Héritage et crypto : Legapass boucle une levée de fonds majeure dans le notariat

Yann-Olivier Bricombert
| 3 min de lecture

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La startup niçoise Legapass, spécialisée dans la transmission du patrimoine numérique de manière sécurisée, vient de boucler une deuxième levée de fonds et noue un partenariat stratégique avec le Groupe ADSN, poids lourd dans le secteur du notariat.

Dans le monde, 4 millions de bitcoins seraient perdus, selon Chainanalysis. Autre statistique, près d’une fois sur deux le décès d’un dirigeant d’entreprise entraîne la fermeture de la société dans les cinq années qui suivent. Face à ces risques liés à la mort, la startup Legapass, basée à Nice, a développé une solution de coffre-fort virtuel, et propose de s’occuper de l’héritage numérique des particuliers et des entreprises : codes d’accès aux messageries, réseaux sociaux, photos souvenirs, comptes bancaires en ligne, logins d’ordinateur… ou encore la seed-phrase donnant accès à ses crypto-monnaies ou à ses NFT.

Des données chiffrées et stockées dans des coffres


Créée en 2020, la legaltech a développé une technologie de chiffrement utilisant le format de cryptographie OpenPGP, celui qui a notamment permis à Edward Snowden de communiquer avec des journalistes de manière sécurisée et anonyme. Les données déposées par les clients de la plateforme sont stockées dans plusieurs coffres physiques répartis dans toute la France.

Legapas a annoncé lors du Congrès des notaires, qui s’est tenu à Deauville (Calvados) fin septembre, avoir noué un partenariat stratégique avec le Groupe DSN, qui s’occupe pour le compte de l’Etat de la plateforme informatique utilisée par tous les notaires en France.

Et ce n’est pas tout : la startup en a profité pour boucler une deuxième levée de fonds avec Adnexus, le fonds d’investissement du Groupe DSN, pour un montant resté secret. Selon nos informations, il s’agit d’un tour de table portant sur un demi-million d’euros. “Ils ont choisi de nous soutenir parmi d’autres solutions parce que nous étions les plus sécurisés”, se réjouis Jean-Charles Chemin, co-fondateur de Legapass.

Une intégration réussie avec “France Connect”


La startup multiplie les distinctions. Coup de coeur du jury du festival Silver éco, à Cannes, lauréat du Trophées d’or de l’Assurance, à Paris… “C’est difficile de nous mettre dans une catégorie, nous intervenons un peu partout. Web3, assurance, notariat… Chaque industrie était dans son monde, il manquait un acteur capable de jongler entre ces différents univers”.

Chose rare dans l’univers des startups, elle vient d’intégrer “France Connect”, ce qui permet à ses clients de se connecter en un clic. “C’est un gage de sécurité et de confiance, qui a demandé un an de travail, et six refus. Il a fallu montrer patte blanche, parce que France Connect s’adresse normalement plutôt aux structures publiques.”

A l’origine, Legapass est née de l’histoire personnelle de la co-fondatrice Adelina Prokhorova, dont la perte de son père a inspiré la mission de l’entreprise : tout faire pour que les choses qui comptent ne disparaissent jamais. L’entreprise emploie aujourd’hui dix-huit personnes et a son siège à l’Allianz Riviera. D’autres solutions existent sur le marché, comme la “Time Capsule” de Ternoa, “mais ces solutions n’ont pas une sécurité de niveau militaire accessible à tout le monde”, souligne Jean-Charles Chemin.

Vers une levée en seed fin 2024


Fin 2022, Legapass a levé 1 million d’euros en pré-seed auprès de divers investisseurs, dont Christophe Courtin, premier business angel de France selon le Magazine Challenges, Laurent Caredda (Almerys), Romain Vidal (Teampact.ventures), Vincent Daffourd ou Etienne Leroy.

Cette deuxième levée est surtout le début d’une collaboration avec l’une des deux entités suprêmes du notariat”, la seconde étant le Conseil supérieur du Notariat. “L’important était de signer le Groupe DSN, plus que l’aspect financier. Etre adoubé par eux, c’est énorme”, reconnaît Jean-Charles Chemin. “Et puis cela nous permet d’attendre que l’orage économique passe, pour faire une levée en seed fin 2024.”

Dans un secteur des cryptos en recherche de respectabilité vis-à-vis des autorités régulatrices, voir un jour un exchange proposer à ses utilisateurs de sécuriser la transmission de leur patrimoine crypto, via Legapass, est-ce envisageable? “J’aimerais beaucoup, car cela simplifierait la chaîne de transmission. Mais les plateformes sont-elles assez transparentes pour jouer le jeu, et s’occuper de l’héritage de leurs utilisateurs ?”