La stratégie “Web4” de la Commission européenne pourrait être un sacré flop

Siméon Allegaert
| 3 min de lecture

Le 11 juillet dernier, la Commission européenne a officiellement adopté sa nouvelle stratégie sur le Web4 et les mondes virtuels dans le but d’assurer “un environnement numérique ouvert, sûr, digne de confiance, équitable et inclusif” pour les citoyens de la zone euro.

Cette stratégie repose sur quatre piliers principaux, qui s’articulent autour de l’autonomisation des ressources humaines, du soutien aux entreprises, de la poursuite du développement des services publics et de l’élaboration de normes mondiales pour le “Web 4.0”. Il s’agit d’un terme récemment introduit qui vise à devancer la prochaine grande vague technologique.

Des institutions financières et gouvernementales qui ne font toujours pas confiance au secteur crypto

Même si cette volonté de la Commission européenne consistant à prendre la tête du Web4 avant l’apparition de celui-ci peut sembler tout à fait louable, il ne faut pas oublier que la plupart des institutions financières et gouvernementales ne font toujours pas réellement confiance au Bitcoin et dans une moindre mesure à Ethereum.

Le secteur crypto étant régulièrement accusé par l’ensemble des agences de régulation de favoriser les activités criminelles, notamment la fraude fiscale mais également le terrorisme. Il faut aussi mentionner le fait que le Web3 n’a pas réellement réussi à convaincre le grand public, et qu’il profite actuellement à une minorité d’individus. Son principal cadre d’action se trouvant pour le moment concentré au sein du secteur GameFi et des jeux disposant de fonctionnalités Play-to-Earn.

On peut affirmer que la position générale de I’Union européenne sur le Bitcoin a considérablement dégradé son image de région orientée vers le progrès technologique, et que le bloc aurait tout intérêt à changer ses positions sur le minage et les blockchains basés sur un système Proof of Work (PoW) s’il souhaite rester concurrentiel au sein du secteur. 

Il y a également la question de l’euro numérique à prendre en compte, ce dernier étant conçu pour être utilisé comme moyen de paiement électronique sûr et stable, complétant ou remplaçant l’argent liquide traditionnel. Néanmoins, il faut noter que l’euro numérique comme la plupart des CBDC (monnaie numérique de banque centrale) soulèvent des interrogations voire des craintes de la plupart des utilisateurs du Web3 et même de certains cadres politiques en raison de leur aspect extrêmement centralisé.

Si l’Union européenne souhaite s’imposer et avoir une position dominante au sein du secteur numérique, il apparait comme évident que le bloc va devoir faire face à des mastodontes technologiques comme les Etats-Unis et la Chine

À la date de rédaction de cet article, il est nécessaire de souligner que cet objectif semble particulièrement difficile pour la zone euro, car même si cette dernière bénéficie d’une situation enviable dans des domaines tels que la fabrication et l’exportation mondiale de marchandises, elle reste très fortement à la traine concernant une éventuelle innovation dans le secteur numérique, en particulier pour l’écosystème crypto. 

Pour que l’Union européenne prenne le leadership sur l’intersection entre les domaines physique et numérique, elle va devoir redoubler d’efforts et proposer un cadre réglementaire qui soit à la fois clair et précis afin d’attirer une multitude d’entreprises, contrairement aux États-Unis où le flou législatif et les attaques répétées de la Securities and Exchange Commission (SEC) poussent les plateformes à quitter le territoire.

Source : European Commission