Crise bancaire mondiale : quel rôle a joué le bitcoin ?

Pauline Eyebe
| 6 min de lecture
Bitcoin. Source : Adobe

La Réserve fédérale (Fed) a déployé des efforts considérables pour approvisionner le marché en liquidités, dans un contexte dans lequel le monde est aux prises avec une crise bancaire sur le point de déboucher sur un désastre total. Le marché des crypto-monnaies, en particulier le bitcoin, a réagi à cette initiative de la Fed d’une manière inattendue.

De nombreux investisseurs doutent désormais de la sécurité de leurs actifs en raison de la hausse des taux d’intérêt et d’une série de sauvetages de banques provoqués par le délicat exercice d’équilibre entre le resserrement et l’assouplissement de la politique monétaire de la Fed.

La mondialisation de la crise financière

Certaines banques américaines, notamment la Silvergate, la Silicon Valley Bank, la Signature Bank et la First Republic Bank, ont connu des difficultés extrêmes ces dernières années. Ces difficultés ont nécessité l’intervention des pouvoirs publics ou des marchés. Mais la situation s’est propagée au-delà des frontières des États-Unis.

En effet, des banques européennes comme le Crédit Suisse et la Deutsche Bank font également face à des difficultés financières.

Graphique du cours du BTC, Silvergate, Silicon Valley Bank, Signature Bank, First Republic Bank, Credit Suisse et ces deux dernières banques. Source : TradingView

Dans le monde entier, les gouvernements et les banques centrales se sont mobilisés pour atténuer la crise et fournir des liquidités.

La Réserve fédérale, la FDIC et d’autres entités sont intervenues en lançant des “bazookas monétaires” sur les banques américaines en difficulté. Grâce à ces mesures, le bilan de la Fed a augmenté de 400 milliards de dollars en l’espace de deux semaines.

Ainsi, les progrès réalisés en matière de resserrement quantitatif au cours de l’année écoulée ont été réduits à néant par cette augmentation soudaine de 64 %.

Bilan de la FED américaine. Source : Réserve fédérale américaine

Le plan de la Fed reste cependant inconnu des acteurs du marché. En effet, malgré la hausse des taux d’intérêt, l’énorme afflux de liquidités a semé la confusion sur le marché.

Selon Torsten Slok, associé et économiste en chef d’Apollo, le décalage entre le taux des fonds fédéraux et les taux d’intérêt sur les comptes courants est “la raison sous-jacente pour laquelle l’argent est retiré des comptes bancaires”.

Toujours selon Torsten Slok, cette différence croissante est “très exceptionnelle” par rapport aux crises financières précédentes, où les pertes de crédit étaient souvent la cause de l’instabilité du marché.

Les fonds de la Réserve fédérale américaine par rapport aux taux d’intérêt. Source : Apollo Global Management 

L’éveil psychologique des investisseurs et le succès du bitcoin

En raison de cette incertitude due à la crise bancaire et à l’action du gouvernement américain, de nombreux investisseurs se sont tournés vers des solutions alternatives telles. 

Le bitcoin, l’or et l’immobilier font partie de ces solutions alternatives. En raison des inquiétudes croissantes relatives à la sécurité du système bancaire traditionnel, un “réveil psychologique” des investisseurs a eu lieu dans la communauté Bitcoin.

Cela a entraîné une augmentation des investissements dans les produits du marché monétaire et dans d’autres actifs autres que les comptes bancaires. Cette situation a accentué la pression sur le secteur bancaire, ainsi que la nécessité d’obtenir de meilleurs rendements.

Selon l’économiste Nouriel Roubini, les déposants se rendent compte qu’ils peuvent gagner 4 % sur des bons du Trésor sûrs à court terme alors que les placements bancaires ne leur rapportent pratiquement rien. C’est la principale raison pour laquelle les banques continuent de faire faillite.

“Dr. Doom” affirme que l’époque où les banques pouvaient profiter des dépôts gratuits tire à sa fin. Selon Nouriel Roubini, la vulnérabilité des comptes bancaires aux fluctuations des taux d’intérêt s’accroît de plus en plus.

Malgré les circonstances difficiles, les experts sont certains que la crise bancaire finira par être résolue. En effet, les gouvernements et les banques centrales travaillent sans relâche pour mettre un terme aux faillites bancaires, tant au niveau national qu’international.

Suite à la déclaration d’une augmentation de 0,5 point des taux d’intérêt sur les comptes bancaires, la présidente de la Banque centrale européenne, Christine Lagarde, a déclaré lors d’une conférence de presse :

“Selon les prévisions, l’économie devrait s’améliorer au cours des prochains trimestres. Cette amélioration devrait se traduire par une augmentation de la production industrielle dès lors que les conditions d’approvisionnement continueront de s’améliorer, que la confiance des consommateurs augmentera et que les entreprises finiront de traiter leurs énormes carnets de commandes. De plus, la baisse du pouvoir d’achat ressentie par de nombreux consommateurs en raison de la forte inflation sera partiellement compensée par l’augmentation des salaires et la baisse des prix de l’énergie. Cela encouragera alors les dépenses de consommation.”

Malgré ce discours optimiste, il est probable que les efforts déployés pour stabiliser l’économie se traduiront par des pressions inflationnistes supplémentaires et par une augmentation des prix des denrées alimentaires.

Par conséquent, les investisseurs diversifient de plus en plus leurs investissements et misent sur des alternatives telles que le bitcoin. C’est ainsi que sur la blockchain, plus de 4,28 millions de portefeuilles détenant 0,1 BTC ou plus ont été créés.

De toute évidence, face à ce bourbier financier, la jeune génération est plus encline à s’appuyer sur des solutions logicielles que sur des systèmes pilotés par l’homme.

Il est nécessaire que les investisseurs gardent un œil attentif sur les réponses des banques centrales. La crise bancaire mondiale est toujours en cours, mais les développements en Europe et dans d’autres régions touchées peuvent donner un aperçu de la situation.

La poursuite d’une économie basée sur l’endettement et d’un système bancaire à réserves fractionnaires suggère qu’à long terme, les actifs alternatifs comme le bitcoin pourraient se révéler très profitables.