Où en est la tokenisation de l’immobilier en France ?

Yann-Olivier Bricombert
| 3 min de lecture

Annoncé comme une révolution 3.0 pour les actifs réels, l’immobilier tokenisé cherche encore sa voie en France, dans un double contexte de crise de la pierre et des cryptos. Un premier salon réunira les professionnels du secteur le 10 novembre 2023, à Paris.

Les Français et l’immobilier, une grande histoire d’amour


L’immobilier est le véhicule d’investissement préféré des Français. D’après une enquête de l’Association Nationale des Docteurs en Sciences Économiques et en Sciences de Gestion (ANDESE), la France est l’un des pays avec le plus fort taux d’épargne, proche des 15%. La classe d’actifs privilégiée des Français reste l’immobilier. Le secteur représente 20% du PIB national, soit 68 milliards d’euros, d’après le site notaires.fr En France, 26% des placements de cette épargne sont effectués dans la pierre, contre 15% en moyenne en Europe.

Et cet intérêt ne se dément pas, quelle que soit la période. D’après un récent sondage d’OpinionWay, réalisé pour Laforôt immobilier en septembre, 17% des Français envisagent d’acheter un bien immobilier d’ici la fin de l’année 2023. Cependant le contexte économique a un réel impact sur les décisions : 65% des Français indiquent que les taux d’intérêts auront une incidence sur leur projet. Ils étaient 73% à le penser il y a un an.

La tokenisation de l’immobilier, qu’est-ce que c’est ?


Certains Français explorent de nouvelles manières d’investir dans la pierre. Plus de liquidité, moins de frais, absence de gestion des locataires… L’immobilier tokenisé cumule plusieurs avantages qui ont de quoi séduire sur le papier. S’il n’existe pas de chiffres officiels sur l’état de ce marché de niche, sa capitalisation représenterait dans le monde “entre 500 millions et un milliard de dollars”, selon Florian Freyssinet, PDG et fondateur du cabinet Tokenland, et organisateur d’un premier Salon l’immobilier 3.0, le 10 novembre à Paris.

“Sous le terme immobilier 3.0, c’est-à-dire digital via des parts, nous avons décidé de regrouper plusieurs secteurs, aussi bien les SCPI (société civile de placement immobilier), le crowdfunding, le fractionnement et la tokenisation. C’est la meme façon d’envisager de l’immobilier, et je suis convaincu que l’utilisation de la blockchain dans ces modèles est tellement évidente, et qu’elle va concerner tous les acteurs de demain, qu’il faut les réunir sous le même drapeau. La tokenisation, c’est l’action de mettre sur la blockchain des parts d’immobilier.”

Photo de Jarek Ceborski sur Unsplash

Les avantages de l’immobilier tokenisé


Ce n’est pas le bien lui même qui est sur la blockchain, mais les parts de la société qui le possède. “On peut se les échanger, les mettre en collatéral, on devient libre avec son token”, plaide Florian Freyssinet. En France, de nombreuses startups ont émergé ces dernières années, en proposant des investissements avec un faible coût d’entrée, parfois dès 1€.

L’une des plateformes les plus en vue, RealT, permet par exemple de s’exposer à de l’immobilier aux Etats-Unis. Une autre startup, Atoa, propose de la cession de revenus futurs en s’appuyant sur une fiducie, “ce qui permet de sécuriser l’opération”. La plupart des projets offrent à l’investisseur la possibilité de choisir le bien dans lequel il va mettre son argent.

Wincity a créé une plateforme NFT et un métavers pour les biens immobiliers tokenisés. “Ils ont racheté des biens qui permettent de rémunérer les joueurs du jeu-vidéo”.

Florian Freyssinet, organisateur du Salon de l’immobilier 3.0.

Les risques de l’immobilier 3.0


Comme tout investissement, l’immobilier 3.0 ne va pas sans risques. Le premier d’entre eux réside dans le fait que, paradoxalement pour un secteur qui utilise la blockchain dont le principe de base est l’absence d’intermédiaires, il faut faire confiance à la société qui va opérer et gérer le bien.

Autre biais non négligeable, c’est la volatilité des cryptomonnaies. Même si les biens tokenisés ne sont pas directement corrélés au cours des cryptomonnaies, ils restent adossés à une blockchain et donc liés aux évolutions du secteur. “Les security tokens sont considérés comme des titres financiers, comme dans la finance traditionnelle”, tempère l’organisateur, qui reconnaît qu’en cette période de tassement des transactions et d’hiver crypto, il faut être prudent dans ses choix. A ce titre, ils sont imposés en France au régime de la flat tax, à 30%.

Une vingtaine d’intervenants


Le salon de l’immobilier 3.0 réunira une vingtaine d’intervenants et attend entre 100 et 200 visiteurs. “A la différence d’autres conférences, nous avons fait le choix de ne mettre sur scène que des entrepreneurs ou des professions annexes (avocats, banquiers, notaires) qui construisent dans le secteur et ont des analyses pertinentes, il n’était pas possible de payer pour être sur le panel.”


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