelle application née sur le réseau Ethereum. Ce qui n’est pas une mince affaire, puisque cela va permettre, notamment, de réaliser de nouveaux partenariats avec des plateformes d’échange de NFT majeures. 

Enfin, le lancement à venir de la version bêta de l’application décentralisée MegaSwap promet une adoption plus grande de DeSo. Elle permet actuellement l’encaissement direct de jetons $USDC sur Diamond, ce qui était une fonctionnalité très demandée. Elle rend aussi possible la constitution de fonds trésorerie en USD sur Openfund, une application née sur DeSo qui propose des services de levées de fonds. ll faut noter que Megaswap a déjà réalisé un volume de plus d’un million de dollars rien qu’avec les intégrations de Diamond et Openfund. 

En somme, DeSo est un projet plein de promesses dont les accomplissements passés prouve combien sont dédiés à sa croissance et à son bon fonctionnement les personnes à la tête du projet, au premier rang desquels figure Nader Al Naji.