Comment la blockchain peut révolutionner le commerce en ligne

Lors du SBC Summit Barcelona 2023, une conférence captivante a rassemblé des experts éminents du secteur pour discuter de l’impact de la technologie blockchain sur les transactions en ligne transfrontalières. Sous la modération attentive de Tejinder Kumar, Chief Commercial Officer, les participants Stuart Morrison, CEO de Crypto Snack, Enrico Giancaterina, Executive Managing Director chez Funtech Games, Brett Johnson, Sales Leader chez nChain, et Sam Buxton, CEO de Damex, ont exploré les possibilités fascinantes que la blockchain offre au commerce électronique.

Une Bonne Année pour la crypto et les blockchains

Le modérateur a d’abord commencé par demander aux invités ce qu’il était, pour eux, la meilleure innovation concernant la blockchain cet année. Samuel a ouvert en disant que l’adoption des crypto-monnaies et de la blockchain était en hausse, une bonne nouvelle donc.

Stuart Morrison est allé un peu plus loin en disant que pour lui l’espace est de plus en plus novateur, et qu’il « promet de belles choses pour les années à venir ». Il a aussi mentionné l’explosion des cryptomonnaies en LATAM, qui est selon lui un exemple de région où l’utilité première des cryptos est nécessaire et non spéculative :

« En Europe et aux USA, on utilise la crypto pour [se] faire de l’argent. En LATAM ils l’utilisent parce qu’ils en ont besoin. »

Si vous désirez en savoir plus, nous avions écrit un article à ce sujet sur le Venezuela, ici.

LATAM et L’Afrique en tête

Mr Giancatrina a ensuite pris la parole, et a rebondit sur le fait qu’il était intéressant de voir des cas de figure comme en Afrique ou LATAM, ou les cryptos sont en effet devenu plus qu’un avoir spéculatif.

« Dans ces pays la crypto est synonyme de sécurité financière, c’est important de voir des cryptos servir à autre chose que la spéculation »

Brett Johnson a quant a lui encensé les industries et entreprises qui commencent à utiliser la blockchain pour autre chose que la crypto. Pour lui cette technologie est trop peu utilisée dans d’autres domaines, alors que « ces possibilités sont infinies ». Il a aussi souligné l’effort des régulateurs pour essayer de comprendre ce milieu souvent flou juridiquement, avec des « Belles avancées dans le domaine ».

Enfin Samuel Rondot a parlé de CBDC. Pour rappel, une CBDC (Central Bank Decentralized Currency) est une monnaie numérique émise par une banque centrale, qui a la même valeur que la monnaie fiduciaire du pays et qui peut être utilisée pour effectuer des paiements. Les CBDC sont conçues pour tirer parti des avantages de la technologie blockchain, tout en conservant le contrôle et la régulation des autorités monétaires.

Pour lui les CBDC sont un grand test. Il explique que c’est une révolution pour les paiements internationaux, qui sont basés sur le système Swift depuis 1977. Pour lui la blockchain est la réponse à tous les problèmes de Swift.

PayPal et les Stablecoins

Le modérateur du panel rebondit sur cette mention de CBDC, et demande aux intervenants ce qu’il pense de la nouvelle stablecoin de PayPal le PYUSD.

Morrisson et Rondo se mettent d’accord sur un point :

« C’est un apport positif. Pour que les crypto-monnaies se généralisent, il faut que de grands acteurs comme PayPal investissent dans le secteur. »

Giancatrina appuiera même ces propos en ajoutant :

« C’est une bonne chose pour l’industrie et pour le public. Cela rend les crypto-monnaies plus intéressantes, plus facile à comprendre. »

Stuart Morrison était plus sceptique, en effet le fait que PayPal adopte une crypto est un pas en avant dans la crédibilité des cryptos actifs. Mais il souligne aussi l’ironie d’une telle manœuvre :

« Les crypto-monnaies ont été créées pour contrer les géants du monde de la technologie et du paiement, qui sont lents et bloquent vos transactions sans raison. Donc, des géants comme PayPal… »

