Daniel Shin, cofondateur de Terraform Labs et neuf autres personnes officiellement inculpés par la Corée du Sud

Pauline Eyebe
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Daniel Shin. Source : Twitter/CryptoCurrency News

Le ministère public en Corée du Sud a engagé des poursuites contre Shin Hyun-Seung, alias Daniel Shin, le cofondateur de Terraform Labs, ainsi que contre neuf autres accusés. Ces derniers sont poursuivis pour de multiples chefs d’accusation, notamment pour violation de la loi sur les marchés des capitaux.

 

Ces mises en examen interviennent après des mois d’enquête consacrés à la dramatique faillite de l’écosystème Terra survenue l’année dernière. Cette faillite a entraîné la disparition de dizaines de milliards de dollars en termes de richesse pour les investisseurs. 

En formulant ces accusations, le bureau des procureurs du district sud de Séoul a déclaré mardi que la plateforme Terra était inévitablement vouée à l’échec. En effet, il s’agissait d’un projet “fictif” et son stablecoin algorithmique TerraUSD était impossible à mettre en place dès le départ.

Au mois de mai dernier, Luna et TerraUSD, les deux jetons Terraform Labs se sont effondrés. Le stablecoin TerraUSD était souvent connu sous le nom de UST. À la différence des stablecoins normaux adossés à des devises fiats, l’UST était adossé à Luna, pour lequel le prix était fonction du marché. 

Selon les procureurs, l’algorithme qui contribuait au maintien de l’UST à un prix stable était impossible à mettre en œuvre correctement.

Toujours selon les procureurs, ces dix personnes mises en examen, sont responsables d’un “préjudice astronomique” pour les investisseurs. Elles ont en effet empoché 463 milliards de wons, ce qui représente un bénéfice de 347 millions de dollars. 

Le ministère public sud-coréen a indiqué qu’il traquait activement ces gains illégaux et que, jusqu’à présent, il avait déjà réussi avec succès le gel de 247 milliards de wons d’avoirs.

Le ministère public sud-coréen a procédé au gel des avoirs de Daniel Shin

Le gel des avoirs correspond à une procédure de “restitution” qui a été acceptée par le tribunal et dont le but est l’indemnisation des victimes. Il ne s’agit donc pas d’une procédure de “confiscation” qui a été récemment rejetée et dont l’objectif était de transférer l’argent dans le Trésor public.

La mise en accusation de ces dix personnes a été prononcée un jour après que le tribunal du district sud de Séoul a statué sur la question de savoir si Terra Classic, nom donné à Luna après son implosion, était ou non une valeur mobilière. À ce sujet, le tribunal a répondu par la négative en accord avec la loi sud-coréenne sur les marchés des capitaux. 

Toutefois, le ministère public n’était pas satisfait par cette décision et a décidé de faire appel. C’est ainsi que le parquet a saisi la Cour suprême de Corée du Sud afin qu’elle rende son verdict sur la question.

Selon la défense de Daniel Shin, ce dernier n’était plus lié à Terraform Labs depuis 2020, soit avant son effondrement l’année dernière. Ainsi, il n’aurait pas pris part aux opérations relatives à la plateforme depuis son départ en 2020. De même, les avocats de Shin ont confié au Korea Daily que les accusations selon lesquelles leur client a poursuivi les opérations de la plateforme de crypto en dépit des avertissements des autorités financières étaient infondées.

Daniel Shin, cofondateur de Terraform Labs aux côtés de Do Kwon

Daniel Shin ne fait actuellement l’objet d’aucune mesure de garde à vue, étant donné qu’un tribunal sud-coréen a rejeté en décembre une demande d’arrestation. Le tribunal avait en effet estimé qu’il n’était pas en mesure de faire disparaître des preuves et que sa fuite n’était pas à craindre. En attendant son procès, il reste libre pour le moment.

En revanche, Do Kwon, le partenaire d’affaires de Shin, a récemment été placé en détention au Monténégro. Il avait tenté de voyager avec des documents contrefaits. La semaine dernière, il a été officiellement mis en accusation.

Kwon est également recherché par la Corée et les États-Unis, où la Securities and Exchange Commission a engagé des poursuites contre lui et Terraform Labs. Les avocats de Do Kwon ont dernièrement déposé une requête auprès d’un tribunal américain pour que les accusations de la SEC soient rejetées, en partie pour défaut de compétence.