Bitcoin et le minage : Analyse des préoccupations environnementales et des solutions possibles

Thomas RENAULT
| 4 min de lecture
Bitcoin et le minage : Analyse des préoccupations environnementales et des solutions possibles

Le Bitcoin, la monnaie digitale N°1 dans le monde de la cryptographie, suscite depuis plusieurs années des discussions animées sur son impact environnemental. Le processus de minage, qui est vital pour le fonctionnement de la blockchain du Bitcoin, consomme une quantité d’énergie considérable.

Toutefois, le minage de Bitcoin évolue vers une démarche plus durable grâce à des innovations telles que les fermes hydro-refroidies et l’utilisation de gaz de pétrole associé, remettant ainsi en question certaines des critiques environnementales.

Consommation énergétique du Bitcoin

Le Bitcoin est souvent pointé du doigt pour sa consommation d’énergie exorbitante, principalement due à son processus de minage. L’indice de consommation énergétique du Bitcoin nous donne les dernières estimations : 118,63 TWh d’énergie électrique par an, ce qui est comparable à la consommation totale des Pays-Bas

En termes de déchets électroniques, le réseau génère 66,10 kt, équivalent aux déchets de petit équipement informatique des Pays-Bas. En ce qui concerne l’empreinte carbone, on estime qu’elle est de 66,17 Mt de CO2, ce qui est comparable à l’empreinte carbone d’Israël.

Graphique montrant l'évolution de la consommation d'énergie du Bitcoin depuis 2018, actuellement à 118,63 TWh par an
Évolution de la consommation d’énergie du Bitcoin depuis 2018, actuellement à 118,63 TWh par an. Source : bitcoin-energy-consumption

À noter que l’Ethereum, le plus grand concurrent du Bitcoin, a réussi à réduire sa consommation électrique de près de 99,84 % en changeant sa méthode de production de proof-of-work à proof-of-stake en 2022. Ce qui soulève la question : Le Bitcoin peut-il emprunter une voie similaire vers la durabilité ?

Les préoccupations environnementales du minage de Bitcoin

Depuis sa création, le Bitcoin repose sur un algorithme de preuve de travail (proof-of-work) énergivore pour valider les transactions et sécuriser le réseau. Les machines dédiées à ce travail consomment d’énormes quantités d’énergie, principalement d’origine fossile.

La course incessante au minage de blocs pousse des individus du monde entier à exploiter des machines énergivores (ASIC), d’autant plus que le minage offre un flux de revenus stable. Cette dynamique a fait grimper la consommation totale d’énergie du réseau Bitcoin à des niveaux sans précédent, surpassant même la consommation de certains pays.

Graphique comparant la consommation d'énergie du réseau Bitcoin à celle de différents pays
Consommation d’énergie du Bitcoin comparée à celle de différents pays, équivalente à celle des Pays-Bas.

L’empreinte carbone et les défis des énergies renouvelables

Le principal enjeu pour le Bitcoin ne réside pas tant dans sa forte consommation d’énergie que dans la prédominance des énergies fossiles pour alimenter son réseau de minage. Contrairement aux énergies renouvelables, qui sont intermittentes, les mineurs de Bitcoin ont des besoins énergétiques constants. Lorsque les sources renouvelables font défaut, les mineurs se tournent historiquement vers les énergies fossiles, plus fiables.

Machines ASIC en action, utilisées pour le minage de Bitcoin
Machines ASIC en action, utilisées pour le minage de Bitcoin.

Plus de 50 % d’énergie renouvelable dans le minage en 2023

Selon de nouvelles recherches publiées par Bloomberg, plus de 50 % du minage mondial de Bitcoin est désormais alimenté par des sources d’énergie renouvelable. Ce chiffre positionne actuellement le Bitcoin comme l’une des industries les plus durables au monde en matière de consommation d’énergie.

Vers des alternatives plus durables ?

La preuve de travail n’est pas le seul algorithme de consensus existant. Des algorithmes plus écoénergétiques, tels que la preuve d’enjeu (proof-of-stake), sont en cours de développement. 

Contrairement à la preuve de travail, la preuve d’enjeu permet aux détenteurs de monnaie de créer des blocs, éliminant ainsi le besoin de machines gourmandes en énergie. Un passage à un tel algorithme pourrait réduire de 99,95 % l’énergie nécessaire pour faire fonctionner le réseau Bitcoin.

Le changement climatique et la volatilité de la production hydroélectrique dans des régions comme le Sichuan (en Chine) rendent cette transition encore plus urgente.

Vers un minage de Bitcoin plus écologique : solutions à l’horizon

Les mineurs de Bitcoin se délocalisent de plus en plus vers des pays où l’accès à des énergies renouvelables est moins coûteux, ouvrant la voie à une industrie plus durable. Parallèlement, des initiatives visent à éviter le gaspillage d’énergie, comme la récupération du gaz torché, pour rendre le minage du Bitcoin plus écologique.

L’impact sur le secteur énergétique et l’investissement durable

La flexibilité des mineurs de Bitcoin favorise une transition vers un secteur énergétique plus durable. L’objectif est de créer une industrie profitable et écologique, attirant ainsi des investisseurs soucieux de l’environnement. Ces premiers pas vers une exploitation plus verte du Bitcoin s’alignent sur les enjeux environnementaux actuels.

Des acteurs engagés pour un minage de Bitcoin plus durable

Bitcoin Minage vert plus durable
Source : Adobe FireFly

Sazmining : Le futur écologique du minage au Paraguay

Sazmining, un acteur majeur dans l’univers des cryptomonnaies, prévoit de lancer une installation de minage écologique au Paraguay, alimentée par l’hydroélectricité du barrage d’Itaipu. Cette initiative s’ajoute à leurs installations déjà existantes aux États-Unis et souligne l’engagement de l’entreprise à utiliser des énergies renouvelables.

Bitcoin Mining Council : l’avant-garde du minage durable

Le Bitcoin Mining Council (BMC), qui représente 43 % du réseau minier mondial, sert d’exemple en matière de durabilité, avec 63 % de son énergie provenant de sources renouvelables.

En plus de cela, le BMC a réussi à réinjecter 815 GWh d’énergie dans les réseaux électriques durant les pics de demande, démontrant ainsi l’utilité du minage de Bitcoin dans la stabilisation des réseaux électriques.

Source : Digiconomist