Airdrop de Pyth Network : ce qu’il faut savoir pour être éligible au token

Yann-Olivier Bricombert
| 5 min de lecture

L’oracle Pyth Network a annoncé ce mercredi 1er novembre 2023 un prochain airdrop massif de son token PYTH pour quelque 75 000 wallets, qui ont interagi avec les 200 applications décentralisées qui utilisent ses données sur 27 blockchains.

Comment cet airdrop cross-chain, l’un des plus importants jamais réalisé, est-il possible ? Quelles sont les modalités pour savoir si vous êtes éligible au token PYTH ? Nous avons rencontré Michael Cahill, PDG de Douro Labs, contributeur principal de Pyth Network, à la conférence Solana Breakpoint 2023, à Amsterdam.

Pouvez-vous expliquer en quelques mots en quoi consiste un oracle en crypto ?

Un oracle apporte des données sur l’état d’une blockchain pour que les applications les utilisent. La première génération d’oracles étaient focalisées sur le fait de maximiser la confiance, mais au détriment de la rapidité. La façon dont ils opéraient, c’est qu’ils allaient chercher la donnée sur Internet grâce à des noeuds, la retravaillait puis la publiait sur la blockchain, à des intervalles pré-déterminés, mais très longs.

De quel type de donnée s’agit-il ?

Généralement de la donnée concernant les prix, que ce soit pour la crypto, pour l’équity ou le forex.

Quelle était l’idée directrice derrière la création de Pyth Network?

L’idée derrière Pyth, c’était de répondre aux besoins en DeFi, avec de la donnée fiable, délivrée dans un délai très court. C’est vraiment notre préoccupation depuis le début. Pour y arriver, nous n’avons pas reproduit le modèle avec des noeuds, mais avons des “publishers” qui publient leur donnée on-chain, directement sur la blockchain.

Pourquoi passent-ils par Pyth plutôt que par vos concurrents, comme Chainlink par exemple ?

Les noeuds sur Chainlink vont chercher l’information sur Internet. Sur notre réseau c’est différent, les plateformes d’échange ou les sociétés de trading publient leur donnée directement sur Pyth Network, parce qu’elles y trouvent un intérêt (incentive). De son côté, l’application y gagne elle aussi parce qu’elle utilise de la donnée fournie rapidement, qu’elle peut monétiser.

Combien d’applications utilisent Pyth aujourd’hui ?

Nous avons environ une centaine de “publishers” et plus de 200 applications, sur 35 blockchains différentes, ce qui est assez conséquent. Le réseau Pyth Network est une blockchain d’application unique dérivée de Solana, qui utilise le SVM (Solana Virtual Machine). Elle est connectée au bridge Wormhole, et utilise une couche de message générique pour diffuser cette donnée sur les 35 blockchains. Il y a 350 symboles qui se mettent à jour toutes les 400 millisecondes chacun.

Cela veut dire que beaucoup d’utilisateurs de DeFi ont sans doute utilisé Pyth un jour sans le savoir ?

Oui, si par exemple vous avez utilisez des applications comme Drift ou Zeta Markets, qui dépendent des oracles pour déterminer le prix auquel vous allez pouvoir trader.

Ce n’est pas si loin de la finance traditionnelle finalement, où la donnée de marché vaut de l’or…

Absolument. Cela représente 6,5 milliards de dollars de revenus pour le seul top 6 des exchanges en TradFi. Si nous voulions que la DeFi réussisse la mission pour laquelle elle a été créée, pas seulement avec de la crypto mais aussi des actifs réels, et de façon globale, il fallait une solution complète qui puisse passer à l’échelle de manière efficace.

Comment avez-vous procédé pour collecter cette donnée ?

Nous avons rencontré les sociétés de trading une par une, en commençant par les plus importantes, pour créer un réseau de participants qui pourraient créer cette vue globale du marché on-chain. Au bout d’une vingtième institutions, nous avions déjà un bon aperçu.

Pourquoi avoir annoncé cet airdrop maintenant ?

Nous avons commencé à travailler sur Pyth Network il y a trois ans. L’idée était de répondre à un certain nombre de questions: les publishers allaient-ils nous rejoindre? La réponse est oui. Les gens allaient-ils utiliser le service? Oui et nous pouvons le prouver puisqu’ils paient des frais à chaque utilisation de la donnée. Parce que nous avons accompli cela, maintenant est le bon moment d’avoir une distribution de token, et que les utilisateurs du protocole puisse le gouverner.

C’est la raison de pour laquelle vous créez ce jeton de gouvernance ?

Nous voulons créer un oracle entièrement décentralisé, où les gens vont pouvoir décider où les récompenses vont aller, quels symboles ou quels publishers ajouter, notamment.

Comment vous assurez-vous qu’un petit nombre de personnes ne vont pas avoir tout le pouvoir de décision ?

C’est une question importante. A terme, tout sera contrôlé par la gouvernance. En attendant c’est la gouvernance qui va décider des mécanismes à mettre en place en priorité pour éviter ce genre de situation. Il existe des stratégies, comme le fait de demander qu’un quorum minimum de tokens soit mis en jeu (staked) pour que le vote ait lieu. Ou encore, avoir un “council” qui détermine et filtre les choses raisonnables avant qu’elles ne soient soumises au vote. Ces mécanismes ont fait leur preuve sur des protocoles comme Synthetix ou MakerDAO.

Comment savoir si son wallet est éligible à l’airdrop ?

Il suffit de se rendre sur la page internet de vérification de l’airdrop. Vous pouvez renseigner plusieurs types de wallets (EVM, Solana, Cosmos, Aptos, Sui…). Votre éligibilité sera basée sur l’activité que vous avez eue en utilisant des applications qui elles-mêmes utilisent Pyth Network comme un oracle. Vous n’êtes même pas obligé de savoir que vous avez utilisé Pyth, dans la mesure où les applications ont fait ce choix de l’intégrer.

Quelles seront les prochaines grandes étapes pour Pyth ?

C’est difficile de répondre complètement puisque ce sera à la communauté de le décider. A mon avis, les protocoles vont continuer d’innover sur les classes d’actifs qu’ils vont proposer. Aujourd’hui il y a les cryptos, l’equity, le forex, les commodités, et des produits à taux d’intérêts, mais il n’y a absolument aucune limite pour que d’autres produits de la finance traditionnelle (TradFi) soit déployés on-chain.

Je pense aussi que trouver le bon modèle économique qui permet aux publishers d’être justement récompensés pour la qualité des données qu’ils fournissent, sera un vaste sujet d’attention pour la communauté.


Cet article ne représente en aucun cas un conseil en investissement. Les informations fournies ici ne doivent pas être utilisées comme base pour prendre des décisions financières. Les investissements en crypto-monnaie comportent des risques et peuvent entraîner des pertes importantes. Il convient d’investir uniquement ce que vous pouvez vous permettre de perdre et d’effectuer vos propres recherches avant de prendre toute décision d’investissement.


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