Comment l’IA transforme la création musicale dans le Web3 ?

L’IA comme assistant de la création musicale

De plus en plus de musiciens et compositeurs utilisent des systèmes d’intelligence artificielle pour générer des idées musicales, des harmonies, des mélodies et même des structures complètes de chansons. 

Ces systèmes sont capables d’apprendre à partir d’une vaste quantité de données musicales existantes et de créer de nouvelles compositions originales en s’inspirant de ces modèles. 

On peut ici citer WrapSound, une plateforme développée en collaboration avec des artistes récompensés aux Grammy Awards et qui utilise un ensemble de données d’apprentissage exclusives pour produire de la musique originale. Le logiciel permet de créer, en temps réel, des expériences musicales interactives et du contenu pour la diffusion en continu ou des jeux vidéo. La technologie devrait bientôt être disponible par le biais d’une API.

Le fondateur et PDG de WrapSound, Chris McGarry, qui a précédemment occupé le poste de responsable de la musique au sein d’Oculus, l’unité de réalité virtuelle de Facebook, semble très enthousiaste vis-à-vis de ces nouvelles technologies de création musicale. Selon lui, l’IA peut devenir un outil, une source d’inspiration majeure au sein du processus de création. 

“La semaine dernière, j’ai participé à une série de séances de studio virtuel avec des artistes […] Nous avons travaillé avec notre interface musicale d’IA générative pour présenter un ensemble d’idées musicales, puis nous avons demandé à l’artiste de les façonner et d’itérer jusqu’à ce qu’il trouve quelque chose dont l’essence résonnait en lui et avec lequel il était motivé pour travailler”, déclarait McGarry 

Dans le même style, on pourrait citer Riffusion, une plateforme en ligne qui génère des mélodies basées sur différents types de styles musicaux et d’instruments, uniquement à partir d’une entrée texte que l’utilisateur fournit. 

Si l’on a pour l’instant uniquement considéré la production de musique en elle-même, l’IA peut aussi intervenir dans la création de paroles. Ce serait en effet le rôle des chatbots comme Chat GPT qui, en seulement quelques secondes, peuvent générer les paroles d’une chanson, et ce, même avec des entrées très basiques. 

A l’heure actuelle, les outils musicaux d’IA peuvent aider, augmenter ou améliorer le style créatif d’un artiste. Si les outils ne sont pas encore assez performants pour remplacer les artistes, ils sont impressionnants et “apprennent” constamment grâce à l’interaction avec les humains. 

Remplacer les musiciens par l’IA n’a jamais été une idée très populaire. Le public ne semble pas encore très réceptif à l’idée d’une production musicale uniquement basée sur l’intelligence artificielle. En mai dernier, le géant du streaming Spotify avait par exemple retiré des dizaines de milliers de morceaux produits par des systèmes d’IA.

Les artistes musicaux d’aujourd’hui pourraient tirer profit de l’utilisation de la production musicale assistée par l’IA , et plus particulièrement à l’aide du Web 3. 

L’IA musicale dans le Web 3

Le Web 3, ou web décentralisé, basé sur la technologie blockchain et sur lequel les données des utilisateurs sont sous leur contrôle, paraît être une base solide pour le déploiement et le développement des IA musicales

On peut ici citer VNCCII, l’alter ego de la productrice Samantha Tauber. Grâce à l’outil de création 3D en temps réel, Unreal Engine, Tauber utilise son avatar pour diffuser des interviews en direct depuis le métavers. Elle réalise aussi des performances musicales virtuelles notamment des concerts et divers types de spectacles. 

Un autre exemple est celui de la société musicale Web 3 PIXELNYX, qui associe des expériences de réalité augmentée à des jeux dans le métavers, tout en aidant les artistes à créer des expériences mémorables pour leurs fans. Cofondée par le producteur de musique électronique Deadmau5, PIXELYNX vise à faire évoluer les notions traditionnelles du processus de création artistique, grâce à l’utilisation de l’IA et du Web3

En Avril, l’entreprise a lancé Korus, un outil de création musicale Web 3 alimenté par l’IA. Ce projet Web 3 facilitera aux créateurs l’accès à une rémunération au sein d’une plateforme interactive et facile d’utilisation.

L’IA semble prometteuse dans le domaine de l’art et en particulier celui de la musique. Pourtant, certaines controverses apparaissent. Ce fut le cas récemment avec le titre “On My Sleeves” dans lequel une IA deepfake avait réussi à imiter les voix de Drake et The Weeknd. Le morceau, qui a fait bruit dans l’industrie et sur le net, n’avait particulièrement pas plus au label Universal Music Group.

Au-delà de ça, l’IA musicale a une marge de progression qui reste conséquente. En effet, générer un produit mélodique, dynamique, qui dure environ trois minutes peut s’avérer très coûteux en termes de puissance de calcul. Les machines prennent du temps quand il s’agit d’apprendre à partir de fichiers audios longs et complexes. A titre de comparaison, il est beaucoup plus simple pour un ordinateur d’ingérer des données textuelles ou même de décomposer des images statiques. Comme le rappelle Stefan Lattner, manager et chercheur chez Sony CSL, la musique comporte davantage de dimensions qu’un simple texte ou même une image

SI l’IA musicale est toujours dans une phase de développement, une utilisation pertinente de la technologie pourrait garantir sa progression. Le Web décentralisé pourrait servir de catalyseur ou même de base pour le déploiement et l’émergence effective d’une telle technologie. 

Source : Cointelegraph