Tout savoir sur le vote via la blockchain

| 12 min de lecture

La technologie des chaînes de blocs (blockchain, en anglais) a deux caractéristiques principales. Premièrement, c’est une base de données stockée par différents ordinateurs (les nœuds). Les données sont résiliantes car elles sont stockées simultanément sur plusieurs nœuds, de sorte que même si un ou plusieurs d’entre eux tombent en panne, les données ne sont pas affectées. Deuxièmement, les chaînes de blocs fonctionnent également comme plateforme d’exécution logicielle. En tant que plateforme d’exécution de code, la structure décentralisée garantit que la défaillance d’un ou de plusieurs nœuds n’affecte pas la globalité du réseau.

Photo: Pixabay

Les trois principales méthodes actuelles de validation au sein d’une chaîne de blocs sont:

  • La preuve de travail (proof-of-work)
  • La preuve d’enjeu (proof-of-stake)
  • La preuve d’autorité (proof-of-authority)

Chacune des méthodes citées ci-dessous requièrent un système de vote, plus ou moins élaboré en fonction des chaînes de blocs. Si celui-ci n’est pas atteint, il est possible de recourir à un fork.

Pour comprendre en détail comment les différents nœuds interagissent, ce dossier étudie les principaux types de votes ayant lieu grâce à la technologie des chaînes de blocs et leurs possibilités d’évolution.

Un bulletin de vote est plus fort qu’une balle de fusil

La confiance envers les institutions formelles d’une société sont très importantes pour la croissance et le développement d’une économie. Nous constatons que dans les sociétés où il existe une très forte méfiance à l’égard de la police ou de la justice, si l’on pense à la Russie en particulier, en ce qui concerne l’exécution des contrats, il est très difficile de faire des affaires et de se développer économiquement sans confiance dans les institutions les plus fondamentales de l’économie de marché. C’est ce qu’Adam Smith constate dans son célèbre exemple sur le boucher dans La Richesse des Nations et le fait que nous devons notre dîner non pas à la gentillesse du boucher mais à l’intérêt qu’il porte à ses soins. On pourrait alors imaginer que la main invisible serait en fait au bout d’un bras invisible, la main invisible serait le jeu des intérêts individuels et le bras invisible serait les relations de confiance. Sans relation de confiance, il n’y aurait même pas la possibilité du jeu des intérêts individuels.

Voici qui contrôle Bitcoin : le vote majoritaire. Puisque tous les nœuds sont égaux, si la majorité décide quelque chose, cela se produira.

Il en va de même pour de nombreux protocoles de la cryptosphère, puisque récemment, la décision d’augmenter la limite de gas/bloc sur le réseau Ethereum a fait débat.

Ces éléments appellent donc à s’intéresser sur la gouvernance et les acteurs de ces réseaux.

Votes et validations, historique des évolutions

Je vous propose, pour comprendre l’évolution des votes et validations concernant la technologie des chaînes de blocs, de partir du résumé du mode de fonctionnement du Bitcoin comme suit : toute personne peut proposer des modifications et nous distinguons deux types d’évolution, les « hard forks » et les « soft forks ». Ainsi, lors d’un « soft fork », les blocs produits sous la nouvelle version peuvent être ajoutés par des nœuds fonctionnant encore sous l’ancienne version. Une telle rétrocompatibilité est impossible en cas de « hard fork ». Enfin, pour valider une transaction, il est nécessaire d’effectuer une preuve de travail (proof-of-work).

L’avantage avec cet exemple, Bitcoin, est que la démocratie règne puisque seulement la majorité du réseau écrit l’histoire. Il faudrait donc acquérir 51% du réseau pour corrompre le système. L’inconvénient, dans le cas d’usage du vote, est que ce procédé de validation ne requiert aucune identité officielle.

Peercoin a été la première monnaie à utiliser la preuve d’enjeu, une méthode de validation consistant à demander à l’utilisateur de prouver la possession d’une certaine quantité de cryptomonnaie pour prétendre à la validation des blocs supplémentaires.

L’avantage est de réduire la dépense d’énergie générée par transaction mais l’inconvénient rencontré précédemment reste présent car aucune identité officielle n’est nécessaire pour atteindre le consensus distribué.

La preuve d’autorité est un algorithme basé sur la réputation qui introduit une solution pratique et efficace pour les réseaux en chaînes de blocs, en particulier les réseaux privés. Le terme a été proposé en 2017 par Gavin Wood, co-fondateur et ancien directeur technique d’Ethereum.

Le vote numérique, pourquoi faire ? Nous aimons tous les files d’attente au bureau de vote…

Le vote démocratique est un événement crucial et sérieux dans tout pays. Le mode de vote le plus courant dans un pays est le système via bulletins en papier, mais n’est-il pas temps d’introduire le vote numérique ?

Le vote numérique est défini comme l’utilisation d’appareils électroniques, tels que les machines à voter ou un navigateur internet, pour voter. On parle parfois de e-vote lorsqu’on utilise une machine dans un bureau de vote, et de i-vote lorsqu’on utilise un navigateur internet.

