Tout ce qu’il faut savoir sur Ethereum France

David Nathan
| 7 min de lecture

Parmi les communautés cryptos incontournables de la francophonie, Ethereum France arrive dans le peloton de tête. Cryptonews a voulu en savoir plus en interviewant Simon Polrot, le fondateur de la plateforme.

Comment peut-on définir Ethereum France?
Simon Polrot: Ethereum France se définit comme un site communautaire de passionnés dont l’objectif est de diffuser largement les connaissances autour de la technologie Ethereum en général (protocole, philosophie, ether, dApps, etc.) auprès d’un public francophone. Les articles publiés incluent des actualités, des articles de fond décrivant le protocole, des tutoriels pour utiliser les outils existants, etc. Le site n’a pas d’objectif commercial et pas de publicité, hormis deux liens d’affiliation qui permettent de payer les frais d’hébergement. Les contributeurs sont bénévoles.

Qui a fondé Ethereum France? Une seule personne? Un groupe de passionnés?
Une seule personne: moi-même. Je me suis passionné fin 2015 pour Ethereum. J’ai énormément lu sur le sujet et eu beaucoup de mal à rassembler les informations disponibles à ce moment là, qui étaient dispersées sur Reddit, le site de la Fondation, le forum du site (depuis fermé), le blog de la Fondation, des documentations techniques dispersées, le forum Bitcointalk… Et rien de tout ceci n’était en français.

J’ai rapidement pensé qu’il était important de diffuser l’information en langue française et de coordonner le début de communauté francophone autour d’Ethereum. J’ai donc lancé le site, un peu sur un coup de tête, mi-février 2016. Au départ, il s’agissait simplement de tutoriels pour acheter des ethers et d’un article décrivant Ethereum en termes simples, mais le mouvement a pris rapidement et il a fallu produire du contenu. Ce n’était pas facile car à l’époque j’étais avocat à plein temps, ce qui constitue déjà une occupation très prenante.

Après avoir pris contact avec la communauté francophone existant à l’époque (CryptoFR, les quelques meetups bitcoin / blockchain existants), j’ai eu mes premiers échanges fructueux autour d’Ethereum France. J’ai notamment rapidement noué un partenariat avec Quentin de Beauchesne (administrateur de la communauté cryptoFR) et nous avons réalisé une interview de Vitalik Buterin ensemble. D’autres passionnés se sont joints rapidement. Citons Jérôme de Tychey, Jean Zundel, Gauthier Marin, Marc Zeller, Okkoh (un mineur), Scott Piriou… Je reste aujourd’hui l’unique administrateur du site et le principal rédacteur – par conséquent le rythme de rédaction et l’évolution du site sont fortement dépendants de mon temps libre qui est malheureusement limité.

Quelle est l’ambition principale d’Ethereum France?
L’ambition a toujours été modérée mais difficile : décrire le plus simplement possible le projet Ethereum, dans tous ses aspects. Il y en a beaucoup : la blockchain, la cryptomonnaie, les smart-contracts, le projet Web3, les DAO, etc. Le tout sur une base bénévole et « passionnée » qui permet une liberté totale dans le ton, le choix et le traitement des sujets, ce qui était quelque chose d’important pour moi dès le départ.

A qui s’adresse le site en premier lieu?
En premier lieu, aux néophytes, quel que soit leur niveau en informatique, économie… qui sont intéressés par la blockchain ou Ethereum et se posent des questions. Nous n’avons pas encore traité tous les sujets (notre temps libre est limité) mais il y a une site d’articles « essentiels » sur le site qui couvre un peu cette première approche.

Pour autant, nous n’évitons pas les sujets complexes ou contentieux comme les hard forks, les attaques sur le réseau ni les sujets de recherche très techniques comme le sharding ou le proof of stake. Mais quel que soit le sujet, l’objectif reste toujours de rester clair et compréhensible, et cela se reflète aussi dans le traitement des sujets et les articles que nous choisissons de traduire (de nombreux contenus sont des traductions de contenus originaux anglophones).

Il n’y a pas de contenu pour développeur avancé sur le site, car nous considérons que la documentation de référence est largement suffisante et qu’à partir d’un certain niveau de compétence il est obligatoire pour un développeur de savoir se servir de celle-ci directement, même si elle est entièrement en anglais. La frontière est mince mais disons que le développeur Solidity pur qui ne s’intéresse pas au protocole ni à l’actualité générale autour d’Ethereum (s’il existe) n’apprendra pas grand chose d’utile sur le site.

Combien comptez-vous de contributeurs aujourd’hui?
Il y a 18 comptes sur le site ayant les droits pour écrire un article. La plupart n’ont écrit qu’un ou deux articles, mais l’équipe de rédacteurs « réguliers » (ayant rédigé un article phare du site ou étant contributeur régulier) est d’environ 5-6 personnes, pour environ 200 articles rédigés.

Combien de visiteurs avez-vous ?
Le nombre de visiteurs dépend beaucoup de l’engouement autour de la technologie. Il y a eu des journées à 15 000 pages vues journalières en 2017. Mais la vitesse de « croisière » depuis plus d’un an se situe autour de 1500 – 2000 pages vues par jour dans une période de désintérêt du public comme celle que nous vivons, et 3 – 4000 en période d’intérêt élevé. Depuis la création du site cela représente plus de 2,5 millions de pages vues.

Sur le site il est écrit qu’il n’y a pas de filiation avec la fondation Ethereum. Est-ce un choix?
J’ai l’autorisation de la Fondation d’utiliser le logo et de maintenir le site, mais il n’y a effectivement aucun partenariat formel. Ce n’était au départ pas un choix du fait du lancement très confidentiel du site. Il y a eu depuis des opportunités de partenariat avec la Fondation ou avec des entreprises privées, mais je n’ai pas donné suite dans la mesure où j’ai pensé jusqu’ici que les conditions auraient pu mettre à mal l’indépendance rédactionnelle du site.

Quels sont les projets pour Ethereum France dans les prochains mois?
Il y a un regain d’intérêt ces derniers mois autour de la technologie, qui se cristallise autour des applications décentralisées, des projets de mise à l’échelle (sharding, proof of stake) mais aussi autour du hard fork qui devrait avoir lieu cette fin d’année. Ce regain d’intérêt s’illustre par l’enthousiasme renouvelé de certains auteurs et un certain nombre d’articles de fond sont prévus pendant les prochains mois. Pour autant, je n’ai pas de pression particulière sur le développement du site qui reste un projet annexe et bénévole auquel je consacre entre 0 et 30 heures par semaine selon l’envie. Je n’ai par conséquent pas de plan de développement spécifique, sinon procéder comme je le fais depuis deux ans et demie par petites améliorations successives et répondre aux demandes, propositions d’améliorations. Je serai enfin ravi d’accueillir de nouveaux rédacteurs si ceux-ci se font connaître d’une façon ou d’une autre.

Pour en savoir plus sur Ethereum France.