Il soulignera son propos en demandant aux panels si certains d’entre eux ont déjà vu leur compte PayPal bloqué, sans raison apparente, question à laquelle tous ont répondu oui. Samuel Randot suit ce raisonnement et ajoute même :

« Soyons honnêtes, PayPal n’est pas encore « Cryptofriendly ». »

Pour lui, le vrai signe que la blockchain et les cryptos deviennent monnaie courante seraient de pouvoir faire des achats en ligne avec. Il trouve que le secteur est encore en retard, il mentionnera par exemple d’autres grands acteurs du paiement en ligne, comme Venmo ou WesternUnion qui « boudent » les cryptos.

Enrico Giancatrina rebondit sur ces propos, et propose que la blockchain n’a pas forcément besoin des cryptos pour réussir :

« Les banques, l’identité en ligne, la santé… Tous ces domaines pourraient bénéficier de la technologie blockchain. Même si c’est un peu utopique, la technologie est présente, mais le public n’est pas prêt ou il ne la comprend pas ».

Brett Johnson conclura cette question en affirmant que l’adoption et la compréhension de ces technologies à énormément évoluer en Afrique au cours de l’année. Pour lui c’est simplement parce que là-bas « c’est une nécessité » :

« En Europe nous avons des systèmes financiers solides, le citoyen lambda n’a pas besoin de la technologie blockchain. »

Il souligne ici le fait mentionné au début de cet article ; dans les pays où l’économie est trop fragile, les cryptomonnaies et la blockchain sont une alternative presque « vitale ».

Régulations et Harmonisation

Le modérateur enchaine ensuite en demandant aux invités s’ils pensent que les régulations sont le problème majeur de la crypto. Il met en relation dans ces propos les manques de régulation et les arnaques cryptos qui « font peur aux gens ».

Brett Johnson souligne que la question est fortement politisée, notamment en Europe où l’Union européenne tente de réglementer les crypto-monnaies, mais se heurte à de nombreuses difficultés :

« Cette complexité politique peut entraver la mise en place de règles cohérentes… »

Enrico Giancatrina insiste sur la nécessité d’une coopération internationale dans ce domaine. Il souligne l’importance de l’apprentissage mutuel entre les régulateurs et les acteurs de l’industrie des crypto-monnaies, car les gouvernements peuvent se sentir dépassés par ces technologies émergentes. La compréhension de ces innovations est cruciale pour une réglementation efficace.

Stuart Morrisson met en lumière un défi majeur des réglementations actuelles :

« Elles sont souvent élaborées en réaction à des erreurs commises par des entreprises ou des plateformes d’échange. En conséquence, ces régulations ont tendance à avoir un impact négatif sur l’ensemble de l’industrie. »

Enfin, Samuel Rondo rappelle que l’utilisation des crypto-monnaies varie considérablement selon les régions du monde. Les utilisateurs en Europe, en Afrique et en Amérique latine, ont des besoins et des contextes différents. Trouver un équilibre entre la protection des utilisateurs et la promotion de l’innovation reste un défi clé dans l’élaboration de régulations efficaces pour les crypto-monnaies à l’échelle mondiale.

L’impact de FTX ?

En rebondissant sur sa dernière question, le modérateur demande aux invités quel a été l’impact du scandale FTX. Le panel est d’accord, c’était une catastrophe, mais qui a servi de leçon.

Enrico Giancatrina souligne que cet incident met en évidence le caractère encore largement non réglementé de l’industrie, souvent qualifiée de “Far West”. Il estime qu’une régulation appropriée est essentielle pour éliminer les acteurs peu sérieux du marché, contribuant ainsi à stabiliser l’écosystème des crypto-monnaies.

Stuart Morrisson a exprimé une inquiétude majeure concernant l’impact négatif du scandale FTX sur l’ensemble de l’industrie. Il affirme que de telles affaires peuvent nuire à la réputation de l’industrie des crypto-monnaies et entraîner des conséquences néfastes pour les entreprises opérant dans ce secteur.

