Rencontre avec Pboy, artiste peintre crypto

David Nathan
| 5 min de lecture

Delacroix vs BCE / Photo: Pboy

Passionné par le dessin depuis son plus jeune âge, Pascal Boyart alias Pboy a commencé sa carrière comme graffeur et s’est rapidement fait un nom dans le milieu de l’art urbain. Pendant près de quinze ans, il a exercé son art sur les murs de Paris à travers des fresques ultra réalistes.

Respecté par ses pairs pour la qualité de son travail, Pascal Boyart s’est par ailleurs distingué des autres artistes à travers son approche matérielle de la peinture qui associe les nouvelles technologies à des techniques de peinture traditionnelles. Il est aussi connu comme étant le premier peintre muraliste à avoir proposé les dons en Bitcoin grâce à un code QR code apposé sur ses œuvres.

Quand on vous demande votre métier, vous répondez quoi ?
Artiste peintre.

Vous êtes reconnu comme étant le premier artiste à avoir apposé un code QR sur vos œuvres : comment est venue cette idée ?
Il y a plus de 5 ans, l’idée m’était venue de mettre un code QR sur mes fresques avec un lien vers mon site internet, mais je ne suis pas passé à la pratique. Puis l’idée à rejailli d’apposer un code QR avec mon adresse de réception Bitcoin sur mes œuvres street art… Je ne savais pas si j’étais le premier, pour moi c’était une idée normale et une évidence, d’ailleurs j’ai appris après coup que l’artiste américain Crypto-graffiti l’avait déjà fait il y a quelques années.

Quelle est la première œuvre qui a été faite avec ce code QR ?
Une fresque réalisée en novembre 2017, qui représente un enfant qui demande : “Papa, c’est quoi l’argent ?”. C’est une thématique inspiré du livre “L’internet de la monnaie” d’Andreas Antonopolous. S’en est suivit deux autres fresques street art avec des codes QR qui ont eu plus de succès : “Rembrandt dos au mur” et “Delacroix vs BCE”.

Comment vous êtes-vous intéressé aux cryptos ?
J’en entendais parler depuis un moment mais sans vraiment m’y intéresser, puis au début de l’année 2017, j’ai commencé à comprendre la technologie qui était derrière, pour finalement me passionner pour le sujet !

Vous utilisez parfois des symboles de la finance traditionnelle dans vos œuvres, pourquoi ?
Pour montrer l’archaïsme de cet ancien monde financier, et qu’il est temps de passer du minitel à internet…

Comment décrivez-vous votre façon de peindre ?
Une recherche de liberté, de création et d’action.

Rembrandt dos au mur / Photo: Pboy

Quels artistes (tous arts confondus) trouve-t-on à votre panthéon ?
Tout ceux qui ont marqué en profondeur l’histoire de l’Art… des fresques de Lascaux à la peinture romaine pompéienne, du réalisme aux impressionnistes. Du pointillisme de Seurat ou Signac à l’expressionnisme abstrait de Pollock… et de certains peintres contemporains comme Francis Bacon à certains artistes italiens comme Blu, Bosoletti.

Vous acceptez les dons en Bitcoins. Combien avez-vous reçu jusqu’à présent ?
À ce jour 0,14 BT (environ 1 000$). Un grand merci à tous les généreux donateurs, je pensais pas recevoir autant… Ça m’encourage à continuer, et à imaginer qu’à l’avenir d’autres artistes utilisent ce moyen pour recevoir des dons en cryptomonnaies !

Le milieu de l’art est très intéressé par la blockchain, Christie’s va d’ailleurs utiliser cette technologie dans une vente aux enchères. Quels sont les avantages concrets selon vous pour les artistes ?
Une authentification des œuvres plus fiable, donner plus de valeur à l’art digital, permettre les payement en pair à pair sans censure, le financement participatif en limitant les intermédiaires, la possibilité d’avoir plus de fluidité sur les transactions à l’échelle internationale… et surtout une décentralisation des autorités centrales qui ne peut apporter que du positif dans la création en ramenant les pieds sur terre à ce monde de la finance hors sol, déconnecté du réel, y compris dans le marché de l’art.

Dollars Nakamoto / Photo: Pboy

Où peut-on voir vos œuvres ?
Actuellement, deux sont encore visibles au niveau du pont de la rue Riquet à Paris.

Parmi vos œuvres, laquelle représente le plus votre travail ?
Les œuvres comme le “Rembrandt dos au mur”, “Delacroix vs BCE” ou “Dollars Nakamoto” sont une voie qui me plait beaucoup pour mes prochaines réalisations.

L’art doit-il être subversif ?
Pas nécessairement, mais l’art qui a pour vocation à rester dans la postérité doit l’être.

Êtes-vous subversif ?
J’espère l’être de plus en plus ! La postérité le dira.

Votre fresque murale qui montre Delacroix brûler un billet, c’est de la provocation ou le signe que les choses sont en train de changer et que l’avènement des cryptos est inéluctable ?
Les deux ! C’est aussi un petit clin d’œil au geste de Gainsbourg.

Quels sont vos projets professionnels pour les prochains mois ?
Après avoir co-organisé l’exposition collective de Crypto Art “Bitcoin Art (r)evolution“, avec Natacha Bernardin de Htag Consulting et Brian O’Hagan, pour célébrer les 10 ans du Bitcoin avec une dizaine de crypto artistes internationaux… exposition qui a permis d’organiser une première mondiale à Paris et d’utiliser les cryptos pour des cas concrets. Je vais me remettre à peindre pour une future expo solo l’année prochaine, refaire quelques fresques murales… et si l’enthousiasme revient, quelques autres surprises autour des cryptos…

Plus d’informations: www.pboy-art.com