Enquête : Seulement 13% des fondateurs de projets web3 sont des femmes

Yann-Olivier Bricombert
| 3 min de lecture

Le Web3 a-t-il échoué en matière d’égalité entre les hommes et les femmes ? Sous le vernis des promesses d’un écosystème ouvert et démocratique, la réalité de la représentation des femmes en crypto est bien moins flatteuse.

Crypto et égalité hommes femmes : la désillusion


La semaine dernière, un rapport particulièrement alarmant de l’exchange crypto Bitget soulignait que moins de 7% des quelque 28 milliards de dollars de fonds levés en 2023 par les startups crypto l’ont été pour des projets dirigés par des femmes. Soit 93% de financement à destination de projets menés par des hommes. Selon une autre étude de Boston Consulting Group (BCG), publiée en février, seulement 13% des projets web3 sont dirigés par des femmes.

Dans le même temps, le nombre d’entreprises de la tech ayant “une” CEO a chuté de près de 45% depuis début 2022, selon cette même étude. Censée révolutionner la société, la crypto semble sur ce sujet plutôt reproduire les mêmes schémas de nos sociétés. Et leurs travers.

Une table-ronde était organisée sur le sujet ce mercredi au Palais Brongniart par Coinhouse, le courtier français en cryptomonnaies, qui s’est rendu compte que seulement 10% de ses utilisateurs sont des utilisatrices. La plateforme a décidé de réagir, et lancera prochainement des actions de communication pour “mettre en avant les expertes de la crypto et du web3”, en parallèle de la publication d’un livre-blanc, et d’une offre commerciale, dans le but de contribuer à inverser la tendance.

Des rôles modèles féminins peu visibles


L’objectif de ces initiatives : casser un mécanisme “d’effet d’entraînement”, que confirme Faustine Fleuret, la présidente de l’Adan, l’association des professionnels du Web3 en France. “Même si une femme s’intéresse à un sujet crypto, elle ne va pas vouloir s’informer parce qu’elle a peu de rôles modèles féminins. Quand j’ai commencé dans cet écosystème, la plupart des personnes invitées à s’exprimer dans les médias ou dans les panels étaient des hommes. Il ne faut pas laisser s’installer cette idée que le Web3 n’est pas fait pour les femmes.”

Ces modèles féminins existent “mais ils ne sont pas assez visibles”. “Beaucoup de profils du Web3 viennent du monde de la finance traditionnelle, de Wall Street, qui est encore très masculin”, constate Élodie de Marchi, COO de Kaïko, société d’analyse de données crypto, dirigée et cofondée par Ambre Soubiran. “La tech et la finance, ce sont deux bastions masculins”, confirme de son côté Léa Lejeune, cofondatrice de Plan Cash, un écosystème de contenus numériques qui a pour mission de démocratiser l’investissement en s’adressant en particulier aux femmes.

Des communautés web3 en guise de “safe place”


Face à ce constat, de nombreuses communautés web3 “non mixtes” se sont créées ces dernières années, afin d’offrir aux femmes un espace “safe” où parler librement de crypto et de web3, “sans avoir un crypto-bro qui vienne nous expliquer qu’on n’a rien compris”. Ces communautés s’appellent Women in Web3, Women in Blockchain ou encore TechyGirls, et sont “nécessaires”, “c’est une phase de transition”, estime Élodie de Marchi.

Chez Women in Web3, lors des évènements, les panels sont constitués de femmes à 70% et traitent de tous les sujets : tech, cybersécurité, blockchains d’infrastructure, NFT. “70% des femmes que nous avons interrogées disent avoir ressenti un jour des stéréotypes”, souligne toutefois Naomie Halioua, la fondatrice de Women in Web3.


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