Samuel Rondo apporte une perspective différente en suggérant que, malheureusement, le scandale de FTX était nécessaire pour mettre en lumière les activités des plateformes d’échange décentralisées (DEX). Il estime que cet incident a suscité des questions et des préoccupations parmi les utilisateurs, incitant ainsi à une prise de conscience et à des actions pour améliorer la sécurité et la transparence dans l’industrie des crypto-monnaies. En fin de compte, le scandale FTX a eu un impact significatif en poussant l’industrie à reconsidérer ses pratiques et à prendre des mesures pour mieux protéger les investisseurs et les utilisateurs.

Universaliser les blockchains

La question de rendre la crypto-monnaie plus accessible et la blockchain plus conviviale est au cœur des préoccupations des experts de l’industrie. Enrico Giancatrina souligne l’importance de rendre l’industrie de la crypto-monnaie plus conviviale pour les utilisateurs. Il suggère des mesures telles que la possibilité pour les individus de récupérer leurs clés perdues, car il reconnaît que le monde de la crypto peut être complexe, voir déroutants, pour les débutants.

En simplifiant les processus et en offrant des solutions plus conviviales, l’industrie pourrait éliminer certaines des barrières qui dissuadent les nouveaux utilisateurs de s’engager dans l’univers de la crypto-monnaie.

Stuart Morrisson apporte une perspective essentielle en soulignant la nécessité de passer de la spéculation à une utilisation quotidienne de la crypto-monnaie. Pour que la crypto devienne plus accessible, elle doit évoluer au-delà d’une simple opportunité d’investissement et devenir une partie intégrée de la vie quotidienne des gens.

Cela pourrait inclure des cas d’utilisation plus concrets, tels que des paiements quotidiens, des transactions plus rapides et des services financiers basés sur la blockchain qui simplifient la vie des utilisateurs. En transformant la crypto en une expérience plus pratique et moins spéculative, elle pourrait devenir plus largement adoptée et accessible pour un public plus large.

Inclusion financière

Brett Johnson met en avant la facilité des crypto-monnaies, ce qui peut grandement contribuer à l’inclusion financière. Les transferts rapides et peu coûteux de crypto-monnaies permettent aux individus, en particulier dans les régions sous-bancarisées, d’accéder plus facilement aux services financiers.

Enrico Giancatrina évoque l’avantage stratégique que les pays qui adoptent déjà les crypto-monnaies pour l’inclusion financière peuvent avoir à l’avenir. Il suggère que ces pays seront mieux préparés à tirer parti de l’utilisation croissante des crypto-monnaies dans le monde entier, ce qui pourrait les placer en tête de la course à l’adoption de ces technologies.

Stuart Morrisson souligne la capacité des crypto-monnaies à créer une économie fractionnée, permettant ainsi à un plus grand nombre de personnes d’accéder aux marchés financiers. Cette démocratisation de l’accès aux investissements et aux opportunités financières peut contribuer à l’inclusion financière à une échelle mondiale.

Samuel Rondo ajoute que la blockchain peut servir de réponse pour “réinitialiser le système financier actuel”. Cette technologie offre une transparence et une sécurité accrues, ce qui peut renforcer la confiance dans les systèmes financiers et faciliter l’accès aux services financiers pour ceux qui en sont exclus. En fin de compte, les crypto-monnaies et la blockchain ont le potentiel de jouer un rôle essentiel dans la promotion de l’inclusion financière à travers le monde.

Le SBC Summit Barcelona 2023 a été le théâtre d’une discussion fascinante entre des experts de renom de l’industrie sur l’impact de la technologie blockchain dans le domaine des transactions transfrontalières en ligne. Sous la direction de Tejinder Kumar, Chief Commercial Officer, ce panel composé de Stuart Morrison, Enrico Giancatrina, Brett Johnson et Samuel Rondo a exploré les nombreuses possibilités offertes par la blockchain dans le secteur du commerce électronique.