Les recettes des collections NFT sont en chute de 62% par rapport à l’année précédente, selon NFT18

Yann-Olivier Bricombert
| 3 min de lecture

L’année 2023 a vu la chute des volumes de transaction autour des NFT en particulier ceux qui avaient le moins d’utilité, selon le rapport des Français de NFT18.

Une année 2023 morose pour les NFT


Dans sa dernière note de conjoncture, le cabinet Grail Capital, cofondé par Jean-Michel Pailhon, envisageait une reprise forte du marché des NFT pour 2024 et 2025, parlant même d’un “bull market des NFT” à venir, après les plus bas touchés en août 2023. S’appuyant sur le rebond constaté en décembre 2023, l’étude montrait notamment des signes d’espoir pour l’art digital, les collectionneurs privilégiant davantage la qualité à la quantité.

Les jetons non fongibles (NFT), ces titres de propriété numériques dont le milieu de l’art s’est emparé depuis la vente historique de l’artiste Beeple en 2021 de son œuvre “Everydays : The First 5,000 Days” pour 69,3 millions d’euros, ne cessent de défrayer la chronique. Depuis quelques jours, ils ont même leur propre série documentaire sur Arte. Mais l’année 2023 a-t-elle été fructueuse pour les NFT ? Et surtout, qui tire son épingle du jeu et quelles sont les perspectives pour 2024 ? Un nouveau point de vue vient éclairer la question, celui de l’équipe de NFT18, qui a publié son rapport annuel sur le marché des NFT.

Et le moins que l’on puisse dire, c’est que ce rapport confirme les tendances déjà connues : l’année 2023 a été l’annus horribilis de ce secteur, puisque les volumes échangés s’établissent à 9,2 milliards de dollars, en chute de 62% par rapport à 2022, selon les auteurs du rapport. À noter que – et c’est un vrai point de nuance – NFT18 n’intègre pas encore dans ses calculs les blockchains pourtant très importantes dans le domaine des NFT que sont Solana ou Tezos.

Les NFT “Collectibles” prennent le bouillon


La raison ? La société qui lui fournit les données techniques, Simple Hash, n’agrège pas toutes les blockchains. On peut alors se demander quelle est la pertinence de cette étude, d’autant que sur les 2,5 millions de collections auditées, une “part significative” était des scams, des projets abandonnés ou de simples tests. Gauthier Zuppinger et Maxime Laglasse, les deux cofondateurs de NFT18, indiquent toutefois travailler “activement” à ces intégrations, qu’ils espèrent arriver “le plus tôt possible”.

Quoi qu’il en soit, les profits de 200 millions de dollars de 2022 semblent bien loin : l’ensemble des collectionneurs ont enregistré une perte abyssale d’un milliard de dollars en 2023. Colossal. Les collections les plus touchées ont été les “Collectibles”, qui représentent à elles seules 850 millions de dollars de pertes, symptôme selon NFT18 d’actifs qui avaient été “surévalués”.

Un projet sur cinq de cette catégorie n’a tout simplement pas été tradé en 2022, à la différence des NFT de gaming (+37%), des “mondes virtuels” (+53%) et surtout des NFT utilitaires (+135%) qui se sont beaucoup échangés en 2023. Malgré tout, les “Blue ships” comme on les appelle (Bored Ape Yacht Club, Crypto Punks, Doodles…) ont gagné 13% de part de marché sur l’année.

Le “wash trading” toujours plus haut


Autre tendance marquante de 2023 : le wash trading, pratique qui consiste à multiplier artificiellement les achats et les ventes dans le but de recevoir des jetons, est toujours présent. La plateforme leader dans le domaine s’appelait Looks Rare en 2022… elle s’appelle désormais Blur en 2023 (et peut-être Tensor, en 2024 ?).

L’activité a esquissé des signes de reprise au quatrième trimestre 2023, avec des ventes qui sont reparties à la hausse. Du côté des belles ventes, le record est un CryptoToadz vendu 1,6 million de dollars le 10 septembre, tandis que les Pudgy Penguins sont les collectibles les plus rentables, avec près de 20 millions de dollars de profits générés par leurs détenteurs.


Source : Rapport annuel NFT18 2023, Grail Capital.


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