Interview exclusive avec la PDG de Payinnov : Démocratiser les paiements en crypto-actifs pour les commerçants

Yann-Olivier Bricombert
| 2 min de lecture

L’adoption des cryptos chez les commerçants est encore loin d’être à son maximum. La société Payinnov propose une solution clé en main pour permettre aux professionnels d’accepter des paiements en cryptomonnaies. C’est l’entretien de la semaine, avec sa PDG Nadia Domec.

Une solution de paiement crypto pour les commerçants


Créée en juin 2021, la startup propose de payer depuis son téléphone avec n’importe quel wallet crypto, grâce à un simple QR code. Le commerçant reçoit les cryptos quasi instantanément sur son interface Payliko, et peut décider de les garder en USDT/USDC ou les convertir en euros. L’utilisateur peut géolocaliser le commerçant le plus proche qui accepte ce mode de paiement, et même recevoir une facture par email.

“Aujourd’hui 10% des Français détiennent des cryptos, mais le web3 n’est réservé qu’à une communauté, alors qu’ils pourraient dépenser leurs cryptos chez nos commerçants, qui ont des difficultés pour vivre de leur activité”, indique Nadia Domec, .

”Le web3 est une vraie opportunité de liberté pour tout le monde. Pour le commerçant, qui actuellement paie à sa banque des commissions supérieures à 1% sur chaque paiement. Et pour le consommateur, qui n’a pas toute la latitude de dépenser son argent comme il le souhaite, car c’est devenu très compliqué avec le système bancaire actuel.”

Autre inconvénient des solutions existantes : l’argent est versé “plusieurs jours après”, précise Nadia.

“On apporte aussi une connaissance du client qu’il ne partagera avec d’autres.”

L’ancienne d’Ingenico, le spécialiste des terminaux de paiement par carte bancaire, a voulu “apporter sa pierre à l’édifice du Web3” pour faciliter les transactions, sans avoir besoin d’une carte crypto.

Les plateformes d’échanges comme Binance ou Crypto.com ont déjà attaqué ce marché du paiement du quotidien en proposant des cartes cryptos dès 2019. “Visa et Mastercard n’allaient pas laisser le champ libre”, relève Nadia Domec. “Sauf que le commerçant ne sait pas que le client a payé en crypto, puisqu’il touchera toujours de l’euro. Donc rien ne change pour lui, il n’y a rien de nouveau.”

Après la phase de développement, Payliko est entré dans une phase de prospection commerciale. Le but : équiper un maximum de commerces en France et à l’international. Les premiers clients, des restaurateurs, des agences de voyage, acceptent déjà les paiements en crypto à Paris. La startup est actuellement en phase de levée de fonds et recherche des investisseurs pour l’aider à accélérer ce développement.

En attendant l’euro numérique ?


Pour Nadia Domec, il existe une pression de plus en plus forte des utilisateurs qui souhaitent utiliser leurs cryptos au quotidien (payer une voiture, un voyage, réserver un hôtel…), “environ un million de personnes selon les dernières études sur le sujet”. Pour Nadia, les clients doivent avoir la liberté de choisir :

“Dans certains pays, l’utilisation de la crypto au quotidien est un besoin notable, par la diaspora en Afrique qui paie des commissions invraisemblables, ou par les personnes non bancarisées, par exemple au Brésil ou au Salvaodor, qui a désigné Bitcoin comme monnaie légale.”

Nadia Domec suit aussi attentivement les évolutions autour de l’euro numérique, la monnaie de la Banque centrale européenne, qui devrait entrer en vigueur en 2026 :

“Ce ne sera pas une crypto, mais une monnaie électronique émise par les banques centrales. Quand il arrivera, il sera intégré dans notre solution, comme nous le faisons avec les autres coins. Mais ce n’est pas encore pour demain.”


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