Smartsplit : gérer les droits d’auteur grâce à la blockchain

David Nathan
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Photo: iStock / Bilgehan Tuzcu

Le groupe de musique canadien Valaire et son équipe viennent de recevoir l’aval du fonds Stratégie numérique du Conseil des arts du Canada, afin de développer « Smartsplit », une plateforme numérique fondée sur une blockchain visant à gérer les droits d’auteur.

Déjà en cours de préparation depuis novembre 2018, la plateforme verra le jour cet automne. À maturité, Smartsplit permettra aux artistes en musique de déterminer « qui fait quoi » sur une pièce musicale et de convenir de « qui possède combien » sur ses droits. Une fois l’entente conclue entre les créateurs, celle-ci sera cristallisée sur une blockchain, tandis que les métadonnées de la pièce musicale seront publiées dans le Web sémantique (en format ouvert et interopérable), au grand bénéfice de la découvrabilité de l‘oeuvre. Ce projet porté par les Valaire, qui se sont d’ailleurs pour l’occasion entourés d’une équipe de spécialistes en développement Web, sera déployé en code source ouvert. Ainsi, le tout sera à terme réutilisable pour l’ensemble du milieu culturel.

À ce jour, ce projet rassembleur jouit déjà de l’appui d’entités culturelles importantes comme l’Orchestre Métropolitain, Yannick Nézet-Séguin, la Guilde des musiciens et musiciennes du Québec, le Regroupement des artisans de la musique (RAM) et RIDEAU. De plus, des dizaines d’artistes et artisans en musique ont déjà participé à la validation du concept qui entrera en production au début de mai.

Un appel aux artistes-testeurs !
Afin de tester sa maquette fonctionnelle, l’équipe de Smartsplit désire rencontrer plusieurs profils d’artistes en musique: homme, femmes, débutants, professionnels, auteurs, compositeurs, interprètes, auto-producteurs, réalisateurs, etc. Les artistes désireux de participer à ces séances de tests d’utilisation doivent manifester leur intérêt à l’adresse tester.smartsplit.org, d’ici la fin d’avril. Ces rencontres avec les artistes sélectionnés auront lieu dans les bureaux de Smartsplit, à Montréal.

Pourquoi vouloir créer Smartsplit?
Pour adresser des problématiques qui touchent l’ensemble des acteurs de notre industrie musicale :

  • Le partage de droits entre les créateurs (le « split »);
  • Le faible potentiel de découvrabilité des oeuvres canadiennes dû à la disparition des supports physiques et la production déficiente de métadonnées;
  • La lourdeur administrative de certains partages des revenus.

À qui va s’adresser la plateforme en priorité?
Aux auteurs, compositeurs, interprètes, chanteurs et chanteuses, musiciens et musiciennes, arrangeurs, réalisateurs, éditeurs et producteurs.

Qui est l’équipe derrière le projet?
Opéré par Georges Gyenizse (Conseiller senior en gestion d’applications Blockchain & Smart Contracts chez Arobas Conseils) et Guillaume Déziel, (Stratège en Culture numérique et Modèles d’affaires fondés sur la blockchain), ce projet rassembleur jouit déjà de l’appui d’entités culturelles importantes comme l’Orchestre Métropolitain, Yannick Nézet-Séguin, la Guilde des musiciens et musiciennes du Québec, le Regroupement des artisans de la musique (RAM) et l’Association professionnelle des diffuseurs de spectacles (RIDEAU).

Est-ce un projet à visée internationale?
Pour le moment, la preuve de concept que nous faisons repose sur la réalité canadienne. Cependant, l’objectif à moyen terme est d’ouvrir le principe à d’autres marchés. À ce titre, nous travaillons déjà en collaboration avec une Chaire de recherche française en propriété intellectuelle.

Quel est le rôle concret du groupe Valaire?
Valaire est l’initiateur du projet et le candidat principal qui a déposé la demande au Fonds Stratégie numérique du Conseil des arts du Canada. Le groupe à ciblé les problématiques liées au partage de droits et à la découvrabilité des oeuvres comme chantier d’amélioration pour eux-mêmes et pour l’ensemble de leur milieu.

Travaillez-vous en lien avec des sociétés de gestion collective de droits?
Nous travaillons en étroite collaboration avec des sociétés de gestion collective et des entités comme la BAnQ.

C’est quoi le(s) défi(s) avec ce projet?
Le grand défi est de démontrer, par preuve de concept appliquée à notre industrie, que la tokenisation des droits et l’utilisation des cryptomonnaies à vocation administratives et l’exécution de contrats intelligents sont une voie à privilégier pour en arriver à une administration plus claire, plus transparente et plus fluide des droits et revenus chez les artistes. D’autre part, la technologie distribuée évoluant à grand pas, un autre défi consiste à l’obsolescence rapide des choix technologiques en cours. Pour ces raisons, nous privilégierons des environnement ouverts aux technologies fermées.

Sur quel type de blockchain est-ce que ça va tourner?
Nos choix ne sont pas encore arrêtés. Pour le moment, nous explorons la voie d’Ethereum. Mais compte-tenu de l’évolution rapide des technologies distribuées, il n’est pas exclu que nous migrions le tout vers d’autres solutions, à l’automne, dans le cas où ça deviendrait logique ou moins coûteux en GAS.

Allez-vous lever des fonds? De quelle façon?
C’est le volet «Transformation organisationnelle» du Fonds Stratégie numérique du Conseil des arts du Canada qui a financé en très grande partie ce projet.

C’est quoi la roadmap du projet?

  • NOVEMBRE 2018 à AVRIL 2019 – Préproduction : démarchage et analyses fonctionnelles, maquettes fonctionnelles.
  • MAI : Test des maquettes fonctionnelles avec des artistes de tous profils. Les artistes peuvent soumettre leur candidature au tester.smartsplit.org
  • MAI à SEPTEMBRE 2019 – Production : développement informatique, Q&A, Beta testing.
  • AUTOMNE 2019 : livraison du prototype en code source ouvert.