Sberbank et d’autres institutions obtiennent le droit d’émettre et d’échanger des actifs financiers numériques en Russie

Tim Alper
| 4 min de lecture

Les régulateurs russes semblent appuyer les efforts des entreprises nationales pour devenir des exchanges de jetons locaux : la Banque centrale a en effet approuvé la demande du géant bancaire et informatique Sberbank pour devenir un émetteur officiel d’actifs financiers numériques (“digital financial assets”, DFA).

Source: Adobe/prima91

En janvier dernier, la Sberbank avait demandé à la Banque centrale de lui accorder le droit d’émettre un stablecoin pour ses entreprises clientes, mais cette nouvelle autorisation lui permettra également de proposer des services d’échange d'”actifs financiers numériques”.

Selon Interfax, deux autres entreprises ont reçu des autorisations similaires, à savoir la société fintech Lighthouse, ainsi que Transmashholding (TMH), le plus grand fournisseur de locomotives et d’équipements ferroviaires de Russie. Ce dernier travaille depuis plusieurs mois sur ce qu’il a appelé un “écosystème financier numérique” impliquant certains aspects de la crypto et de la blockchain.

Le registre des sociétés émettrices de DFA n’est pas nouveau en Russie. Il existe depuis le 1er janvier 2021. Mais avant la dernière décision de la Banque centrale, une seule entreprise – l’initiative de “tokenisation” des métaux Atomyze – avait obtenu un permis.

Sberbank avait – bien avant l’invasion de l’Ukraine par la Russie – initialement espéré lancer son projet de stablecoin au printemps 2021, mais avait ensuite cherché à modifier la nature de son offre.

La Banque centrale, cependant, a “affirmé à plusieurs reprises qu’il y a plus de questions que de réponses lorsqu’il s’agit de l’émission de stablecoins par les banques”, a noté Interfax.

Il n’est pas clair – et peu probable à ce stade – que les bourses puissent être autorisées à offrir des fonctions de trading de cryptomonnaies pour des actifs tels que le Bitcoin (BTC). Les banques n’en ont fait aucune mention. Mais ce qui est clair, c’est que les banques et les entreprises fintech voient dans cette démarche une occasion de s’engager au moins sur la voie de l’intégration des jetons et de la blockchain.

Sergey Popov, le directeur de l’unité commerciale Transactions de la Sberbank, a été cité comme ayant déclaré :

“Dans un mois, les personnes morales pourront effectuer les premières opérations sur notre plateforme blockchain. Bien que nous ne soyons qu’au début de notre voyage avec les actifs numériques, nous sommes conscients que les développements futurs nécessiteront des modifications du cadre réglementaire existant. Nous sommes prêts à travailler en étroite collaboration avec les régulateurs.”

Par ailleurs, des rumeurs avaient circulé cette semaine, affirmant que la gouverneure de longue date de la Banque centrale, Elvira Nabiullina, était sur le point de quitter son poste. Elvira Nabiullina est une alliée clé de Vladimir Poutine et dirige la Banque centrale depuis 2013, après avoir été ministre de l’économie et du commerce sous Poutine et sous Dmitri Medvedev, alors président.

Son mandat de gouverneur doit expirer à l’été de cette année. Mais Interfax a également rapporté que M. Poutine avait soumis sa candidature à la Douma d’État, le parlement russe. Selon la loi russe, la Douma doit approuver la nomination du président. Toutefois, cela risque d’être une simple formalité si Nabiullina accepte le rôle, la Douma étant dominée par les députés du parti de Poutine, Russie Unie.

Hier, URA.ru a indiqué que les porte-paroles du Kremlin avaient refusé de répondre aux questions sur le sort de Mme Nabiullina, après une semaine de spéculations sur sa position et sa volonté de continuer à lutter contre les retombées économiques provoquées par les sanctions internationales.

Le personnel de la Banque centrale aurait travaillé dans des conditions “psychologiques et physiques épuisantes”, mais Mme Nabiullina a, selon l’article, “exhorté son personnel à ne pas participer aux conflits politiques au travail, à la maison et sur les réseaux sociaux.”

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