Interview de Cyrus Fazel, fondateur et CEO de Swissborg

Yann-Olivier Bricombert
| 4 min de lecture

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A l’occasion du CV Summit, Cyrus Fazel, fondateur et CEO de Swissborg, nous a accordé une interview. Il explique les évolutions de la plateforme, évoque les sujets d’actualité de la blockchain et de la régulation.

Comment se définit Swissborg aujourd’hui?


On a toujours essayé d’être un peu plus qu’un échange. Nous sommes plutôt un méta-exchange puisqu’on va chercher la liquidité sur les meilleures échanges. L’idée d’après c’est de faire un peu plus loin. Nous allons l’annoncer à Solana Breakpoint. La mission de Swissborg, qui est différente des échanges, a toujours été d’accompagner les utilisateurs dans leur quête d’indépendance financière. Notre prochaine étape, c’est de créer un service qui accompagne les gens à mieux gérer leur patrimoine. On s’oriente de plus en plus vers des outils du monde de la finance traditionnelle, maais avec des actifs digitaux et une communauté avec l’esprit Web3.

Les ETF Bitcoin et Ethereum sont au coeur de l’actualité. Est-ce envisageable de voir ces indices un jour proposés sur SwissBorg?


Je ne pense pas qu’on accueille un jour des ETF crypto. La chose la plus importante avec la blockchain, c’est d’être propriétaire de la data. Or un ETF c’est exactement l’inverse : tu investis dans un fonds qui investit lui-même dans un sous-jacent. Tu veux vraiment avoir une exposition directe. Pour nos thématiques par exemple, qui sont des paniers, chacun est propriétaire du sous-jacent. C’est important, car le sous-jacent peut être titrisé, retiré sur un wallet, pour en devenir réellement propriétaire.

Il y a eu la tendance CeFi, puis la DeFi, et la CeDeFi, mais qui n’a pas apporté toutes les garanties (ex. Celsius). Où en sommes-nous aujourd’hui ?


C’est une très bonne question, que nous allons justement développer à Breakpoint. Ce que je dis depuis 2016, c’est que le meilleur des mondes est un monde où tout n’est pas noir ou blanc. Probablement qu’un mélange des deux est ce qu’il y a de plus juste. Etre 100% DeFi cela n’existe pas vraiment, et le CeFi a des arguments pour lesquels cela fonctionne bien. Le mélange des deux on-chain, c’est sans doute ce qui se fait de mieux.

Le Web3 semble de plus en plus se tourner vers le web2, et inversement. Est-ce que l’avenir passera par le web2.5 ?


Exactement, les deux vont s’aligner. C’est Reddit qui réussit à diffuser ses NFT partout sans que personne ne sache que ce sont des NFT. C’est le monde du gaming Web3 qui se met à construire de vrais jeux vidéos, et pas juste des ponzi… L’idée c’est de créer de la valeur pour ta communauté, pas la rendre esclave de ta plateforme. Et de l’autre, utiliser l’UX/UI du web2 qui a déjà fait ses preuves. Exemple avec Fever, qui est un peu un concurrent de X (ex-Twitter), c’est le meilleur des deux mondes.

Dans un récent panel, vous avez déclaré : “Investissez dans ce que vous utilisez, pas seulement dans ce que vous comprenez”. Que vouliez-vous dire ?


Je pense que c’est l’usage qui a le plus de valeur. C’est comme cela que l’on est moins émotionnellement stupides. S’il y a de la volatilité à la baisse, on a moins tendance à vouloir vendre sous le coup de l’émotion, parce qu’on utilise le produit. J’ai vraiment compris Bitcoin la première fois que j’ai envoyé de l’argent à mon père en Iran, parce qu’il n’y avait pas d’autre moyen. Si je conduis une Tesla, et que j’ai gagné 200% sur l’action en bourse, cela me donnera encore plus envie d’en racheter une un jour. Il y a un cercle vertueux entre le détenteur et l’utilisateur.

Parlons régulation, êtes-vous prêt pour la règlementation MiCa ?


C’est difficile de répondre à cette question. Nous sommes régulés avec la PSAN en France et la FIU en Estonie, deux entités très crédibles, mais qui ne posent pas les mêmes questions. Et donc je ne sais pas encore à quoi va ressembler l’harmonisation, et si la BaFin aura la même version que chacun, pour une harmonisation en juin 2024. Je suis confiant sur le fait que cela aura lieu, mais peut-être pas de manière aussi facile qu’on ne le pense.


 

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