Revolut : sa licence bancaire refusée au Royaume-Uni ?

Benoit de Jessey
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L’avenir de Revolut, la néobanque britannique proposant des services financiers intégrant la crypto, est incertain alors que des informations révèlent que sa demande de licence bancaire au Royaume-Uni pourrait être rejetée par la Banque d’Angleterre. Cette nouvelle suscite des inquiétudes dans le monde des cryptomonnaies, où Revolut est devenu un acteur majeur depuis sa création en 2015. Dans cet article, nous examinons les raisons potentielles de ce refus, les défis auxquels Revolut est confronté et les implications pour l’industrie des cryptomonnaies. 

Les préoccupations entourant Revolut et sa demande de licence bancaire

Revolut a entamé une campagne de deux ans pour obtenir une licence bancaire au Royaume-Uni, ce qui lui permettrait d’offrir des dépôts réglementés et des produits de prêt tels que des prêts hypothécaires. Cependant, la Banque d’Angleterre, par le biais de son organe de réglementation, la Prudential Regulation Authority (PRA), a exprimé des inquiétudes concernant la solidité financière de Revolut. En mars, la PRA a informé le Trésor britannique de son intention de délivrer un avis d’avertissement statutaire à Revolut, principalement en raison de préoccupations liées à son bilan. Ces préoccupations ont été soulevées à la suite d’un audit qualifié sur des comptes en retard publié le même mois.

Si la demande de licence bancaire de Revolut est refusée, cela pourrait avoir des conséquences significatives pour l’entreprise et l’industrie des cryptomonnaies dans son ensemble. Bien que Revolut puisse continuer à opérer au Royaume-Uni, elle ne sera pas en mesure d’offrir des prêts hypothécaires et des prêts à ses clients britanniques, ce qui limite sa capacité à concurrencer les acteurs traditionnels du secteur bancaire. Cela soulève également des questions sur la confiance des investisseurs et des utilisateurs à l’égard de Revolut et de sa gestion financière.

Les défis pour Revolut et ses implications pour l’industrie des cryptomonnaies

Les difficultés financières récentes de Revolut ont suscité des inquiétudes quant à la véracité de ses états financiers. L’auditeur de Revolut, BDO (le même auditeur que pour Tether), a souligné des préoccupations concernant la vérification de près de 500 millions de livres sterling de revenus, en raison de problèmes liés aux systèmes comptables internes de Revolut. Ces problèmes ont jeté le doute sur l’exactitude des chiffres de revenus présentés par Revolut et plus généralement, sur la transparence de ses opérations financières.

La société avait levé en Juillet 2021 la somme astronomique de 800 millions de dollars (portant sa valorisation à 33 milliards de dollars) afin de développer « la première super-app financière au monde ». Elle compte actuellement 28 millions de clients et en vise 100 d’ici 2025.

Une néo-banque pionnière dans la crypto

La néobanque, créée en 2015, a ouvert ses services crypto dès 2017, permettant alors à ses utilisateurs d’acheter, conserver et échanger du bitcoin.

En Septembre 2022, Revolut était placée par la Financial Conduct Authority (FCA) sur la liste des entreprises ayant l’autorisation de proposer des produits et services en crypto, devenant alors une entité parfaitement régulée sur le sujet.

Depuis le début de l’année 2023, la société propose également des services de staking aux résidents UK et UE, exclusivement sur les cryptomonnaies utilisant un consensus de proof-of-stake : Cardano (ADA), Ether (ETH), Polkadot (DOT) et Tezos (XTZ).

Plus récemment, la néobanque rendait ses services d’investissement en crypto accessibles au Brésil.

« Notre mission est de rendre accessible une économie sans frontière avec des produits financiers accessibles et faciles d’utilisation et qui permettent à nos clients d’utiliser leur argent de manière efficiente »

« Nous commencerons avec le compte courant et les investissements en crypto, mais ce n’est que le début »

Nik Stronsky, CEO de Revolut

Enfin, dans un but pédagogique et pour améliorer l’éducation financière de ses utilisateurs, la néo-banque a récemment dévoilé son initiative in-app « Crypto Learn & Earn » (Crypto Apprendre & Gagner)

Le Royaume-Uni, un pays ambigu sur la crypto

Alors que l’élection il y a 6 mois d’un nouveau Premier Ministre, Rishi Sunak, rassurait l’industrie crypto en raison de ses prises de position positives, certains voient cet écosystème d’un autre œil.

C’est le cas du Comité du Trésor de la Chambre des communes (The UK Treasury Select Committee), arguant il y a seulement quelques jours que la crypto devrait être régulé et considéré comme un jeu de hasard plutôt qu’une forme d’investissement financier.

Le refus potentiel de la licence bancaire de Revolut au Royaume-Uni représente un défi majeur pour cette néobanque et a des répercussions importantes sur l’industrie des cryptomonnaies. La décision de la Banque d’Angleterre met en évidence l’importance de la transparence et de la solidité financière dans le secteur financier, en particulier pour les entreprises qui intègrent les cryptomonnaies dans leurs services. Il reste à voir comment Revolut fera face à ces défis et si elle sera en mesure de se positionner comme un acteur majeur dans le secteur bancaire. Les prochaines semaines seront décisives pour l’avenir de Revolut et pour l’évolution de l’industrie des cryptomonnaies dans son ensemble.

En résumé, le rejet potentiel de la demande de licence bancaire de Revolut au Royaume-Uni soulève des préoccupations quant à l’avenir de cette néobanque. Les inquiétudes concernant la solidité financière de Revolut et l’exactitude de ses états financiers remettent en question sa capacité à se développer en tant que fournisseur de services bancaires réglementés. L’issue de cette situation aura un impact significatif sur l’industrie des cryptomonnaies et pourrait façonner le paysage bancaire numérique dans les années à venir.