Faketoshi : Craig Wright en prison ?

Matthieu Dumas
| 3 min de lecture

La saga judiciaire autour de Craig Wright, l’homme qui prétend être Satoshi Nakamoto, l’inventeur du Bitcoin, pourrait se retourner contre lui, avec des répercussions juridiques sévères, voire, de la prison. Dans le procès qui l’oppose à la Crypto Open Patent Alliance (COPA), les arguments finaux ont été présentés hier, une étape cruciale qui marque la fin de ce procès hors du commun.

Les conséquences d’une défaite


Dès le premier jour des plaidoiries finales, COPA a exposé une argumentation de 225 pages, révélant une série de contradictions, de faux documents et de non-sens venant de celui qui se fait appeler Faketoshi sur internet. Ces révélations n’ont fait que renforcer l’évidence déjà palpable : Craig Wright n’est surement pas Satoshi Nakamoto.

Pour rappel, depuis 2021, Wright est engagé dans une bataille juridique avec la COPA, un groupe de développeurs du Bitcoin, car il prétend être Nakamoto et détiendrait donc les droits d’auteur sur le whitepaper du Bitcoin, et possèderait des droits de propriété intellectuelle sur la blockchain Bitcoin.

La COPA a annoncé hier son intention de transmettre les preuves fourni part Wright, révélé fausse au cours du procès, au Directeur des Poursuites Publiques, ouvrant la porte à des accusations criminelles contre Wright au Royaume-Uni.

COPA, souhaiterait poursuivre Craig Wright en justice pour « parjure et entrave à la justice ». Ces chefs d’accusation pourraient conduire à une peine maximale de sept ans de prison.

Un défilé de preuves


Au-delà des risques d’incarcération, une défaite de Wright aurait des conséquences immédiates sur ses revendications autour du Bitcoin. COPA chercherait à obtenir une injonction l’empêchant de se proclamer Satoshi Nakamoto, un verdict qui influencerait également d’autres actions en justice impliquant Wright, toutes fondées sur sa prétendue identité. Wright perdrait donc tous ces procès, d’un coup.

Les rebondissements de cette affaire, depuis que Wright a commencé à fournir des preuves douteuses de son rôle dans la création du Bitcoin, captivent. Wright a avancé des preuves qui ont bien amusé la communauté : il aurait par exemple écrit l’idée du Bitcoin sur un cahier en 2007. Or, une enquête auprès du fabricant du cahier a révélé que ce modèle avait été produit seulement à partir de 2012

Un autre exemple sont ces screenshots d’une transaction entre deux sociétés appartenant à Wright pour 15 900 BTC, avec la date « 11/08/2009 » ce qui prouverait sa légitimité au réseau en tant que première grosse transaction :

Source : BitMex
Source : BitMex

Eh bien, l’un des témoins clés de COPA, Patrick Madden a obtenu les fichiers logs du logiciel de comptabilité utilisé ci-dessus, qui datent les captures d’écran à mars 2020.

Et si Wright gagnait ?


Toutefois, un scénario improbable où Wright serait reconnu comme Nakamoto sur la base de son plaidoyer preuves reste envisageable. Dans ce cas, COPA entamerait la seconde phase de son action en justice, qui concernerait le whitepaper du Bitcoin.

Le whitepaper ayant été publié, à l’origine, sous la licence open-source du MIT, la COPA essayerait de démontrer qu’il est couvert par les termes de cette licence. Si c’est le cas, personne n’a de droit sur le whitepaper.

Quelle que soit l’issue, le verdict final est attendu dans quelques jours. Si Wright perd, le monde de la crypto pourrait voir disparaitre une figure emblématique : Faketoshi.

Evidemment, si contre toute attente, il gagne, nous devrons nous préparer à une suite tout aussi… rocambolesque, qui pourrait bien avoir un impact sur l’écosystème tout entier.

Les prochains jours nous diront si Wright, alias Faketoshi, devra affronter la justice pour ses contes fabuleux, ou s’il pourra continuer à revendiquer l’identité du mystérieux Satoshi Nakamoto.


Sources : BitMex, UK Court


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