L’Estonie est probablement le seul pays au monde où 99 % des services publics sont disponibles en ligne 24 heures sur 24, 7 jours sur 7. Les services en ligne ne sont impossibles que pour les mariages, les divorces et les transactions immobilières – et il faudra sortir de chez soi pour ceux-ci. Grâce à un écosystème numérique sûr, pratique et flexible, l’Estonie a atteint un niveau de transparence sans précédent en matière de gouvernance et a instauré une large confiance dans sa société numérique. En conséquence, l’Estonie économise chaque année plus de 884 ans de temps de travail et est devenue un environnement optimal pour les entreprises numériques. 44 % des Estoniens utilisent i-Voting, une solution unique qui contribue simplement à faire participer les citoyens au processus de gouvernance. La base de ce système est la carte d’identité nationale que tous les citoyens estoniens reçoivent. Ces cartes contiennent des fichiers cryptés qui identifient le propriétaire et lui permettent d’effectuer un certain nombre d’activités électroniques : des services bancaires en ligne, la signature numérique des documents, une consultation d’informations sur les bases de données gouvernementales et le vote par correspondance.

En 2005, l’Estonie est devenue le premier pays au monde à organiser des élections nationales en utilisant cette méthode, et en 2007, elle a fait la une des journaux en tant que premier pays à utiliser le i-Voting pour les élections parlementaires. Lors des élections parlementaires de 2015, 30,5 % de l’ensemble des votes ont été obtenus par le biais du système i-Voting.

Un rapport du Science and Technology Options Assessment (STOA), du service de recherche du Parlement Européen, sur les perspectives de la technologie des chaînes de blocs, indique par ailleurs qu’en Estonie, la blockchain a été utilisée par des actionnaires lors de conseils d’administration. Le même rapport relève une initiative similaire au Danemark, dans le cadre d’élections partisanes internes.

Un vote, des blockchains

Aujourd’hui, il n’existe pas de solution basée sur la technologie des chaînes de blocs permettant à une infrastructure gouvernementale publique de mener à bien une élection numérique. Une des possibilités envisagées est d’abriter deux chaînes de blocs : l’une pour les informations sur les électeurs, et l’autre pour les informations sur les votes. Ces chaînes de blocs seraient tenues de manière totalement séparées afin d’éviter toute menace liée à la possibilité de relier les votes à une identité.

En combinant les différentes méthodes de validation actuelles à une carte d’identité électronique, la technologie des chaînes de blocs pourrait être l’élément permettant d’organiser des systèmes de votes électroniques fiables, condition d’avènement d’une véritable démocratie participative.

En 2021, le format de notre CNI (Carte Nationale d’Identité) va changer à partir d’août 2021. Les nouvelles cartes qui seront progressivement délivrées auront la taille d’une carte de crédit. Elles seront munies d’une puce électronique lisible sans contact, contiendront des informations biométriques supplémentaires et donneront à leur propriétaire une identité officielle en ligne. Sa mise en œuvre est complexe, et son modèle économique en particulier fait l’objet de débats.

Les projets dédiés au vote sur la technologie des chaînes de blocs en France sont encore en cours d’expérimentation tandis que le vote par blockchain est déjà arrivé en Russie. Le coût actuel du vote tel que nous le connaissons pourrait être réduit par deux ou par trois grâce à la technologie des chaînes de blocs. Cependant, il reste un certain nombre d’obstacles à surmonter avant que le vote sur la blockchain puisse avoir lieu :

  • le coût des transactions : dans le cas d’un vote d’un million de personnes, avec des frais de transaction de 10 centimes, le coût de l’organisation du vote serait de 100 000 euros.
  • la rapidité des transactions : pour faire voter 1 million d’électeurs en l’espace de 12 heures, il faudrait en moyenne 23 transactions par seconde. Pour résoudre ce problème, il est nécessaire de développer une architecture qui permette d’agréger et de regrouper des transactions tout en garantissant un niveau élevé de sécurité.
  • la protection de la carte électorale numérique contre les attaques de logiciels malveillants qui pourraient corrompre le vote.

Dans un rapport récent, McKinsey a remarqué que l’identification numérique, ou “digital ID”, peut être authentifiée sans ambiguïté par un canal numérique, débloquant l’accès aux services bancaires, aux prestations gouvernementales, à l’éducation et à de nombreux autres services essentiels. Les risques et le potentiel d’utilisation abusive de l’identification numérique sont réels et méritent une attention particulière. Lorsqu’elle est bien conçue, la carte d’identité numérique permet non seulement une autonomisation civique et sociale, mais aussi des gains économiques réels et inclusifs, un aspect moins bien compris de la technologie. Dans le cadre de cette recherche, ils élaborent un cadre pour comprendre l’impact économique potentiel de l’identification numérique, en s’appuyant sur une analyse de près de 100 façons dont l’identification numérique peut être utilisée au Brésil, en Chine, en Éthiopie, en Inde, au Nigeria, au Royaume-Uni et aux États-Unis. Dans leurs sept pays cibles, l’extension de la couverture complète de l’identification numérique pourrait permettre de dégager une valeur économique équivalente à 3 à 13 % du PIB en 2030.

La maîtrise de la technologie des chaînes de blocs est un enjeu de souveraineté via son application, entre autre, à la monnaie, à l’identité numérique et bientôt au vote. L’évolution de projets tel qu’Uniris, protégeant vos données biométrique ayant signé un partenariat pour les Jeux Olympiques 2024 et une monnaie digitale de banque centrale peuvent permettre à la France et à l’Europe de devenir le leader mondial de cette technologie.

Prochaine étape : le vote décentralisé via blockchain ?

Merci de votre lecture. Si vous avez des questions, suggestions ou commentaires, merci de me contacter sur LinkedIn.

Ce texte est signé par Boris Nedeltchev Business Manager au sein du groupe agap2.

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