DACOM EU : Un an après la chute de FTX, la conformité peut-elle relancer l’industrie crypto ?

Yann-Olivier Bricombert
| 3 min de lecture

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Presqu’un an après la chute de FTX, les acteurs clés de la conformité crypto, réunis au DACOM EU à Paris, misent sur la régulation pour regagner la confiance des institutions et des investisseurs particuliers.

L’écosystème crypto et les acteurs de la conformité


Alors que l’écosystème crypto peine à se relever de la chute de FTX, il y a bientôt un an jour pour jour, en coulisses les acteurs clés de la conformité (“compliance”) et de la régulation n’ont pas rompu le dialogue. Bien au contraire, il n’y a sans doute jamais eu autant de conférences et de colloques sur ce thème.

Autre signe qui ne trompe pas, depuis quelques années, les plus grands acteurs de la blockchain (plateformes d’échange, market makers, protocoles DeFi…) recrutent à tour de bras ce que les cabinets d’audit ou les agences gouvernementales et européennes comptent d’experts de haute voltige.

Quand ils ne démissionnent pas prématurément, comme récemment chez Binance, ils ont la lourde tâche d’aligner l’écosystème web3, vieux de moins de quinze ans, sur les standards de la finance traditionnelle (“TradFi”).

La régulation crypto n’est plus une option


Pas une mince affaire. Pour Gabriel Cumenge, sous-directeur des banques et des financements d’intérêt général à la Direction générale du Trésor, la route est même encore longue. “La bataille pour la réputation de l’industrie crypto n’est pas encore gagnée pour vous”, a-t-il lancé jeudi au sommet européen DACOM (pour “Digital assets compliance and market integrity”), organisée à Paris par Solidus Labs, un fournisseur de solutions de données crypto à destination des institutions pour détecter le crime, la fraude et les manipulations de marché.

Selon Sopheap Lao, CEO de Davensi, plateforme d’échange crypto française enregistrée PSAN, l’industrie n’a pas le choix :

“La seule façon de regagner la confiance, c’est d’être régulé.”

Là où il y a quelques années encore, la compliance était considérée comme un obstacle au business des cryptomonnaies, il semble que la donne ait radicalement changé ces dernières années. “Pas une juridiction n’échappe au besoin de régulation, tout le monde est en train de s’y mettre“, témoigne un consultant indépendant.

2024, année de l’adoption crypto par les institutions?


Habitué des salles de marché et de la haute finance, Rija Rameloarison a construit l’infrastructure de conformité de Meria (ex-Just Mining), la société d’Owen Simonin (alias “Hasheur”), avant de rejoindre Milestone, cabinet de conseil français spécialisé dans la compliance. “Il fallait passer d’un modèle d’e-commerce à un modèle de prestataire de services d’actifs numériques. Tous les process étaient à créer.” La société était déjà enregistrée PSAN depuis mai 2021.

L’arrivée possible d’un ETF spot Bitcoin presse l’ensemble du secteur à se mettre au pas de la régulation. “Personne ne veut être en retard lorsqu’il sera accepté par la SEC (Securities and Exchange Commission). Parce qu’il le sera, la seule question est de savoir quand”, résume un cadre en charge de la conformité d’un exchange.

2024, année de l’adoption crypto par les institutions ? Elodie de Marchi, directrice des opérations chez Kaiko, elle aussi y croit : “Toutes les plus grandes institutions, de Fidelity à Black Rock, en passant par JP Morgan, Citi, ou Visa pour les systèmes de paiement sont entrées dans le jeu.”

MiCa et la DeFi en ligne de mire


“Le principal atout que l’Europe a à offrir, c’est son intégrité et un marché intérieur unifié“, a rappelé Gabriel Cumenge, à propos des cadres réglementaires européens. “Du côté du consommateur, sans doute que MiCa ne va pas tout régler. Mais les autorités sont volontaires pour apprendre, n’hésitez pas à les solliciter.” Pour Ernest Lima, de fondateur de XReg Consulting, une firme basé à Gibraltar, “les entreprises qui seront régulées auront un avantage compétitif certain sur les autres”.”Jusqu’à présent l’Europe était fragmentée sur ces questions, avec règles différentes dans chaque juridiction. MiCa apportera beaucoup de clarté.”

La finance décentralisée (DeFi) semble être le dernier espace non régulé – sans doute plus pour très longtemps. “C’est la dernière frontière encore poreuse en matière de lutte contre le blanchiment d’argent, avec des techniques plus complexes, et une augmentation très sensible des cas frauduleux”, a expliqué Simone Maini, patronne d’Elliptic, spécialiste britannique de l’analyse de la donnée sur la blockchain.


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