Le FBI exprime son avis sur la possibilité que la crypto permette à la Russie d’éviter les sanctions économiques
Alors que l’Occident tente de combler les brèches cryptos qui permettent à la Russie et la Biélorussie d’échapper aux sanctions, Chainalysis a dévoilé un outil de dépistage pour faciliter leur suivi. De son côté, le mélangeur de cryptomonnaies Tornado Cash a déclaré qu’il ne pouvait ou ne devait pas se conformer aux souhaits de Washington. Dans un cas comme dans l’autre, les services de police et de renseignement américains affirment que les Russes qui espèrent échapper aux sanctions en utilisant des cryptomonnaies seront contrecarrés dans leurs efforts.
Lors d’une audition de la commission spéciale du Sénat sur les menaces mondiales pesant sur les États-Unis, le directeur du Federal Bureau of Investigation (FBI), Christopher Wray, a répondu à la question d’un sénateur sur la manière dont l’agence pourrait réagir face aux tentatives d’utiliser les cryptomonnaies pour contourner les sanctions.
Wray a répondu que la communauté du renseignement bénéficie d’une expertise significative sur les actifs numériques. Il a indiqué que le FBI avait créé une “équipe spécialisée dans les cryptomonnaies”.
Cette unité, a déclaré le FBI le mois dernier, comprend un certain nombre d’experts cryptos équipés d’outils d’analyse de la blockchain. Le FBI a déjà utilisé ces outils pour trouver des distributeurs présumés de ransomware et retrouver une partie des jetons volés lors du piratage de Bitfinex en 2016.
Et Wray a minimisé le rôle que la crypto pourrait jouer dans l’évasion des sanctions, déclarant que la “capacité de la Russie à contourner les sanctions avec les cryptomonnaies” était “probablement très surestimée de part et d’autres.”
Il a ajouté que la “communauté du renseignement” américaine et ses “partenaires à l’étranger” étaient “bien plus efficaces” sur ce front que beaucoup le pensent.”
Wray a déclaré :
“Nous avons l’expertise en termes d’outils et de stratégies pour aider à bloquer les efforts [d’évasion des sanctions associées à la crypto]. En fin de compte, ce dont [la Russie] a vraiment besoin, c’est d’avoir accès à une certaine forme de monnaie fiduciaire, ce qui devient plus difficile.”
Pendant ce temps, de nouveaux développements ont eu lieu du côté de Chainalysis, qui a affirme être en mesure de “démixer les transactions sur Wasabi [Wallet]” effectuées en Bitcoin (BTC) et de “suivre leur sortie vers […] les exchanges cryptos.”
Wasabi fait usage de la technologie dite de “mélange” qui anonymise efficacement les transactions en amalgamant plusieurs mouvements de blockchain en même temps dans le cadre d’un CoinJoin.
Dans un billet de blog, Chainalysis a appelé le secteur crypto à “prouver” qu’il était “du bon côté de l’histoire” en soutenant la cause ukrainienne et en s’assurant que les plateformes – y compris les plateformes de finance décentralisée (DeFi) et les exchanges décentralisés (DEX) – étaient conformes aux sanctions. Elle a affirmé que ces plateformes pouvaient le faire en utilisant ses outils, dont beaucoup seront distribués gratuitement.
L’entreprise a expliqué :
“Ces solutions permettront aux créateurs de protocoles Web 3.0 décentralisés tels que les DEX, les plateformes DeFi, les DAO et les DApp, ainsi qu’à pratiquement toute personne utilisant des cryptomonnaies, de vérifier facilement qu’ils n’interagissent pas avec des adresses associées à des entités sanctionnées.”
La firme a ajouté que ses solutions “fourniraient à toute entreprise, protocole ou organisation un moyen simple de vérifier rapidement si une adresse figure sur une liste de sanctions avant de l’autoriser à se connecter à son service.”
Mais tout le monde ne semble pas aussi désireux de jouer le jeu. Bloomberg cite un cofondateur du protocole d’anonymat des transactions en cryptomonnaies Tornado Cash, Roman Semenov, qui affirme que l’entreprise “n’a pas besoin de se conformer aux sanctions.”
La solution du projet fonctionne en “brisant le lien entre les adresses de l’expéditeur et du destinataire sur les transactions envoyées sur le réseau Ethereum blockchain”.
Le service est basé sur des contrats intelligents, ne dispose pas de services de garde, ni d’un hébergeur de site web centralisé. Semenov a déclaré que la surveillance de ses utilisateurs était impossible pour Tornado Cash, ajoutant :
“Nous n’y avons pas plus accès que les autres utilisateurs. Il n’y a pas grand-chose que nous puissions faire. Tout ce que nous faisons, c’est écrire du code et le publier sur GitHub. C’est assez proche de la définition de la liberté d’expression, donc écrire du code ne peut pas être illégal.”
Des experts juridiques ont déclaré que les régulateurs étaient susceptibles de ne pas être d’accord – et d’insister sur le fait que les créateurs de projets exerçaient encore suffisamment d’influence pour s’assurer que leurs plateformes étaient conformes aux sanctions.
Vous pouvez regarder l’intégralité de l’audition de la commission sénatoriale du renseignement ici :
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