Forum de Davos, une entreprise chinoise annonce un projet de blockchain destiné à devenir le “SWIFT” des stablecoins

Pauline Eyebe
| 5 min de lecture
Forum Economique mondial annuel de Davos

Un système de type SWIFT pour les crypto-monnaies émises et réglementées par les banques a été annoncé au forum annuel de Davos. L’initiative provient d’une entreprise participant à la construction du projet national de blockchain en Chine.

En effet, une société blockchain basée à Hong Kong a lancé un système de paiements numériques visant à combler le fossé entre les stablecoins et les cryptos des banques centrales (CBDC).

Présentation du projet de réseau de paiement numérique universel

C’est ce 19 janvier 2023 que Red Date Technology, la société d’infrastructure blockchain qui dirige également l’un des projets de la Chine en matière de blockchain, a lancé le réseau de paiement numérique universel ou “Universal Digital Payments Network” (UDPN). L’annonce a été faite lors de la réunion du Forum économique mondial (WEF) 2023 à Davos, en Suisse.

ce projet de développement de l’UDPN sera appuyé par de nombreux autres partenaires. Parmi ceux-ci, on peut citer la société d’ingénierie technologique GFT Technologies et le moteur de création d’actifs numériques TOKO du cabinet d’avocats DLA Piper.

Une alternative au réseau SWIFT

Selon son livre blanc, l’UDPN est une plateforme de technologie de registre distribué (DLT) qui servirait un objectif similaire à ce que le réseau SWIFT fait pour les banques, mais il sera valable uniquement pour les stablecoins et les CBDC.

” A l’image du réseau SWIFT a créé la norme commune originale pour la messagerie entre les institutions financières à travers différents systèmes de règlement, l’UDPN servira le même objectif pour la génération émergente de CBDC et de stablecoins.”

Le réseau SWIFT (Society for Worldwide Interbank Financial Telecommunication) est le système de paiement le plus utilisé au monde pour le transfert de fonds entre les différentes banques. Le recours aux stablecoins permettra en quelque sorte de contourner ce réseau.

Représentation des principaux stablecoins

Dès lors, l’objectif de ce projet sera de faciliter voire d’optimiser les transactions entre les entreprises de différents pays via les stablecoins et les cryptos réglementées par les banques centrales.

Selon un communiqué de presse publié le 19 janvier, il existe un “certain nombre de banques de niveau 1” qui sont déjà impliquées dans des cas d’utilisation de preuves de concepts (POC) pour tester cette nouvelle plateforme dans les transferts et les échanges transfrontaliers.

Même si le communiqué ne précise pas quelles banques participent actuellement à ces POC, on note que la Deutsche Bank, HSBC, Standard Chartered, The Bank of East Asia et Akbank étaient représentées dans un panel lors du lancement de l’UDPN à Davos.

De même, les stablecoins qui seront utilisées dans le POC n’ont pas non plus été divulguées. Toutefois, le livre blanc de la plateforme indique qu’elle ne prend en charge que les “CBDC et les systèmes monétaires stables adossés à des monnaies fiduciaires réglementées comme méthodes de paiement”, 

Toujours dans ce livre blanc, on peut lire :

Aucune crypto-monnaie à caractère public non réglementée, telle que le bitcoin, ne sera acceptée.”
Huit autres tests de preuve de concept sont prévus pour le réseau, notamment l’émission et la circulation d’une CBDC et d’un stablecoin émis par une banque et l’utilisation de l’UDPN comme passerelle de paiement pour le commerce électronique.

L’UDPN est en cours de développement par Red Date depuis près de deux ans,

La méfiance de la Chine à l’égard de cette nouvelle plateforme

Avant de lancer ce système de paiements numériques, l’entreprise était connue pour son travail sur le réseau de services basés sur la blockchain ((BSN-DDC), le projet national de blockchain de la Chine.

Mais Pékin a affiché sa méfiance à l’égard de projet, car d’après lui, il pourrait favoriser la fuite de capitaux. L’utilisation des stablecoins est d’ailleurs interdite en Chine, car ils sont considérés comme une menace pour la stabilité financière du pays.

Pourtant, Pékin a longtemps cherché à contourné le réseau SWIFT et a par ailleurs lancé un système concurrent en 2015. Les arguments de la Chine sont qu’elle craint que le réseau SWIFT devienne une arme qui pourrait agir comme un levier pour les gouvernements occidentaux. Cela s’est d’ailleurs observé dans le cas de la Russie qui a été exclue du réseau après son invasion de l’Ukraine.

Ainsi, dans une feuille de route, aujourd’hui supprimée, publiée le 15 janvier 2021, le BSN indiquait qu’il prévoyait de construire un système mondial de CBDC qui “changera complètement la méthode de paiement et de circulation actuelle. Ce nouveau système permettra une méthode de transfert de monnaies numériques standardisée et une procédure de paiement pour tout système d’information.”

Le dernier livre blanc publié ne fait aucune mention de l’implication de Red Date dans le pilotage du projet blockchain de la Chine. En outre, l’implication de cette société n’est pas mentionnée dans les propres efforts de CBDC du pays avec son yuan numérique.

Un porte-parole du projet a déclaré à Cointelegraph qu’il n’y avait “aucun lien quel qu’il soit entre BSN et UDPN“, la raison étant que ce dernier est “géré et gouverné de manière décentralisée.”

En juin, le PDG de Red Date, Yifan He, a qualifié les crypto-monnaies de “plus grande chaîne de Ponzi de l’histoire humaine”.