Les exchanges: n’y laissez pas vos cryptos!

David Nathan
| 5 min de lecture

Quand il est question d’argent, la notion de sécurité est évidemment primordiale et c’est d’autant plus vrai quand il s’agit de cryptomonnaies, car l’écosystème est encore très jeune (à peine 10 ans) et on peut le dire, c’est un peu la jungle à bien des niveaux.

Un des tous premiers pas que font beaucoup de nouveaux arrivants dans cet écosystème naissant consiste à injecter de l’argent fiat (euro, dollar…) sur un exchange (Binance, Kraken, Bittrex…) pour y acheter des cryptos. Rien de plus normal à ça. Mais là où ça “déconne”, c’est qu’ils vont choisir de laisser l’intégralité de leurs crypto-actifs sur l’exchange lui-même, se disant que c’est un endroit qui est sûr, c’est un peu comme une banque où je viendrais d’ouvrir un compte. Erreur fatale. Un exchange est tout sauf une banque, c’est une entreprise, un tiers de confiance, un gros pot de miel (honeypot) que les pirates convoitent et ne cessent d’attaquer. Et le passé l’a montré à plusieurs reprises, de nombreux exchanges ont été victimes des hackeurs, le plus récent étant celui de Cryptopia, début 2019, le plus connu, le premier, Mt. Gox. Mais on peut aussi citer le japonais Zaif, Coincheck ou encore Bithumb. Et la liste est loin d’être exhaustive.

“Pour la plus grande part des usagers débutants, commencer par acquérir du Bitcoin sur des échanges centralisés peut-être plus rassurant, dit Maciej Cepnik, directeur de recherche à Veriphi et responsable du volet Fintech de l’Université Concordia. Il s’agit d’un bon moyen pour se familiariser avec le concept des adresses de réception et d’envoi. Il faut toutefois comprendre que l’usager qui décide de conserver ces bitcoins sur un échange n’a pas le contrôle total sur ceux-ci puisqu’il n’en possède pas les clés privées. La personne n’est donc pas souveraine de son argent, cela contrevient à la philosophie même du Bitcoin. De nombreux échanges ont été victimes de hack dans le passé, l’usager risque donc de se faire voler sans crier gare”.

Devenir responsable de son argent

Si l’exchange se fait pirater ou se révèle être malhonnête et décide de partir avec l’argent (Exit Scam), vous n’aurez que vos yeux pour pleurer, pas de recours possible. Et oui, ce n’est pas une banque. Avec une banque, si vous perdez votre carte, on vous en donne une autre, si vous perdez votre code PIN/NIP, il vous aideront, si on fraude avec votre carte, ils vous rembourseront. Avec les cryptos, si les fonds sont piratés sur un exchange, il est possible que celui-ci rembourse ses clients, mais aucune garantie et s’il s’agit d’un Exit Scam, vous pouvez définitivement dire adieu à vos cryptos. Il faut bien comprendre que dans la cryptosphère, c’est VOUS qui êtes responsable de votre argent. C’est VOTRE responsabilité de conserver et sécuriser vos clés privées.

L’avantage, c’est que contrairement au système bancaire, vous avez accès à vos actifs 24h/24, 7j/7 et que vous ne devez pas attendre quatre jours pour effectuer un transfert à l’étranger via un protocole de type SWIFT dont le moins que l’on puisse dire est qu’il est tout sauf moderne et rapide. Autre avantage, vous n’êtes pas ponctionné pour des frais de dossier, pour l’ouverture d’un compte, pour des frais mensuels de fonctionnement, pour des frais de virements, pour retirer de l’argent à un guichet d’une banque qui n’est pas la vôtre (retrait par ailleurs limité) etc. Et on ne peux pas geler vos crypto-actifs non plus quand une banque peut décider de geler vos comptes et vous interdir l’accès à votre argent.

Donc, l’idéal, c’est d’utiliser les plateforme d’échange pour leur fonction première: échanger des devises contre d’autres devises. Une fois que c’est fait, il faut utiliser un portefeuille crypto.

Il en existe de nombreux, en ligne ou hors-ligne. Les portefeuilles hors-ligne ou à froid (cold wallet) sont les plus sécuritaires de tous. Ils se présentent sous forme d’objets physiques, un peu comme une clé USB, mais on peut aussi se faire un portefeuille papier.

Informez-vous sur les portefeuilles suivants: Ledger Nano, Electrum, Samourai Wallet ou encore Trezor.

Récemment, le PDG de Binance a fait un tweet qui a fait polémique au sein de la communauté crypto. Il a en effet écrit de garder ses cryptos sur des exchanges sécurisés comme le sien. Ce tweet n’a pas manqué d’entraîner un déferlement de réactions négatives auxquelles je joins ma modeste voix. Tout ce qui est centralisé est piratable. C’est juste une question de temps.

Et les exchanges décentralisés?

Il existe des places d’échange décentralisées tels que Hodl Hodl ou Bisq, il s’agit d’échanges pair à pair apparus sur le marché récemment qui présentent la particularité d’être libres de tierces parties, rendant le processus d’acquisition de Bitcoin plus souverain et sécurisé. “Toutefois, les échanges décentralisés ne sont pas une solution de stockage de Bitcoin puisqu’ils ne rentrent jamais en possession des bitcoins qui sont échangés sur leur plateforme, explique Maciej Cepnik. Les usagers utilisant cette solution doivent donc être préalablement familier avec l’utilisation de portefeuilles”.

En conclusion, on retiendra qu’il faut utiliser les exchanges pour trader, échanger ses devises, mais qu’ensuite, il faudra les rapatrier vers un portefeuille, idéalement de type hors ligne. Pour en apprendre plus sur un tas de sujets concernant les cryptomonnaies, lisez notre section guide.