Binance supprime 5 banques russes de son exchange pair-à-pair

Benoit de Jessey
| 3 min de lecture

Binance, l’une des plus grandes plateformes d’échange de cryptomonnaies au monde, a récemment retiré plusieurs banques russes sanctionnées de sa plateforme de trading peer-to-peer (P2P). Cette décision intervient dans un contexte de pressions réglementaires accrues et soulève des questions sur la conformité de la plateforme aux sanctions internationales.

La plateforme P2P de Binance : espace de liberté financière

La plateforme P2P (peer-to-peer) de Binance s’est imposée comme un acteur majeur dans l’écosystème des cryptomonnaies, surtout depuis la fermeture de LocalBitcoins plus tôt cette année. Ce service permet aux utilisateurs d’acheter et de vendre des cryptomonnaies directement entre eux, sans intermédiaire centralisé, tout en offrant un service tiers pour sécuriser les transactions.

Binance et les banques russes : une relation controversée

La controverse a éclaté lorsque les médias ont révélé que Binance listait des banques russes sanctionnées comme méthodes de paiement sur sa plateforme P2P. Parmi ces institutions figuraient Tinkoff et Rosbank, des banques qui font l’objet de sanctions internationales. Face à l’indignation publique et aux critiques, Binance a tenté de masquer ces banques sous des codes couleurs. Le « jaune » représentait Tinkoff et le « vert » Rosbank. Cependant, cette stratégie s’est avérée inefficace pour apaiser les inquiétudes réglementaires et éthiques.Sous la pression croissante des médias et des régulateurs, Binance a finalement pris la décision de retirer ces banques de sa liste de méthodes de paiement. Cette action a été accueillie avec un mélange de soulagement et de scepticisme, car elle soulève des questions sur la diligence raisonnable de la plateforme en matière de conformité réglementaire.

Les répercussions règlementaires

L’affaire des banques russes sanctionnées a mis en lumière les défis réglementaires auxquels Binance est confrontée. Selon des rapports, la plateforme aurait facilité des transactions mensuelles d’un montant approximatif de 428 millions de dollars impliquant des citoyens russes. Dans un contexte où les sanctions internationales contre la Russie sont de plus en plus strictes, ces actions pourraient avoir des conséquences juridiques graves pour Binance. La plateforme est déjà dans le collimateur des régulateurs américains, notamment la Securities and Exchange Commission (SEC) et la Commodity Futures Trading Commission (CFTC). Le fait d’être impliqué dans des transactions avec des entités sanctionnées pourrait aggraver sa situation réglementaire et entraîner des sanctions financières, voire des actions en justice.

Quelles alternatives pour les utilisateurs russes ?

Le retrait des banques russes sanctionnées de la plateforme P2P de Binance n’a pas laissé les utilisateurs russes sans options. En effet, plusieurs autres méthodes de paiement restent disponibles pour ces utilisateurs. Des banques comme Raiffeisenbank et Russian Standard Bank sont toujours listées comme méthodes de paiement acceptables. De plus, des systèmes de paiement alternatifs comme Payeer et Advcash offrent des voies supplémentaires pour les transactions en cryptomonnaies. Ces alternatives, bien que moins controversées, soulignent la complexité du paysage financier russe, où les citoyens cherchent des moyens innovants pour contourner les sanctions et accéder à la liberté financière.

L’action de Binance de retirer les banques russes sanctionnées de sa plateforme P2P est un cas d’école sur la tension entre la liberté financière offerte par les cryptomonnaies et la nécessité de se conformer aux réglementations en vigueur. Cette affaire souligne l’importance pour les acteurs de l’industrie de la cryptomonnaie de rester vigilants face aux exigences réglementaires, sous peine de s’exposer à des sanctions sévères.

Source : WSJ