WomenHack Montréal: Le speed-dating de l’embauche tech

Isabelle Mercier
| 4 min de lecture

Si vous vous demandez à quoi ressemble du speed-dating pour les affaires et les entrevues d’embauche, la réponse est l’évènement WomenHack. Cette initiative fondée en 2016 et dont les bureaux sont basés à San Francisco opère aujourd’hui dans plus de 25 pays et a récemment fait escale à Montréal. C’est un total de 23 entreprises et 70 candidates qui se sont prêtées au jeu des rencontres, qui duraient chacune cinq minutes chrono. Le tout était accompagné d’un warning de 30 secondes à la fin du créneau, suite à quoi le moment de la rotation vers la prochaine table était venu.

C’est dans une salle comble avec des files d’attente devant les trois rangées d’employeurs que des entreprises telles que Aerial, Mindgeek, Terminal, Ssence, Kronos ou encore Ubisoft, hôte de l’évènement, ont pu rencontrer des femmes du milieu tech à la recherche d’emploi. Il s’agit d’une superbe initiative pour la gente féminine, et Cryptonews a pu y rencontrer Christina D’Almeida, directrice de l’événement WomenHack pour Toronto, Montréal, New York et Boston.

Christina D’Almeida

Quel est le but principal de Woman Hack?
WomenHack est une initiative qui vise à réduire l’écart entre les sexes en matière de TI et à donner aux femmes plus d’opportunités de réussite dans le secteur des technologies. La communauté WomenHack facilite l’accès des femmes au milieu de la technologie à travers des évaluations, des opportunités d’emplois et des événements. Notre mission est de créer un lieu de travail plus inclusif et diversifié pour tous.

Quel genre de femmes sont intéressées par cet événement?
Cet événement cible les femmes développeurs, concepteurs et chefs de projet. La candidate type possède de quatre à huit années d’expérience et au moins un baccalauréat (Ndlr: licence en France). Environ 75% sont des développeurs, des analystes de données et des architectes, et les 25% restants sont réparties équitablement entre les concepteurs UX/UI de premier plan et les chefs de projets.

Pourquoi y a-t-il si peu de femmes dans l’industrie des technologies?
C’est une idée qui est répandue, mais qui est fausse. Il y a en effet beaucoup de femmes talentueuses et expérimentées dans tous les domaines de la technologie, mais elles sont parfois intimidées par le côté “club de gars” qu’on trouve dans l’industrie. C’est pourquoi nous ne les voyons pas autant à des postes de haute technologie que les hommes, ni à des événements de réseautage.

Qui est à blâmer? Les hommes? Le système lui-même? L’image masculine de celui-ci?
Nous ne le voyons pas comme ça. Disons que les normes de la société et de l’industrie étaient historiquement différentes, mais que désormais, cela change et nous sommes ravies d’être à l’avant-garde de ce changement positif.

Est-ce un milieu machiste?
Il ne l’est plus et tend même rapidement vers une ambiance de travail plus diversifiée et inclusive, c’est ce que nous constatons dans plus de 25 pays dans lesquels nous opérons.

Le Québec est-il similaire à ce qui se passe dans le monde de la technologie partout ailleurs? Ou les choses sont différentes ici?
Nous voyons un peu plus de candidates en milieu de carrière que sur d’autres marchés. Ce qui est étonnant, c’est que nous voyons aussi beaucoup de jeunes professionnelles, ce qui signifie que dans cinq à dix ans, il y aura beaucoup plus de femmes dans la technologie au Canada qu’aujourd’hui.

Que souhaitez-vous pour les prochains mois / années en ce qui concerne l’emploi des femmes dans la technologie?
Chaque entreprise a son propre processus et son cycle de recrutement, il est donc difficile de prédire l’avenir de l’emploi de nos candidates. Nous invitons des entreprises de différents secteurs d’activité, venant du privé et du public, des sociétés, des startups, pour que nos candidates aient un large choix. Un des aspects les plus importants de nos événements, c’est aussi l’occasion pour nos participantes de rencontrer d’autres femmes du secteur des technologies de leur région et de construire ensemble une communauté plus solide.

Que faudrait-il finalement pour que les choses changent?
Le changement est déjà en cours. Plus l’investissement dans le recrutement de femmes sur le ratio 50/50 se fera, plus les choses avanceront. Il ne faut pas que les femmes et les jeunes filles soient intimidées ou craignent de faire ce qu’elles aiment car la technologie comme les affaires ont beaucoup à gagner de la diversité des sexes, de l’appartenance ethnique, de l’âge et de l’expérience.