NFT Paris 2023 – reportage (1/2)

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Fort du succès de sa première édition, NFT Paris, l’évènement phare de l’écosystème des NFTs, ne lésine pas sur les moyens et récidive en grandes pompes, tout en restant fidèle aux principes de base du Web3 (authenticité, autonomie, équité ou encore transparence). Prenant place ces 24 et 25 février dans l’enceinte du Grand Palais Éphémère, la conférence, qui jouit d’un rayonnement intercontinental, a accueilli alentour de 10 000 personnes. Un afflux massif qui, à l’heure d’écrire ces lignes, se disperse en divers lieux de Paris, hôtels, restaurants et boites de nuit où quantité d’évènements annexes au principal sont organisés tant par des professionnels reconnus du Web3, que par des associations, des collectifs, des artistes ou de simples passionnés, tous curieux et avides de nouvelles rencontres. Maintenant, lisez et laissez vous aller ; vous aurez, avec un peu de chance, l’impression d’y être. 

Une affluence record

[24 février – matin] 

Il est presque 9 heures. L’évènement doit débuter dans trente minutes. De la bouche de métro école militaire sortent des centaines de personnes. On devine rapidement, en tendant l’oreille de droite et de gauche, que la plupart de ces gens viennent ici pour assister à la conférence. On devine du même coup que certaines personnes ont fait un long voyage pour venir. D’autres viennent de Lyon, de Nantes, ou de pays voisins ; certes leur voyage a été plus bref que celui de ces Sud-Coréens débordant d’enthousiasme, mais ils se sont déplacés quand même.

Les portes de l’enceinte où va se réunir une foule composée d’individus dont la seule caractéristique commune est d’être, ainsi peut-être que vous qui lisez, parmi les “early adopters” d’une technologie qui, si elle a peut-être dépassé le stade de l’enfance, n’en est pas pour autant moins loin d’atteindre à sa maturité. Il est d’ailleurs amusant de remarquer combien les regards interrogateurs que jettent les passants profanes aux oriflammes marquées de ces trois lettres (NFT), crée comme une connivence d’initiés entre les participants. 

Alexandre Tsydenkov et Côme Prost-Boucle, les deux jeunes hommes qui sont à l’origine de la fameuse conférence NFT Paris, peuvent donc se féliciter. Alors qu’il y a un an, leur projet réunissait moins de mille personnes dans un espace en périphérie de Paris, cette fois-ci, c’est au coeur de la capitale qu’ils sont parvenus à rassembler une dizaine de milliers de participants au Champ de Mars, à quelques pas de la tour Eiffel, dans l’enceinte temporaire d’un des lieux de réception les plus prestigieux de France, le Grand Palais. 

Et tout ça, pour des NFTs. En termes économiques, cela représente 1150% d’augmentation. Plutôt bullish, comme signal, n’est-ce pas ? D’autant qu’au cours de l’année 2022, saccadée par les scandales successifs du monde des cryptos, le marché des NFTs avait accusé de rudes coups – à tel point qu’on se demandait si ce dernier n’allait pas mourir prématurément. Rendez-vous compte, entre les mois de janvier et octobre 2022, le volume total d’échange de NFTs avait chuté de 97,5%. 

De quoi poser genou à terre, pas plus. Pour mieux se relever semble-t-il. 

Des participants proactifs…

En dépit d’une gestion des arrivants qui laisse à désirer (celles et ceux n’ayant pas anticipé tant de monde ont parfois attendus jusqu’à deux heures avant de pouvoir entrer, et l’organisation a envoyé, à peine trois heures après le début des festivités, un message à tous les participants mentionnant une “file d’attente plus longue que prévue”) il faut dire que l’aménagement de l’espace et le placement des éventaires réservés aux entreprises, les espaces dédiés aux artistes, permettent de se déplacer sans trop de bousculade, tout en créant une proximité bienvenue dans ce lieu où la curiosité de tous est palpable. 

Il faut aussi noter que, même si la file d’attente a pu devenir un serpent humain d’environ deux kilomètres de long, et en cela impatienter les participants, ces derniers – sauf quelques uns qui déjà s’indignaient sur Twitter de “l’organisation catastrophique” tout en rappelant le prix très élevé des billets (390 euros pour les deux jours) – sont enthousiastes. Plutôt que de râler, ils sont nombreux celles et ceux qui profitent de ce temps pour lier discussion, pour se rencontrer. 

Ainsi les membres du collectif La Meute, fondé par @Le699a, un jeune lyonnais dans sa vingtaine, qui se rencontrent pour la première fois après avoir échangé pendant des mois sur un serveur Discord. Ou encore Arsène, qui travaille à la SACEM et est venu seul, car, dit-il, on fait souvent de belles rencontres dans ce genre de lieux, et puis la question des droits d’auteurs, évidemment bouleversée par l’arrivée de la blockchain, l’intéresse beaucoup. Et puis il y a encore de nombreux journalistes. Une bonne centaine à vue d’oeil. La plupart sont envoyé de l’étranger par leur rédaction. C’est dire l’ampleur de NFT Paris.

…et des personnalités de bon augure

Il est maintenant 9h40. NFT Paris s’ouvre par la prise de parole de ses co-fondateurs. Celle-ci est suivie d’une allocution de Jean-Noël Barrot, ministre délégué chargé de la Transition numérique et des Télécommunications. Ce dernier, véritable champion politique du Web3 français et européen, ne fait guère d’annonce fracassante. Mais ses quelques mots lors de la cérémonie d’ouverture, puis son passage au stand de la société Arianee, où il a rencontré son fondateur, Pierre-Nicolas Hurstel, ont suffi a marqué un certain soutien du gouvernement à l’évènement. Une sorte d’adoubement institutionnel de ce secteur très prometteur tant en termes économiques qu’en matière à résoudre certaines problématiques inhérentes au fonctionnement actuel d’Internet.

Et, pour être sûr que le message soit bien compris de tous, c’est la Première Dame, l’épouse du Président de la République, Mme Brigitte Macron qui, en début d’après-midi, a surpris les participants de sa présence. Deux personnalités importantes du gouvernement français – bien que la seconde n’exerce aucun mandat, la symbolique est forte – dont la présence à NFT Paris est sans doute un moyen d’affirmer subtilement au Royaume-Uni que la France est bien décidée à – et positionnée pour – devenir le centre européen de l’écosystème Web3. 

 

La seconde partie de ce reportage sera publiée le 26 février.