Un livre blanc sur la blockchain déposé à l’Assemblée nationale du Québec

David Nathan
| 5 min de lecture

Photo: L’Assemblée nationale du Québec / Wikimedia Commons (Marc-Lautenbacher)

L’Institut de gouvernance numérique (IGN) a déposé mercredi 20 octobre 2019 à la tribune de l’Assemblée nationale du Québec un livre blanc de 56 pages intitulé “Registres distribués, l’évolution de la chaîne de blocs. Impacts, enjeux et potentiels pour le Québec”.

Selon l’IGN, ce livre blanc vise à “éclairer les décideurs publics et la communauté d’affaires sur cette technologie transformatrice. Les registres distribués bouleversent le domaine de l’archivage et de l’échange sécuritaire des informations, des transactions électroniques, des identités numériques, des dossiers patients, etc”.

La recommandation principale du document est la suivante: “Que le Gouvernement du Québec reconnaisse la technologie des chaînes de blocs et des registres distribués comme un enjeu économique stratégique et incontournable”.

Rémi Quirion, Scientifique en chef du Québec et l’un des parrains du projet souligne l’urgence de passer à l’action. « À l’heure où les vols de données sont un fléau à travers le monde, à la veille de l’arrivée de la connectivité 5G qui décuplera les données en circulation, au moment où s’amorce la révolution de l’intelligence artificielle, la technologie des registres distribués apparaît comme un élément incontournable. Elle devient un nouveau symbole de cette ère numérique qui fait des données une ressource, et de la sécurité des renseignements personnels, une condition de succès ».

Graphiques tirés du livre blanc sur la blockchain déposé à l’Assemblée nationale du Québec
Graphiques tirés du livre blanc sur la blockchain déposé à l’Assemblée nationale du Québec

Selon une récente enquête pancanadienne de la Chamber of Digital Commerce of Canada (octobre 2019) visant à mesurer l’écosystème des acteurs associés aux chaînes de blocs au Canada, “l’industrie canadienne concentre plus de 80 % de ses acteurs en Ontario et en Colombie-Britannique; le Québec et l’Alberta semblent encore loin derrière, mais seraient en progression rapide”.

Pour le professeur Kaiwen Zhang du département de génie logiciel de l’École de technologie supérieure, que nous avions interviewé il y a quelques semaines, « À brève échéance, les registres distribués pourraient devenir l’ossature technologique des transactions numériques à l’échelle mondiale avec un champ d’application illimité ».

Graphique tiré du livre blanc sur la blockchain déposé à l’Assemblée nationale du Québec
Graphique tiré du livre blanc sur la blockchain déposé à l’Assemblée nationale du Québec

Ce livre blanc présente plusieurs objectifs, parmi lesquels:

  • présenter cette technologie de manière simple;
  • aider à la compréhension du potentiel transformateur et parfois perturbateur des outils qui en découlent;
  • cerner certains enjeux plus spécifiques au Québec en regard du développement et de l’utilisation des registres distribués;
  • décrire les forces et les faiblesses de l’écosystème québécois en la matière;
  • définir des pistes d’action adaptées à la réalité québécoise pour le développement de cet écosystème.

On y trouve également plusieurs exemples d’applications concrètes de la blockchain que le gouvernement pourrait mettre en place:

  • Le vote numérique utilisant la chaîne de blocs peut servir aux membres d’une organisation, à ses administrateurs et aux actionnaires d’une entreprise.
  • Les systèmes d’identités numériques permettent de valider l’identité des parties prenantes et de confirmer leur accès à des services gouvernementaux. Par extension, l’identité numérique reconnue par l’État permet de certifier des titres de propriété, de voter dans différents contextes, de procéder à l’approbation de l’ouverture de comptes bancaires et de répondre aux exigences administratives de différents intervenants.
  • La technologie permet des mécanismes nouveaux de consultation utilisant des systèmes de délibération numérique (propositions, argumentaires, amendements); une approche facilitant l’usage de données dans les prises de décisions (data-driven decisions) et impliquant davantage les parties civiles. Utilité : amener des manières innovantes de consulter les citoyens, revitaliser la relation démocratique État-citoyen, renforcer les communautés.

Les travaux de ce livre blanc ont été menés par un comité directeur composé d’universitaires, d’entrepreneurs, d’avocats et d’administrateurs publics. L’Autorité des marchés financiers, Québec Blockchain, Catallaxy (une filiale de Raymond Chabot Grant Thornton), Bitfarms, l’Université Laval, l’École de technologie supérieure ainsi que La Capitale ont aussi contribué à l’exercice. Le Scientifique en chef du Québec, Hydro-Québec, le ministère de l’Économie et de l’Innovation du Québec, le ministère des Finances du Québec, Finance Montréal et le Hub Saguenay–Lac-Saint-Jean ont rendu possible l’élaboration de ce livre blanc par leurs contributions financières respectives.

Pour lire le livre blanc cliquez ici.