Quel est le réel impact environnemental des cryptomonnaies ?

Le Bitcoin (BTC), a été, depuis sa création, critiqué à bien des égards. Mais un reproche qui revient souvent est l’importante consommation énergétique du réseau, qui, selon les détracteurs de Bitcoin et certains écologistes, entraine une pollution démentielle et peu utile

Certes, le Bitcoin, ou plus généralement les crypto fonctionnant sur un mécanisme de preuve de travail, consomment et polluent beaucoup. Mais des nuances très importantes sont à apporter à cette affirmation basique selon laquelle “les cryptos sont des aberrations écologiques”. Essayons ensemble de déconstruire cette idée toute faite.

La nuance entre preuve de travail et preuve d’enjeu

La Preuve de Travail (PoW) et la Preuve d’Enjeu (PoS) sont deux mécanismes de consensus fondamentaux utilisés dans les réseaux blockchain pour valider et sécuriser les transactions. 

  • La Preuve de Travail (PoW)

La PoW est le mécanisme de consensus couramment associé à la blockchain Bitcoin. Le processus PoW nécessite que les mineurs résolvent des problèmes mathématiques complexes pour ajouter un nouveau bloc de transactions à la chaîne. La première entité à résoudre l’énigme est récompensée par de nouvelles unités de cryptomonnaie. Il s’agit d’un processus intensif en termes de puissance de calcul et d’énergie.

  • La Preuve d’Enjeu (PoS)

Contrairement à la PoW, la PoS repose sur la détention de cryptomonnaie plutôt que sur la puissance de calcul. Dans un système PoS, les validateurs (ou “stakeurs”) bloquent une certaine quantité de leur cryptomonnaie comme garantie, leur “enjeu”, pour avoir la possibilité de valider les transactions et créer de nouveaux blocs

La PoS est considérée comme une alternative plus écoénergétique à la PoW. Étant donné que les validateurs ne nécessitent pas une puissance de calcul significative pour résoudre des énigmes, la consommation d’énergie est nettement inférieure. Les réseaux PoS sont plus économes en énergie et ont un impact environnemental moindre.

La pollution liée à la preuve de travail (Bitcoin) 

Les blockchains fonctionnant grâce à la preuve d’enjeu (PoS) ont une consommation énergétique plus ou moins négligeables comparé aux réseaux en PoW. Très concrètement, Ethereum, qui est passé en PoS il y a un tout petit peu moins d’un an, n’utilise qu’environ 0.0026 TWh par an sur l’ensemble du réseau électrique mondial. Cela correspond à une réduction de 99% par rapport à l’époque PoW sur Ether.  

Penchons-nous alors sur les crypto PoW, et pour répondre à toute les accusations auxquelles il fait face, étudions le cas du Bitcoin

Au moment de la rédaction de ces lignes et selon les données du site Digiconomist, le réseau Bitcoin a une consommation électrique annuelle de 114,1 TWh, comparable à la consommation électrique des Pays-Bas. Cela se traduit par une émission de gaz à effet de serre de 63,64 Mt eq. CO2 (soit 63,64 millions de tonnes équivalent CO2) par an, ce qui équivaut aux rejets de la Serbie et du Monténégro combinés (ce qui représente environ 7,5 millions de personnes). 

Source : Digiconomist

Donc oui, en effet, à première vue, Bitcoin émet du CO2 et pollue l’atmosphère terrestre. Mais ces chiffres abstraits que nous venons d’énoncer sont à mettre en perspective. 

Prenons l’exemple d’un réseau de transactions connu de tous : Visa. Toujours selon Digiconomist, pour la même empreinte carbone que pour une seule transaction Bitcoin, Visa peut réaliser 843 330 transactions. Mais peut-on réellement comparer une transaction Bitcoin et une transaction Visa ? 

La réponse est non selon Michel Khazzaka, fondateur de Valuechain et auteur de l’étude “Bitcoin Cryptopaiements et efficacité énergétique” qui avance notamment que les réseaux de transaction traditionnels sont entourés d’un ensemble de dépenses énergétiques annexes (transport d’argent, la consommation d’énergie des infrastructures bancaires, processus d’impression des billets de banque, la gestion des espèces, paiements bancaires et interbancaires etc..) alors que Bitcoin se suffit à lui-même. Les résultats de cette enquête montrent d’ailleurs que : 

“Bitcoin consomme au moins 28 fois moins d’énergie et peut fonctionner aujourd’hui avec 60 fois moins d’énergie que le système classique. Au niveau d’une transaction unique et en tenant compte des volumes totaux, Bitcoin produit des taux d’efficacité énergétique équivalents, voire meilleurs.” 

Le débat est donc toujours d’actualité. Si les détracteurs de la PoW auront tendance à dénoncer la consommation du Bitcoin, il ne faut pas oublier de la mettre en perspective. Toujours est-il que ce n’est pas le cas de toutes les crypto-monnaies : Ethereum est un exemple de blockchain qui ne pollue que très peu, tout comme le reste de ces consœurs utilisant le PoS. 

En résumé, oui les technologies blockchain, et en particulier celles utilisant le consensus de preuve de travail, polluent. Mais ces émissions sont relatives et maintenant que vous en savez un peu plus sur la question, c’est à vous de vous faire votre propre avis !

Sources : Digiconomist , Ethereum.org , Bitcoin: Cryptopayments Energy Efficiency