Tezos : La dernière mise à jour Oxford 2 peut-elle réveiller cette blockchain endormie ?

Yann-Olivier Bricombert
| 4 min de lecture


La 15ᵉ mise à jour de la blockchain à preuve d’enjeu (PoS) prévoit l’arrivée des rollups compatibles EVM, censés doper une attractivité à la traîne depuis plusieurs mois.

Tezos, une blockchain qui cherche un second souffle


Quel avenir pour Tezos, la blockchain à preuve d’enjeu (POS, pour proof-of-stake), développée en partie par des ingénieurs français ? Très utilisée dans le milieu artistique pendant le dernier cycle haussier, pour ses frais moins élevés qu’Ethereum, elle a depuis attiré des projets NFT phares comme Stables ou le Musée d’Orsay. De nombreuses institutions, comme SG-FORGE, se sont intéressées à sa technologie.

Mais avec seulement 66 millions de dollars TVL, selon le site Defillama, le réseau est aujourd’hui délaissé par les investisseurs, loin derrière les autres “layers 1” de même catégorie, et ne semble plus attirer beaucoup l’attention. À la différence des chaînes de première couche comme Bitcoin, Ethereum, Solana, Avalanche ou Cosmos, qui ont vu leur activité exploser au cours des six derniers mois.

À titre de comparaison, le plus gros protocole sur Tezos, Youves, ne capte que 36 millions de dollars de valeur totale verrouillée (TLV), tandis que la blockchain en elle-même totalise autant que le seul protocole de liquidity providing (LP) Meteora sur Solana.

Evolution de la TVL sur Tezos (capture d’écran Defillama).

L’arrivée des “smart rollups” sur Tezos


Est-ce à dire que plus rien ne se construit sur la blockchain dont la fondation est basée en Suisse ? Ce serait passer à côté des différentes évolutions intéressantes sur le réseau. En 2023, lors de la mise à jour Mumbai, la chaîne a introduit les “smart rollups”, une avancée technologique importante puisqu’elle ouvrait la voie à une solution de passage à l’échelle de type optimistic rollup (layer 2).

Avec cette nouveauté, le réseau pouvait envisager de supporter (en théorie) un million de transactions par seconde. C’est dans cette droite ligne qu’en octobre dernier, une proposition d’évolution appelée Oxford a été soumise au vote des quelque 400 validateurs qui participent à sécuriser le réseau, les “bakers” (boulangers en français, clin d’œil tricolore).

Retoquée faute de quorum suffisant, Oxford 2 a été représentée en février et adoptée cette fois-ci au bloc 5 070 849. Sur Tezos, les investisseurs qui détiennent au moins 6 000 XTZ peuvent voter et leur voix est représentée en fonction du nombre de jetons stakés (ou plutôt “liquid stakés”). Le jeton XTZ s’échange autour de 1,08 $, selon le site Coingecko, avec une capitalisation boursière de 984 millions de dollars, se classant à la 83ᵉ place du classement des cryptomonnaies.

Que contient la mise à jour Oxford 2 de Tezos ?


La proposition entérine l’arrivée des rollups privés, qui peuvent être utilisés par des projets financiers ou industriels, afin de garantir la confidentialité des données échangées. Mais aussi de nouvelles améliorations sur le mécanisme même de preuve d’enjeu, améliorant l’UX du staking et affinant les pénalités de slashing (sanction des validateurs) ; et la réintroduction des timelocks dans les smart contracts. Avec cette modification, il est maintenant possible pour les développeurs d’avoir facultativement une liste blanche d’opérateurs autorisés à avoir accès aux données.

Autre grande nouveauté attendue dans les prochaines semaines sur Tezos : le rollup compatible EVM Etherlink pourrait être activé en mainnet en mars, avec une première version courant juin 2024.

Vers un retour des investisseurs grâce à l’EVM ?


Toutes ces nouveautés pourront-elles réveiller la belle endormie ? “Le but, dans les prochains mois, est de délivrer ce rollup optimiste compatible EVM, qui va permettre de générer plus d’utilisation, d’attirer plus de liquidités et d’ingénieurs”, indique Cédric Roche, directeur de l’adoption et du support (France, Benelux, Allemagne) chez Nomadic Labs, les experts de la blockchain Tezos. Environ un millier de développeurs contribuent actuellement au projet, et les équipes de Nomadic Labs sont réputées pour avoir en leur sein une trentaine de doctorants, notamment en cryptographie.

L’objectif est de fournir des “frais de gaz plus stables” que sur les layers 2 d’Ethereum, qui peuvent avoir tendance à augmenter “drastiquement” avec les pics de volume de transactions. “Nous voulons aussi décentraliser les séquenceurs, qui sont aujourd’hui centralisés, ajoute Cédric Roche. Cela devrait apporter plus de sécurité.”

Si Tezos parvient à franchir toutes ces étapes, il sera intéressant de voir si cela dope la liquidité et redonne de l’appétit aux investisseurs.


Sources : Entretien, Defillama, Nomadic Labs, Coingecko, Open Tezos.


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