En Suisse, la “Crypto Valley” a 10 ans et entend conserver son avance

Yann-Olivier Bricombert
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crypto-valley-suisse-régulationZoug, la ville berceau d’Ethereum, fourmille d’entreprises et de grands projets de l’écosystème crypto. Un avance que les principaux acteurs entendent bien conserver malgré des inquiétudes récentes.

Zoug et ses 30 000 habitants peuvent dire merci à la crypto. Et inversement. Voilà dix ans que cette ville paisible, avec son casino avec vue sur le lac, ses rues pavées et ses immeubles aux façades impeccables, est bien plus qu’un simple point sur une carte touristique. Ici, c’est l’épicentre de ce qui est devenu depuis 2014 la “Crypto Valley“, qui regroupe aujourd’hui pas moins de 1185 entreprises dont le top 15 représentent une valorisation totale de 185 milliards de dollars.

Ethereum, Near, Solana, Tezos…


Les plus grands projets ont choisi de s’implanter à Zoug, dont la Fondation Ethereum, Near, Solana ou encore la Fondation Tezos. Pas seulement pour ses conditions fiscales avantageuses, mais aussi parce qu’une communauté d’entrepreneurs y a trouvé un environnement propice au business. “Ce que j’aime c’est la communauté, passionnée, bien informée”, explique Philipp Rösler, membre du conseil d’administration du fonds d’investissement CV VC, au CV Summit. “Il y a des concurrents qui avancent ensemble pour améliorer la blockchain, et pousser les institutions à évoluer aussi”.

Cette émulation a fait naître d’innombrables partenariats, joint ventures et associations partageant des intérêts communs. Ici tout le monde se connaît, chacun a la possibilité de pousser la porte du voisin, pour résoudre un problème. Cette proximité n’est pas possible dans d’autres plus grandes villes”, témoigne Tobias Wohlfarth, un entrepreneur qui a créé plusieurs startups, aujourd’hui cadre de la plateforme Obligate.

Si Zoug et la Suisse en général ont pris une telle avance, c’est sans aucun doute grâce au DLT act” pour Distributed ledger technologies (technologies de registre distribué), une loi mise en place en 2020 et qui permet notamment aux entreprises de proposer à leurs clients des securities. Ici la régulation n’est pas un gros mot, mais plutôt la clé du succès. “Il y a un cadre clair, mais peu d’obstacles et pas trop de régulation”, estime ce gestionnaire de fonds.

Inquiétudes sur le staking en Suisse


Mais cet enthousiasme général est quelque peu douché depuis quelques semaines, quand deux des associations parmi les plus influentes, la Crypto Valley Association et la Blockchain Federation, ont alerté sur des inquiétudes sur un potentiel changement de position de la FINMA, le gendarme des marchés financiers suisses, au sujet du staking.

Sur la base d’informations recueillies auprès de leurs adhérents, elles ont décelé une volonté du régulateur d’imposer aux entreprises de nouveaux standards de fonds propres si élevés que cela signerait la fin du staking pour les entreprises suisses. En cause notamment la durée minimale du staking, qui serait considéré comme un dépôt par le régulateur, ce qui nécessiterait une licence bancaire. Sollicitée, la FINMA n’avait pas pu répondre à nos questions avant la parution de cet article, mais se disait prête à le faire.

Au premier jour du CV Summit, le sujet était présent dans plusieurs conférences et panels. “C’est le sujet chaud du moment”, reconnaît Andreas Glarner, partner à MME. “Je suis confiant que nous pourrons trouver une fin heureuse veut espérer Ronald Kogens, partner à MME. Cette incertitude est un poison pour le marché et les acteurs de notre industrie.”